Blogue La course et la vie

Conciliation sport-famille : les déesses

Pour les femmes qui en mènent large sans être des « super héroïnes », la course est comme un masque à oxygène.

L'auteure, Geneviève Lefebvre

L’auteure, Geneviève Lefebvre

Elles ont douze bras, huit jambes et pourtant, les traiter de « wonder women » serait manquer de respect à leur humanité. Elles sont comme vous et moi, à jongler avec la même somme de contraintes, d’obligations diverses, de responsabilités qu’elles ont choisies et qu’elles assument au mieux de leurs capacités…

Dans les avions, on dit aux parents qui voyagent avec de jeunes enfants, qu’en cas de dépressurisation, il faut d’abord mettre le masque à oxygène sur soi et ensuite s’occuper de le mettre à nos enfants…

Parce qu’un parent sans connaissance, ce n’est d’aucune utilité pour un enfant en détresse.

C’est d’une évidence crasse, et pourtant, combien de fois est-ce qu’on persiste à l’ignorer parce que prendre du temps pour se requinquer, c’est être « égoïste »? Trop souvent…

Pour les femmes qui en mènent large sans être des « super héroïnes », la course est souvent ce masque à oxygène.

À utiliser aussi souvent que nécessaire.

 ***

 

Marie-Eve Hudon
Mariée, 2 jeunes enfants, mais un conjoint parti à l’extérieur 60% du temps.

J’ai commencé la course par désir personnel de perdre du poids (ce qui n’a pas vraiment fonctionné), de me remettre en forme (ça oui) et de mieux gérer mes émotions (un gros oui affirmatif). Au début, je grugeais des heures ici et là, quand mon conjoint était disponible. Puis j’ai intégré la course à ma routine quotidienne. L’été, je pars tôt le matin. Le reste du temps, je sors sur l’heure du dîner. L’évolution de mon état et de mes performances a influencé ma vie de famille. Ma fille danse comme une reine et veut maintenant courir aux côtés de sa maman. Mon fils karatéka et amateur de sports d’équipe est toujours partant pour enfourcher le vélo et partir à mes côtés. Mon mari s’est inscrit à son premier 5 km qu’il courra en mai 2014. L’intégration de la course dans ma vie : je l’ai fait d’abord pour moi et ça a eu un effet boule de neige insoupçonné sur mon entourage.

Carolline Mimeault
Je cours parce que je dois dépenser mon énergie. Conserver ma santé mentale.

J’ai un conjoint, et quatre enfants, dont trois coureurs. Petits, la moitié m’accompagnait dans le joggeur double, l’autre en vélo quelques mètres devant. Presque 100 lbs à pousser pour une fille de 100 lbs. Mais ça me permettait d’y aller. Aujourd’hui, je travaille à partir de la maison. Mes courses sont « bookées » dans mon agenda. J’articule autour. Je cours parfois seule, parfois avec des amies, parfois avec « mes chevaux » que je motive avec un grand plaisir. J’ai été contaminée il y a longtemps. Et je souhaite être contagieuse pour plusieurs. Première course officielle avec Conjoint en mai prochain. Mais surtout, avec une grande amie que je vois trop rarement.

Isabelle Marazzani

Juste une chose à dire sur ça, peu importe l’avantage numérique d’ailleurs : la seule façon de vivre heureux dans cette course folle métro-garderie-boulot-devoirs-dodo est d’apprendre à renoncer. Y en a pour qui c’est le souper 3 services, d’autres, le plancher propre et les meubles époussetés, le linge repassé ou toutes ces réponses à la fois. Le jour où on comprend, mais plus encore celui où on accepte que la perfection n’est pas de ce monde, on vient de s’enlever un poids monumental sur les épaules. Il faut franchement se demander si un jour sur son lit de mort on voudra que nos enfants nous disent : « maman, maudit que tu savais bien passer l’aspirateur! » ou bien, « maman, qu’est-ce qu’on a rit ensemble! »

Et tout ça en courant!

Monique Lo

J’ai toujours fait ce que j’ai voulu faire, en élevant les deux gars 7 jours / 14.  Des fois, ils étaient avec moi, des fois, ils regardaient passer la parade, des fois, ils se faisaient garder. Être saine d’esprit en continuant à prendre soin de moi a été la seule façon d’élever des enfants. Aujourd’hui ils font une bonne vie, sont fiers d’eux, pis de moi.

