Mariana Mazza sur sa mère, sa carrière, son corps… et Denise Bombardier
Maman m’a dit
Mariana étonne et détonne, et cela va bien au-delà des jurons, des multiples tatouages et de son allure à la garçonne. Un exemple : son assurance. La scène, elle n’en fait qu’une bouchée. C’était déjà le cas il y a trois ans et demi au Centre Bell, alors qu’elle participait, inconnue parmi une enfilade de vedettes, à L’événement Avenir Lac-Mégantic. L’extrait qu’on peut voir sur YouTube est éloquent. « Cette confiance en moi est là depuis que je suis petite, à cause de ma mère, qui n’a jamais suivi les conventions et les lois, qui était capable d’aller acheter du lait en djellaba ou d’apporter sa boîte à lunch au cinéma. »
L’histoire de sa mère, qu’on a vue parmi le public de Tout le monde en parle, souriante et clairement fière de sa seule fille, Mariana l’a racontée à Nathalie Petrowski. Fuyant un mariage arrangé dans son Liban natal, elle a épousé un Brésilien – jusqu’à récemment, Mariana disait qu’il était uruguayen mais elle vient d’apprendre que ce n’est pas le cas –, le père de l’humoriste (que cette dernière n’a jamais connu). « C’est grâce à elle si je suis ce que je suis. Même si on me disait : “Tu parles trop, t’es un p’tit gars, t’es ci et ça”, j’ai été élevée par une mère qui me disait : “T’es belle”. Même quand j’avais pris du poids, “T’es belle”. Même quand j’avais plein de poils sur les jambes et les bras, elle ne voulait pas que je m’épile et me répétait : “T’es belle”. Ma mère, c’est une intense, et moi aussi. »
Mariana ne craint pas de dire qu’elle se trouve bonne et belle, assumant ses petites rondeurs, les célébrant même. À preuve, une photo d’elle postée sur sa page Facebook en août dernier, devenue virale. « Je jouais au tennis avec mon gérant. J’ai enlevé mon chandail – j’étais en brassière de sport – et il a pris la photo. Je me regarde et je suis vraiment belle, c’est beau mon ventre, il y a une confiance dans mon visage, c’est nice à voir. Beaucoup de filles ont mon corps, mes attributs, mon poil, et passent leur vie à essayer de les camoufler, et passent à côté de tout le bonheur qui vient avec, c’est incroyable. »
Moi, vulgaire ?
Beaucoup n’y croyaient pas : Mariana Mazza et Denise Bombardier – qui a fustigé ceux « qui sacrent comme des charretiers » – sont amies. « On a des points en commun, on aime les femmes fortes, les gens qui s’assument. Denise se reconnaît à travers moi, elle me dit que je suis elle quand elle avait mon âge. On a une relation très privée et tellement belle. Un jour, je l’ai appelée de Val-d’Or en pleurant, je faisais une crise d’angoisse. On a parlé une heure et demie, j’ai raccroché et j’étais vraiment mieux. »
Que Madame B. – et, plus récemment, Karine Vanasse – ait succombé au magnétisme de Mariana n’est pourtant pas si surprenant. Cette fille est diablement attachante. « J’aime plaire. Ça vient du père manquant, du déficit d’attention dont j’ai souffert jeune, alors je trouve tous les moyens pour plaire. Avant, je cherchais une façon d’avoir de l’attention. Mais ça, c’est facile. Je pourrais me lever, crier et me mettre toute nue. Plaire, c’est autre chose. »
Elle n’est pas au goût de tout le monde, elle sait la chose impossible et, honnêtement, ce n’est pas ça qui l’empêche de dormir. Sauf qu’elle n’est pas très heureuse des titres du genre : « Mariana Mazza, aussi brillante que vulgaire » (TVA Nouvelles).
« Je ne suis pas vulgaire, je suis directe. Je dis ce que j’ai à dire et ce n’est pas gratuit. Tu as vu mon show. Tout est réfléchi, calculé. Plus je suis intense, plus je fais attention à ce que je dis. Dans le numéro sur la masturbation, il y a une intelligence, une pertinence. Ce qui me rend fière, c’est de voir des femmes de l’âge de ma mère me regarder les bras croisés, rire, puis applaudir comme des malades. Les jeunes, je les ai dans ma poche depuis le début, je suis pour eux un modèle. »
As-tu l’impression de parler au nom d’une génération ?
« Malgré moi, oui, mais ce n’était pas le but. Depuis que je suis toute jeune, je veux changer le monde. Pas la planète au complet, mais mon monde à moi, 20 personnes, ou 50, ou 200 000, ou un million. J’aimerais que les générations futures se souviennent d’une fille qui est arrivée à un moment donné, qui a osé dire ces affaires-là et que, grâce à elle, il y a ça et ça. Avec mon histoire, mon passage sur Terre, je veux marquer l’imaginaire des gens. Pas parce que j’ai un problème d’ego et que j’ai envie qu’on parle de moi, mais parce que je veux inciter ceux qui s’en viennent à foncer. »
Sur la photo: Chemisier chez H&M, Veste DKNY aux Cours Mont-Royal, Bottillons L’intervalle, Boucles d’oreilles chez H&M