Livre du mois

Livre du mois: Vi de Kim Thúy

Inspirée de son histoire familiale, cette nouvelle incursion dans l’univers de Kim Thúy est d’une rare finesse. 

couv vi_finale_3.inddL’histoire

À Saigon, la vie harmonieuse d’une grande famille vietnamienne est brisée par la guerre. La mère et ses enfants s’enfuient, mais le père ne les accompagne pas dans cette « course vers l’inconnu ». Après les mille embûches de la traversée, c’est l’arrivée au Québec, à Limoilou. Leur nouvelle existence est narrée par la cadette, tiraillée entre sa fidélité aux traditions et ses propres aspirations, sa découverte de l’amour et de la liberté.

Les personnages

La narratrice Bao Vi. Grande et audacieuse, elle ne cadre pas avec son prénom, qui signifie « Précieuse minuscule ». Sa mère, très amoureuse de son mari volage. Ses trois frères aînés. Tân, le « fiancé » vietnamien qu’elle quitte. Vincent, écologiste et ornithologue, son énigmatique amoureux canadien. Hà, « femme moderne à l’américaine », résistante et mentore de Vi.

On aime

Le raffinement de l’écriture. Les touches délicates évoquant le passage du bonheur à l’exil, du deuil d’un pays à l’adaptation à une nouvelle culture. La douleur transposée en images de beauté. L’envol d’une jeune fille, la coupure avec les siens pour se définir et mieux revenir. L’amour, magique. La nature, somptueuse. Et, en toile de fond, toujours le Vietnam, avant la guerre et après.

Photo: Jean-François Brière

L’auteure

Kim Thúy est née à Saigon en 1968. Elle quitte le Vietnam comme boat people avec ses parents à l’âge de 10 ans. La famille s’établit à Granby, ville qui occupe une place privilégiée dans le cœur de Kim. Elle est tour à tour traductrice, avocate et propriétaire d’un restaurant. En 2009, elle publie Ru. Best-seller au Québec et en France, traduit dans une vingtaine de pays, il récolte une pluie de prix (dont celui du Gouverneur général). Le reste appartient à la légende dorée de Kim qui, aujourd’hui encore, n’en revient pas de sa chance. « Une chance inouïe », insiste-t-elle. Avec son mari et leurs deux fils, elle habite la Rive-Sud.

Libre Expression, 140 pages

POUR LIRE UN EXTRAIT DU ROMAN VI

Les critiques du Club de lecture Châtelaine

Raphaelle-LambertRaphaëlle Lambert

J’ai aimé : L’histoire racontée de l’intérieur, comme chuchotée, de ces Vietnamiens forcés à l’exil, les boat people, le choc de l’adaptation à une culture inconnue tout en voulant préserver les traditions. La plume de l’auteure, semblable au pinceau du calligraphe, qui sait raconter, d’un trait léger et élégant, la douleur du pays qui bascule et qu’il faut quitter, l’horreur de la traversée vers un monde inconnu. La douceur et la finesse de l’écriture; tout est délicat, subtil, même les passages où sont évoquées des choses très dures.

J’ai moins aimé: La fin; j’en aurais pris davantage!

Autres commentaires : Vi est un très beau récit sur l’adaptation : changer de pays, perdre ses racines, se construire comme personne, tenter de survivre aux attentes des autres, voguer entre l’enfance et l’âge adulte, entre le souvenir de la patrie et la nouvelle vie à l’américaine, le retour sur le sol natal… Une histoire touchante, belle et gracieuse.

Ma note sur 10 : 9

ChristianAzzam-1Christian Azzam

J’ai aimé : Peu importe que le Kim Thúy nouveau soit une variation sur le thème de son si touchant premier livre, la lire est un bonheur rare. Il faut dire qu’avec ce style si poétique qui est le sien, elle pourrait décrire les éléments chimiques composant le tableau périodique que l’on en serait tout autant captivé. Les thèmes abordés au fil de ces courts chapitres comme autant de tableaux d’une fresque familiale ont su me toucher, même si j’ai eu une nette préférence pour la première partie du récit. L’émotion ressentie est plus vive lorsque l’auteure nous transporte au Vietnam, nous fait vivre l’exil en bateau et les camps de réfugiés en Malaisie. Le déchirement identitaire entre les générations est aussi d’intérêt, tout comme le récit du retour à la terre natale, vécu comme une étrangère par la jeune Vi devenue avocate. Encore une fois, on navigue entre le roman et le récit autobiographique.

