Culture

Patrick Huard, le caméléon

On ne l’avait pas vu dans un premier rôle depuis Starbuck, en 2011. Après Ego trip, sorti cet été, Patrick Huardl revient là où on ne l’attendait pas: en politicien dans Guibord s’en va-t-en guerre, en salle à compter du 2 octobre… à quelques jours des élections fédérales.

Patrick-Huard

Photo: Ronald Plante

Pourquoi Huard ? En mars 2014, le réalisateur Philippe Falardeau (mis en nomination aux Oscar pour Monsieur Lazhar) a un flash en regardant la Soirée des Jutra. Patrick Huard y livre alors un discours bien senti au sujet de Micheline Lanctôt, lauréate du prix Jutra-Hommage. « Ce soir-là, explique-t-il, j’ai découvert chez Patrick une maturité, une fragilité que je ne lui soupçonnais pas. J’ai vu en lui le personnage de mon film, un politicien chaleureux et honnête qui se retrouve malgré lui à détenir la balance du pouvoir au gouvernement canadien. »

Qui est Guibord ? Il est le député fédéral indépendant de Prescott-Harricana-Rapides-aux-Outardes (circonscription fictive « loin de toute »). Quand le premier ministre canadien (Paul Doucet, avec un accent à la Stephen Harper) demande un vote sur l’envoi de troupes à l’étranger, Steve Guibord s’aperçoit que sa voix permettra de trancher. Accompagné de sa femme (Suzanne Clément), de leur ado (Clémence Dufresne-Deslières) et de son nouveau stagiaire (Irdens Exantus), il décide de sonder ses électeurs avant de se prononcer. « Philippe a écrit une histoire d’une simplicité exemplaire qui est en même temps une leçon de démocratie, résume Patrick. Un politicien de métier qui n’est pas un démon cité à la commission Charbonneau, qui vit simplement et passe du temps sur le terrain. Je trouvais ça intéressant, parce que je pense que c’est la vie de la majorité des députés. »

Populiste, l’acteur ? Parce que Patrick a joué dans le plus grand succès de l’histoire du cinéma canadien (Bon cop, bad cop) – après l’avoir coscénarisé – et que son CV contient surtout des comédies, on le cantonne parfois au rôle de gars du peuple. « Je ne suis pas anti-intellectuel, mais je suis anti-élitiste par contre. Ça m’énerve quand on tente de me convaincre que le public de Xavier Dolan est différent de celui de La Voix. Il n’y a pas des publics, il y a le monde. Et quand tu touches les gens, que tu les intéresses, ils viennent voir ton film, ton spectacle. Je ne dis pas que ce qui n’est pas populaire ne devrait pas exister. On a aussi besoin de l’art expérimental. »

Et ses projets ? Patrick Huard fera bientôt la suite de Bon cop, bad cop. « Les personnages ont évolué, mais on garde le même ton. L’amitié entre David (Huard) et Martin (Colm Feore) va être ébranlée. » Et il écrit une série dramatique sur le monde du hockey. « J’espère aussi réaliser un autre film. Quand je joue pour d’autres, j’absorbe tout, comme une éponge. Philippe est un leader, j’aimerais arriver à atteindre cette sobriété et cette finesse de réalisation. Xavier Dolan [Patrick a un petit rôle dans Mommy] est d’une grande intensité. Il va au bout du bout de ses idées, ne s’autocensure pas. Je veux me battre comme lui, assumer mes choix comme il le fait. Un jour, j’aimerais avoir tout ça, plus la confiance de Clint Eastwood. »

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