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Après Mange, prie, aime, Elizabeth Gilbert cherche le secret de la créativité

Naît-on créatif ou le devient-on? On a posé la question à l’écrivaine Elizabeth Gilbert, qui vient de signer un livre (Comme par magie: vivre sa créativité sans la craindre) sur le sujet.

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Photo: Timothy Greenfield Sanders

Dans son mégasuccès de librairie Mange, prie, aime, Elizabeth Gilbert traquait le sens de la vie à travers les plats de pâtes, les séances de méditation et les yeux de son beau Brésilien. Son plus récent livre, Comme par magie : vivre sa créativité sans la craindre (Calmann-Lévy), embrasse également large, en mettant l’accent sur la créativité avec un C majuscule. Car oui, selon Elizabeth Gilbert, on ne naît pas forcément créatif; on le devient, à force de travail et de pratique. Entrevue avec l’auteure.

Vous avez donné une conférence TED en 2009 sur les attentes irréalistes qu’on a envers les artistes et les génies, ainsi que les façons de faire émerger notre propre créativité. Est-ce de là qu’est venue l’idée de ce nouveau livre ?
J’ai réfléchi à ce sujet toute ma vie. Comment s’engager dans un processus créatif de la façon la plus productive et la moins angoissante possible ? Je propose une solution de rechange au stéréotype de l’artiste tourmenté, que je dénonce.

À LIRE: L’empreinte de toute chose d’Elizabeth Gilbert

Les gens ne soupçonnent pas à quel point vous avez pu souffrir d’anxiété dans votre enfance. C’est plutôt étonnant, de la part d’une auteure à succès.
Vous voulez dire de passer de jeune fille timorée à adulte prolifique ? [rires] L’intrépidité n’est pas quelque chose que je vois comme une vertu. Les gens sans peur sont des gens dangereux à fréquenter, parce qu’ils manquent de chaleur humaine essentielle et de prudence. Il faut plutôt essayer de créer un espace à l’intérieur de soi pour arriver à cohabiter avec sa peur.

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Photo: Les Éditions Calmann-Lévy

Le genre de vie créative que vous décrivez exige un certain courage.
Beaucoup de gens essaient d’organiser leur vie de façon à ne pas avoir à composer avec la peur au quotidien. Si vous occupez un emploi conventionnel de neuf à cinq, vous savez pas mal toujours à quoi vous attendre. Mais quand vous travaillez dans le domaine de la création artistique, chaque fois que vous accomplissez quelque chose, c’est un peu une première. La raison pour laquelle les créateurs semblent souvent aussi hypersensibles – énervants, parfois –, c’est qu’ils passent à mener un combat contre leurs peurs.

Comment définiriez-vous « la grande magie » évoquée dans le titre de votre livre ?
Comme un effet secondaire enivrant et complètement imprévisible qui se produit quand on s’engage dans la créativité. Peu importe le type de projet que vous envisagez – toute entreprise que vous n’êtes pas certain de réussir et qui vous cause de l’angoisse –, vous vous sentez un peu comme si vous alliez vous autodétruire si vous n’essayez pas. Il se peut que le résultat ne soit pas celui que vous recherchiez. Mais, comme être humain, vous ferez les rencontres les plus intéressantes – drôles, étranges, éclairantes – qui soient. Ce sont ces moments qui constituent la grande magie.

Y a-t-il des choses que vous vous dites pour surmonter la peur en vous ?
Avant de me lancer dans un projet, j’ai une conversation avec la Peur. Je lui dis : « Ta sœur siamoise Créativité et moi sommes sur le point d’entreprendre une aventure. Tu seras de la partie – puisque tu l’es toujours. Mais les règles doivent être claires : la Créativité et moi prenons seules les décisions quant à la destination. Tu ne prends pas le volant, tu ne tiens pas la carte, tu ne fais que nous accompagner. »

Ainsi vous formez une espèce de famille dysfonctionnelle qui arrive à fonctionner ? Exactement.

Une version de cet article est d’abord parue sur Chatelaine. 

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