J’ai moins aimé : Je dois dire que je suis resté sur ma faim, et cela a sans doute à voir avec le style de cette écrivaine que j’aime tant. Je l’aurais bien suivie sur 900 pages pour découvrir tous les traits de chacun des personnages peuplant l’histoire de Vi, mais je peux continuer de rêver, puisque Kim Thúy nous a habitués à des romans aussi courts que les titres qui les chapeautent. Tout passe en effet trop vite et le temps de prendre trois respirations, c’est déjà le moment de refermer le livre. Il faut donc lire lentement, très lentement, et ainsi apprécier encore davantage la pureté de l’écriture de cette formidable auteure.

Ma note sur 10 : 8

Anja_DjogoAnja Djogo

J’ai aimé : Le style simple et efficace de Kim Thúy donne l’impression d’écouter une vieille amie raconter sa vie. Une existence à la fois héroïque et normale, remplie d’exotisme, de traditions, d’abandons et de résilience. Bref, un magnifique voyage entre le Québec et le Vietnam qui se termine malheureusement trop vite!

J’ai moins aimé : J’ai eu envie de crier à Vi de ralentir sa cadence une bonne dizaine de fois! J’aurais aimé en savoir plus sur sa mère, son père, son amoureux, quitte à ajouter 300 pages à ce trop court roman. Et tu parles d’une fin frustrante!

Autres commentaires : Il y a tellement de belles images dans ce livre que je me suis surprise plusieurs fois à espérer que quelqu’un en fasse une adaptation à l’écran!

Ma note sur 10 : 8

NathalieThibaultNathalie Thibault

J’ai aimé : Un ouvrage où se mêlent dépaysement et terrain connu, et qui se dévore en un après-midi. Lentement, doucement et tendrement, l’auteure nous décrit des épisodes de vie en toute sincérité et en toute simplicité. Dans ce roman océanique, qui se déroule au gré des vagues, Kim Thúy nous livre ses émotions en toute humilité. Au fil des pages, on découvre ce personnage de Vi, de qui l’on devient l’amie, qui se fait de plus en plus bavarde et intime. Sa relation avec la mère est troublante, choquante, jusqu’à ce qu’on en comprenne toute la profondeur et la générosité. Les relations amoureuses sont passionnées, mais l’atterrissage se fait toujours en douceur. Les perceptions, l’adaptation, la confrontation, l’acceptation marquent cette cohabitation de deux cultures mais, par-dessus tout, c’est la sensibilité des êtres et la notion d’attachement que l’on retient; attachement aux gens, aux familles, aux voisins, aux amoureux, aux traditions anciennes, mais aussi nouvelles. Le plus marquant est la résilience de Vi et sa généreuse fureur de vivre.

Je n’ai pas aimé : Dans ce roman largement autobiographique, l’auteure évite le piège du pathos, qui serait pourtant légitime. Reste que je n’aime pas ce genre de récit. Je m’y sens trop voyeuse. Je ressens toujours un malaise, comme une impudeur, en découvrant une auteure qui a eu une vraie vie, comme nous.

Ma note sur 10 : 8,5

francegiguereFrance Giguère

J’ai aimé : Le style frais et lumineux de l’auteure, qui nous donne l’impression de l’entendre raconter, les chapitres courts qui se succèdent rapidement et se lisent comme on savoure un bon caramel. J’ai beaucoup aimé la façon dont Kim Thúy nous conduit dans le périple de la vie de cette jeune femme – qui pourrait très bien être elle –, en nous dévoilant son histoire par petites touches, doucement, avec finesse et réserve, à la manière vietnamienne, je dirais. J’ai aussi apprécié le rappel en bas de page des endroits marquants de chaque chapitre, nous invitant à voyager. Bref, une belle œuvre, qui m’a fait sourire avec ses descriptions si justes de la réalité de l’immigrant pris entre la culture de sa terre d’accueil et sa culture traditionnelle familiale.

J’ai moins aimé : Je n’ai rien à redire.

Autres commentaires : Ce n’est pas un livre qui chavirera nos vies, mais Kim Thúy est une voix qu’on aime entendre et lire.

