Culture

Femmes fans de métal et fières de l’être

Le Heavy Montréal séduit des femmes de toutes les sortes.

En attendant Dropkick Murphys au Heavy Montréal 2014. Par Amélie Cléroux.

En attendant Dropkick Murphys au Heavy Montréal 2014. Photo par Amélie Cléroux.

9 août, midi : des femmes de blanc vêtues et l’esprit zen quittent le Lolë White Tour au quai Jacques-Cartier du vieux-port de Montréal. De l’autre côté des berges, au parc Jean-Drapeau, d’autres entrent plutôt sur le territoire de la musique forte aux rythmes effrénés, des t-shirts noirs aux logos de groupes et des bousculades par pur plaisir. Le festival extérieur le plus «heavy» de Montréal débute pour deux jours de spectacles de musique rock, parfois punk, mais surtout métal. Et des femmes, il y en a aussi. Parce qu’il n‘y a pas de moule pour être une femme, qu’on aime le yoga, les spectacles heavy métal, ou les deux!

Même si les hommes sont en majorité au Heavy Montréal, les filles ne laissent pas leur place pour autant. De jeunes femmes arborant vêtements noirs, yeux charbonneux et bottes à cape d’acier? Et si on sortait un peu des stéréotypes? Les spectatrices sont de tous les horizons, car il n’y a pas non plus de moule pour être amatrice de métal.

Des femmes au Heavy Montréal 2014. Photos par Amélie Cléroux.

Les femmes du Heavy Montréal 2014. Photos par Amélie Cléroux.

 

Gabrielle Hivon un peu après le spectacle de Pennywise le 9 août. Photo par Amélie Cléroux

Gabrielle Hivon se repose un peu après le spectacle de Pennywise. Photo par Amélie Cléroux.

Gabrille Hivon est une habituée des spectacles de musique. À 22 ans, c’est aussi sa 4e visite au festival Heavy Montréal. Ce qu’elle aime de ce rendez-vous estival c’est la diversité des groupes, l’ambiance festive et l’impression de former une grande famille. Cette année, ce sont les groupes punk comme Pennywise, The Offspring et Dropkick Murphys qui l’ont attirée. Son style musical chouchou c’est toutefois le métal. Ce qu’elle aime de ce genre? C’est bien entendu la musique, mais dans les spectacles, c’est aussi se défouler : «Il y en a qui prennent de la drogue pour décrocher, moi c’est aller dans les spectacles. Ça défoule, mais c’est un moyen de le faire qui n’est pas mal et qui ne dérange personne.»

La technologiste médicale dit qu’au travail, certains restent surpris d’apprendre son goût pour la musique heavy. Il faut dire qu’elle porte ses chandails de groupes à de rares occasions, comme dans les spectacles. «Venant d’une petite fille inoffensive, ça surprend. Pour beaucoup de gens, le métal veut dire violence. Pour moi, c’est une façon de s’exprimer. Avec une musique agressive, oui, mais qui est tellement plus que ça! », lance-t-elle. Elle souligne d’ailleurs que le métal a une foule de sous-genres méconnus. Il peut être plus mélodique, rock, festif ou agressif. «Certains vont tout de suite faire allusion à des stéréotypes comme : ce n’est pas Ozzy Osbourne qui mangeait des chauves-souris? En venant au Heavy Montréal, tu vois que n’importe qui peut être ici et avoir du plaisir comme tout le monde! »

D’ailleurs, il suffit de faire un tour d’horizon pour voir le large éventail de femmes. Jeunes, très maquillées et vêtues de noir, des femmes de tous âges et très peu habillées (dont la chaleur est-elle le réel argument?) ainsi que des filles comme Gabrielle Hivon, naturelles et portant simplement un t-shirt de groupe. Mais d’autres ont un style qui ne laisse présager aucun goût pour cette musique. Des femmes dans la cinquantaine avec de larges chapeaux ou des filles en camisoles colorées qui hochent la tête avec autant de plaisir que leur conjoint. Certaines emmènent même leurs enfants et en profitent pour avoir du plaisir en famille. Il faut dire que la journée de samedi a attiré une foule monstrueuse et extrêmement variée, surtout venue pour le groupe culte Metallica.