Caroline St-Hilaire

J’ai tout donné à la politique, à mes enfants, à mon chum, à toute ma famille… J’ai failli frapper un mur. Maintenant, je cherche le mur de la course! La course a probablement sauvé ma vie. Alors maintenant, mes enfants et mon chum même s’ils pensent que je suis entrée dans une religion, ils sont contents quand je pars courir… Ils ont la paix! Et ils savent que ça me fait du bien!

Caroline Julien

Concilier les affaires, la famille et l’entraînement physique est pour moi une question d’équilibre. Même si j’ai parfois l’impression de tenir sur un fil de fer… quand la liste des tâches s’allonge. Alors j’organise ma vie pour pouvoir y arriver, comme travailler de la maison 1 fois par semaine, afin de réduire le temps passé en déplacements et me libérer du temps pour la course. Ça a commencé tout doucement avec le désir de prendre soin de ma santé et réussir à courir un 5k, puis un 10k, puis un premier triathlon. Et maintenant, c’est un demi-marathon que je vise et un 5K plus rapide. Se fixer des objectifs de distance ou de vitesse et se doter d’un programme aident à garder le cap, mais je ne m’impose pas de délais fixes pour atteindre ces objectifs. Autrement dit, je ne planifie pas mes courses chronométrées trop à l’avance. Alors si la vie familiale ou professionnelle m’oblige à sauter un entraînement, ou même à ralentir, pas de stress, ni de culpabilité. A l’inverse, je ne culpabilise pas quand je pars courir, rouler ou nager, en pensant à ma longue liste de tâches à cocher. Je sais que je serai plus efficace à mon retour, que le temps que je gruge à l’agenda, je le retrouve autrement. Ce soir, j’ai demandé à mes enfants s’ils pensent que je devrais arrêter de courir. La réponse : non, tu dois pas arrêter de courir, pourquoi tu voudrais arrêter de courir, maman?

Heu, je ne veux pas arrêter, je veux juste savoir !

Je pense que nos enfants aiment nous voir réussir, ce qui les incite à se dépasser à leur tour. Ils ont commencé à courir eux aussi, mon conjoint aussi tout récemment. J’adore les courses en tête à tête avec eux. Ce sont des moments privilégiés, au cours duquel nous avons le temps de se raconter tout plein de trucs. Au fond, la course est un des sports les plus facilement conciliables avec la vie familiale et professionnelle, parce qu’elle peut se pratiquer n’importe où, n’importe quand. Le triathlon, par contre, un peu plus compliqué, mais combien enrichissant!

Geneviève Lussier

Après avoir dépensé plusieurs centaines de dollars en inscriptions à des cours de zumba, boot camp, spinning, tant le soir que sur les heures de dîner, j’ai eu à me rendre à l’évidence: avec mes horaires irréguliers au boulot et ceux imprévisibles de mon conjoint, combinés au hockey-soccer-baseball de Loulou et au cours de danse de Rosette, je ne rentabilisais pas mon investissement et je n’améliorais pas ma condition physique.

L’idée de courir me trottait dans la tête depuis longtemps. Une lubie quand on sait que j’ai toujours détesté courir et que je prétextais des maux inexpliqués lors des cours d’éducation physique où il y avait de la course au programme! Chausser ses runnings et aller courir et ce qui convenait pourtant le mieux à mon horaire. Je cours tôt le matin la semaine, avant le lever des enfants et du chum. Je cours le week-end quand les enfants sont chez les amis ou que papa peut veiller au grain. Je m’oblige à trouver quelques moments chaque semaine pour moi, pour bouger, il y a aussi ma gentille voisine qui me permet régulièrement d’aller repousser mes limites en prenant mes enfants. Courir parce que maman répète aux enfants (surtout à ma belle artiste, non pas à mon petit athlète) qu’il faut bouger pour le corps et l’esprit. Regarder la tonne de lavage qui s’accumule, la vaisselle à faire, les papiers à classer, la poussière qui s’accumule et se dire que ça attendra… mais pas mon esprit sain dans mon corps sain. Je cours moins longtemps que je devrais, ma progression est moins rapide que je voudrais mais je suis le pilier familial, celle qui fait les concessions, le taxi, les repas, les devoirs, qui se lève la nuit pour les cauchemars, les angoisses, les peines ou les bobos alors je me félicite à chaque retour de course d’avoir pris ce temps, même trop court, pour moi.

Juste pour moi.

***

Voilà. Quand on est un pilier, il faut s’assurer qu’il soit solide et qu’il le reste. Il en va du bien de tous…

Bonne course !

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