Ma note sur 10 : 8,5

isabellegoupilsormanyIsabelle Goupil-Sormany

J’ai aimé : Quel beau roman, doux-amer et attachant! Vi offre au lecteur une compréhension nuancée d’une partie de l’histoire des boat people et de la culture vietnamienne. L’horreur de la guerre est nommée, sans être décriée. La résilience, cette arme incroyable qui permet de résister aux pires revers de l’histoire humaine, nous accompagne tout au long de ce trop court récit, tout en pudeur et en non-dits. Chaque petit chapitre parle d’immenses difficultés, mais aussi de bonté et de chance. Au-delà de l’histoire des boat people, toujours revisitée par l’auteure, Vi est un parcours amoureux complexe et nuancé.

J’ai moins aimé : Le récit n’est pas assez long. Ce roman est, comme son auteure, trop modeste. Les personnages secondaires, plus grands que nature, nous manquent au gré des pages qui se concentrent sur la résilience de la narratrice, sa grande naïveté, mais surtout son désir d’être heureuse, en couple, au sein de ses relations, dans la vie. La quête du bonheur est assurément universelle, peu importe la culture et les lieux.

Autres commentaires : Sorte d’exorcisme face à une vie complexe, l’écriture de Kim Thúy doit s’apprécier d’un roman à l’autre. Elle nous offre un casse-tête à assembler progressivement, lentement, mais sûrement.

Ma note sur 10 : 9,5

SoniagrattonSonia Gratton

J’ai aimé : J’avoue que je n’avais jamais lu les œuvres de Kim Thúy, mon impression – basée sur les titres! – étant que j’allais y trouver des espèces de haïkus stylisés qui me tomberaient sur les nerfs. Je me privais pour rien, car j’ai découvert non seulement des histoires et des personnages intéressants, mais aussi une écriture très élégante, raffinée, qui dégage autant de sincérité que de parfums exotiques.

J’ai moins aimé : Encore une fois, même si je comprends l’idée et qu’il est intéressant de continuer la série de cette façon, le titre m’aurait probablement servi de repoussoir en librairie!

Ma note sur 10 : 8

mariellegamacheMarielle Gamache

J’ai aimé : De prime abord, j’ai été happée par la structure conviviale du récit. Le cheminement de Vi, truffé de péripéties qui ouvrent grande la porte à la découverte des us et coutumes du peuple vietnamien, m’a totalement conquise. Il y a dans ce roman un indéniable attachement à la famille. Tantôt évoqués à travers la cuisine d’une mère ou d’une grand-mère, tantôt grâce à un bijou ancestral ou une photo, les souvenirs sont bercés par une écriture touchante, toujours juste et poétique. C’est éloquent et attendrissant.

J’ai moins aimé : La fin, beaucoup trop rapide. J’en aurais pris une double portion.

Autres commentaires : Je connaissais Kim Thúy à cause des nombreuses apparitions qu’elle a faites à la télé. Sa personnalité rayonnante me charme à tout coup. Elle signe ici une œuvre imagée, sensible, teintée de réalisme que j’ai savourée avec délice. À relire.

Ma note sur 10 : 9,5

SandrineDesbiensSandrine Desbiens

J’ai aimé : N’ayant jamais lu d’œuvre de cette auteure, je ne m’attendais à rien. J’ai découvert une histoire magnifique et merveilleusement bien écrite, rédigée comme une biographie, mais relatée sous forme de nouvelles. L’auteure sait nous transporter dans la vie de la famille et des amis de Vi, qu’il s’agisse de leur fuite comme boat people ou de l’histoire d’amour de son grand-père. Chaque petite anecdote nous dévoile une parcelle de la vie de l’auteure et de ce qui lui a permis de devenir la femme qu’elle est. Le personnage principal n’est pas mis au premier plan comme c’est le cas chez d’autres écrivains, ce qui permet au lecteur de se l’imaginer et de le chérir encore davantage dans son rôle « d’effacée ». Kim Thúy démontre une profondeur hors du commun et une grande sensibilité à ce qui l’entoure. Son histoire se tient parfaitement, il n’y a aucune redondance. C’est un livre qui se dévore, mais ses 138 pages m’ont laissée sur ma faim. J’en aurais voulu plus.

J’ai moins aimé : Rien, j’ai tout adoré de ce livre.

Ma note sur 10 : 10

Livre du mois précédent: Le livre d’Aron de Jim Shepard

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