Voyages et escapades

Quelques jours à Cape May

Une escapade d’intersaison loin des hordes de touristes!

Bientôt l’automne. Déjà. Les enfants seront en classe, les nuits fraîchiront. Ce sera le moment parfait pour voler quelques derniers jours à l’été. Et même pas besoin de prendre l’avion.

 

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La plage est en ville et la ville est tranquille. Quel bonheur !

Ann est un peu déçue. « Il fait trop beau. » Il faut dire qu’elle est venue pour les oiseaux migrateurs. Mais voilà, ils ne sont pas là. Ou, en tout cas, moins nombreux qu’à l’habitude. Ce qu’il faudrait, dit-elle, c’est un petit front froid avec vent du nord-ouest. Je compatis, mais pas longtemps. Nous sommes le 2 octobre, il fait 25 degrés et il n’y a pas un nuage à l’horizon. Cape May, à l’extrémité sud de l’État du New Jersey (huit heures de route de Montréal), est trop loin pour un week-end. Par contre, si on dispose de quatre ou cinq jours, c’est un petit paradis pour une escapade d’intersaison, fin septembre et octobre. Les hordes de touristes sont parties, les 5 000 résidants permanents respirent, la nature reprend ses droits. À nous les belles journée

 

 

 

 

 

 

 

 

Une journée de slow sport 

Après le petit-déjeuner (deux cafés ? trois ?), une promenade sur la plage où il n’y a personne pour déranger les oiseaux dont les mouvements auraient pu être chorégraphiés par Marie Chouinard. Pourrait suivre un bain de mer dans l’eau encore bien chaude. Ensuite, peut-être une heure de lecture sur la plage, les pieds dans le sable ?

 

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Eau chaude et plage déserte.

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Pour la fin de matinée, une paresseuse balade à vélo dans les rues tranquilles, où s’alignent des dizaines de maisons victoriennes impeccablement entretenues. On les a construites à la fin du 19e siècle, après qu’un gigantesque incendie eut détruit la majeure partie de la ville. Appuyer sa bécane contre un arbre le temps d’un cappuccino ou d’un lunch sur une terrasse. Puis aller fureter dans les boutiques de Washington Square Mall, la rue piétonnière. Ou alors prendre la voiture direction le phare, ou vers l’un ou l’autre des six vignobles échelonnés sur les 20 km de la route des vins de Cape May. En fin d’après-midi, retour au centre-ville pour – si on a été sage lors des séances de dégustation ! – se joindre aux résidants qui font leur marche de santé, leur jogging ou leur méditation sur le long trottoir bordant la plage et la rue Beach (logique !) sur plus de deux kilomètres. Avant d’aller s’attabler au bout de la pointe pour boire une coupe de rosé en regardant le soleil plonger dans l’Atlantique. En se répétant qu’on est bel et bien en octobre.

On peut passer des jours à ne se déplacer qu'à pied ou à vélo.

On peut passer des jours à ne se déplacer qu’à pied ou à vélo.

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Cape May compte le plus grand nombre de maisons victoriennes après San Francisco.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Classe verte relax

Se promener dans la nature est déjà bien agréable. En profiter pour apprendre un truc ou deux permet de l’apprécier davantage… Cape May, avec ses sentiers d’interprétation, ses réserves fauniques, ses parcs naturels et même un site d’observation des aigles, offre plein d’occasions de s’instruire. Jouer dehors tout en se musclant le neurone est une bonne raison de se lever encore plus tôt que si on allait au boulot, semble-t-il.

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Le bec-en-ciseaux noir passe beaucoup de temps les pieds dans l’eau.

Il n’est pas encore 7 h 30 et il est difficile de trouver une place dans le stationnement de la réserve South Cape May Meadows de Nature Conservancy, où une soixantaine de personnes s’affairent à ajuster appareils photo et bouteilles d’eau. « C’est votre première fois », affirme un gaillard en me détaillant de la casquette aux sandales. Comment il sait ça ? « Pas de jumelles. Allez en demander à Frank. »

J’ai de la chance : ma matinée d’ornithologie 101, je vais la vivre dans un des lieux d’observation les plus réputés de tout le continent. Et avec un des plus grands spécialistes de tout ce qui vole en Amérique du Nord : Pete Dunne est capable d’identifier, d’un coup d’œil et sans jumelles, le pinson qu’on aperçoit au loin, de dire en quelle année l’espèce est arrivée dans la région et d’expliquer tel détail de son comportement. Auteur de plusieurs guides spécialisés, infatigable défenseur de l’environnement, il est une véritable star chez les amoureux des oiseaux.

