Chacun son cinoche

Le fric, c’est chic

Tout le monde est un expert patenté en finances personnelles. Mais, comme la crise financière nous l’a démontrée, même les experts peuvent faire faillite. Parlons fric.

Comme beaucoup de gens, j’ai dévoré la série de Patrick Lagacé sur l’argent depuis une semaine dans La Presse. Tout le monde est un expert patenté en finances personnelles. Mais, comme la crise financière nous l’a démontré, même les experts peuvent faire faillite.

Le texte sur les niveaux de vie entre les femmes qui gagnent plus et leur conjoint « cassé » m’a touchée. J’ai déjà été dans cette situation, comme plein de femmes. Le coeur a ses raisons et puis, parfois, le porte-feuille ne suit pas. Gagner plus que son conjoint (1 femme sur 4) est un handicap sévère dans un couple, même en 2012.

J’ai aimé des mecs en faillite, sur le BS, un qui était PR des vignobles Mondavi en Californie et buvait son Cabernet Sauvignon dans des pots de beurre d’arachides vides. Très trendy. Et ce n’était nullement important pour lui. Ce qui comptait, c’était son kayak, son chien, son pick-up. That kind of guy.

Le fric, la pression sociale, je connais et m’en suis affranchie (du moins, partiellement; nous ne sommes jamais totalement affranchis du fric). Je suis entourée d’artistes qui ne font pas nécessairement beaucoup d’argent mais dont la créativité n’a de cesse de m’impressionner. Ils réussissent à avoir l’air riche et à jongler avec les imprévus avec vingt mille dollars par année. Et parfois moins…

Tiens, voici la dernière création de mon amie A., une écrivaine de 58 ans qui vit avec sa soeur écrivaine (à deux, elles ne font pas un « vrai » salaire et vivent sous le seuil de la pauvreté) et qui font toutes les deux leur possible pour fusionner « liberté », « indépendance » et « élégance ». A. est aussi miniaturiste, habille ses poupées de la tête aux pieds avec ses propres créations. Cette dernière tenue est faite à partir de chambres à air recyclées. Même les bas résille sont fabriqués avec de la toile moustiquaire. Un passe-temps qui ne coûte que du temps dont elle dispose amplement.

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Nora, la danseuse

En douze ans, je n’ai jamais entendu A. se plaindre du manque d’argent même si elle a dû baisser le chauffage souvent, confectionner son yogourt et boulanger son pain, coudre ses vêtements, prendre l’autobus pour aller acheter ses cigarettes en « banlieue lointaine », s’abonner à Freecycle et toutes les combines incroyables qui ne relèvent même pas de la simplicité volontaire, mais plutôt de la liberté sans frontières. Il est vrai qu’il est plus facile d’être pauvre dans une société de surabondance qu’au Yémen.

Le fric, c’est chic. Surtout quand on peut s’en passer. Et pour s’en passer, il ne faut pas nécessairement être au-dessus de ses affaires. Il faut plutôt être au-dessus de tout. C’est une posture mentale yogique (rester sur sa faim) dans un monde complètement obèse.

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