Brenda Durocher et sa fille Cynthia. Photo par Amélie  Cléroux.

Brenda Durocher et sa fille Cynthia Legris sont prêtes pour Metallica. Photo par Amélie Cléroux.

Brenda Durocher a emmené sa marmaille, ses deux grands enfants et son neveu. C’est leur premier passage au festival. Son conjoint n’est pas friand de cette musique et n’a pas suivi la famille. Comme quoi la musique n’est pas non plus une question de sexe. Accompagnée de sa fille de 20 ans, Cynthia Legris, elle a confié n’être ici que pour Metallica (ou presque). «J’en écoutais plus jeune et mon fils en a écouté tout petit à la maison en jouant sur sa guitare en plastique. Et aujourd’hui, nous venons assister tous ensemble au spectacle!», raconte, enjouée, la mère de famille de 48 ans. Sa fille, pour sa part, en profite pour assister à son deuxième concert à vie. À les voir, on ne pourrait jamais deviner que les deux femmes aiment ce genre musical, et elles s’en amusent. «Nous écoutons de la musique de toutes sortes, expliquent la mère et la fille. De la Pop, du dance, du rock et du plus heavy, comme du punk-rock et même un peu de métal.» À savoir si elles reviendront l’année prochaine, il faudra assurément un groupe qui soulève autant de passions chez elles que Metallica.

La chanteuse Simon Simons du groupe Epica. Crédit photo: Evenko par Tim Snow.

La chanteuse Simon Simons du groupe Epica. Crédit photo: Evenko par Tim Snow.

Et sur la scène?

La 6e édition d’Heavy Montréal célèbre encore une fois la musique marginalisée. Si certains groupes comme Metallica, Twisted Sister, The Offspring et Slayer sont très populaires et plutôt grand public, le festival accorde aussi la place à des groupes moins médiatisés, d’ici et d’ailleurs. Soulignons la présence de Beyond Creation, un groupe québécois connu de la scène métal locale et internationale. De style qu’on dit Death métal technique, le groupe demeure toutefois très underground, et musicalement, il ne s’adresse pas aux oreilles chastes. Nous préférons vous en avertir. Le public plus modeste a tout de même adoré ces trente minutes de musique intense.

Les filles sur scènes sont quant à elles beaucoup plus rares. Seulement quatre groupes sur cinquante ont présenté des chanteuses ou musiciennes cette année, comme la guitariste de Nashville Pussy et la bassiste de Fucked up qui étaient sur scène dimanche. La gracieuse Simone Simons du groupe de métal symphonique Epica a aussi chanté dimanche. Sa beauté digne d’une vedette hollywoodienne, sa voix magnifique et ses cheveux roux ont de quoi charmer les plus récalcitrants. Sinon, la formation semi-pop et semi-métal BabyMetal, composée de trois adolescentes japonaises qui chantent et dansent entourées de musiciens masqués ou maquillés, a donné une prestation samedi. Une curiosité en soi, tout droit sortie d’une agence de talent du Japon.

L’année dernière, la charismatique et magnifique Leïlindel, chanteuse du groupe de métal avant-garde québécois Unexpect, avait offert une présence féminine remarquable. Racée, mais chaleureuse, charmante, mais bien heavy. De quoi rendre n’importe quelle femme fière, qu’on aime la musique ou non. En espérant que les filles continueront de fouler les planches de cet univers qui n’est pas que masculin.

Unexpect au Heavy Montréal 2013. Crédit photo: Evenko par Eva Blue.

Unexpect au Heavy Montréal 2013. Crédit photo: Evenko par Eva Blue.

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