Pendant près de 90 minutes, cette encyclopédie ambulante se promènera dans les dunes, sa nichée d’amateurs attentifs sur les talons. « L’ornitho, c’est une maladie chronique qu’on attrape souvent dès l’enfance », dit Ann. Elle, c’est de son grand-père qu’elle l’a chopée. À force de le voir fabriquer des nichoirs et de l’entendre imiter les chants des migrateurs, elle a développé une curiosité sans fond pour ces grands voyageurs. Deux fois par an, au printemps et à l’automne, elle quitte sa Pennsylvanie pour venir user ses jumelles et son appareil photo à Cape May. Sa vieille amie Ruth a fait mieux : à sa retraite, l’an dernier, elle a vendu sa maison du Connecticut pour venir bâtir son nid à Cape May, juste pour les oiseaux. Encore étourdie d’une tonne d’infos sur les pinsons, les pluviers, les canards et les aigles, j’ai rendez-vous avec une bestiole plus simple à circonscrire : le papillon monarque.

 

 

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Le phare offre un point de vue sur tout le cap.

Promenade à Cape May Meadows.

Promenade à Cape May Meadows.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Leçon de nature

Combien faut-il de monarques pour parcourir les 3 000 km qui séparent votre jardin québécois de la forêt du Mexique où tous les congénères du continent tiennent leurs quartiers d’hiver ? Un seul. Pas mal pour un volatile moins lourd qu’un trombone à papier.

On le sait grâce à l’idée qu’a eue, en 1991, un zoologiste torontois : attraper des monarques dans le nord au début de leur migration, leur coller sous l’aile une étiquette portant la date et le lieu où chacun a été capturé, puis suivre leur parcours grâce à des centaines de bénévoles qui, partout sur la route de migration, les attrapent le temps de lire l’étiquette puis consignent l’info. Un papillon marqué ici a été retrouvé en Géorgie trois jours plus tard. On a pu ainsi établir qu’un monarque pouvait faire 225 kilomètres par jour !

Le Monarch Monitoring Project de la société Audubon du New Jersey participe à cette recherche depuis plus de 20 ans. Et offre au public d’en faire autant. En une heure, sous la tente, on peut ainsi apprendre à tenir un papillon entre ses doigts sans le blesser, à lui coller son étiquette et à le relâcher en espérant que quelqu’un, quelque part en Floride, au Texas ou au Mexique, prendra le temps de signaler sa position.

On peut vivre cette expérience tous les jours, en septembre et octobre, grâce à la poignée de passionnés qui travaillent à en connaître davantage sur la danaïde, comme on l’appelle aussi. Ainsi, pour voir la fluctuation des populations, des bénévoles font, trois fois par jour, le même tronçon de route en voiture et comptent les individus croisés sur la route ! Passer une heure avec eux m’a également permis d’apprendre comment faire de mon jardin montréalais un paradis pour les papillons et donner ainsi un coup de pouce à ces champions du vol longue distance.

 

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The Lobster House

Quelques coups de cœur

Dormir : Des dizaines d’auberges, de gîtes, de B & B, nichés dans des maisons victoriennes plus belles les unes que les autres.

Lunch : The Mad Batter Restaurant and Bar, 19 Jackson Street. Pour la terrasse aérée et agréable, les assiettes végétariennes, les bons poissons…

Dîner : The Blue Rose Inn and Restaurant, 653 Washington Street. Une ravissante victorienne construite en 1883 et bellement restaurée. Les chambres y semblaient fort agréables mais pas données (plus de 200 $ US la nuitée). Pour se consoler, la salle à manger, où on mange très bien dans une atmosphère intime.

The Lobster House, 906 Schellengers Landing Road. Une énorme chose plantée sur le port de Cape May, dans le quartier historique.  Comprend un marché, un bar, cinq salles à manger. C’est grand, toujours bondé, bruyant, mais on y mange étonnamment bien. 

 

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