Livre du mois

Livre du mois : John Irving

Son dernier livre «À moi seul bien des personnages».

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Trente-cinq ans après Le monde selon Garp, John Irving reste fidèle à ses thèmes de prédilection : le sexe, la boxe, les secrets de famille, l’écriture, la Nouvelle-­Angleterre… Dans À moi seul bien des personnages, le célèbre auteur américain donne la parole à un bisexuel de son âge, survivant de l’intolérance de la société et du sida.

Pour lire un passage exclusif de notre livre du mois : À moi seul bien des personnages

L’amorce
Le narrateur, l’écrivain Billy Dean Abbott, nous raconte sa vie, de sa naissance en 1942, au Vermont, jusqu’à aujourd’hui. Une enfance marquée par une mère distante, un père absent, un grand-père qui se travestissait pour jouer au théâtre, et des « béguins malencontreux ». Pour la terreur de l’école (sorte de dieu du stade star du club de lutte), entre autres. Et surtout pour Miss Frost, la bibliothécaire à la carrure athlétique. « La deuxième fois que Miss Frost m’appela William, cela provoqua chez moi une érection instantanée – sauf qu’à quinze ans, j’avais un petit pénis et une bandaison dérisoire. Bref, pas de danger qu’elle la remarque. »

Les thèmes
Le droit à la différence. La difficulté à assumer cette différence. Les contours flous de la sexualité humaine. Le théâtre de la vie.

Les points forts
Le monde selon John Irving est toujours farfelu, mais étonnamment réaliste. Malgré un début de roman ardu – il y est beaucoup question de théâtre et de Shakespeare, ce qui peut rebuter, l’histoire finit par happer, car l’auteur sait s’y prendre pour maintenir l’intérêt.

Seuil, 480 pages.

Photo: Jane Sobel

Photo: Jane Sobel

L’auteur: John Irving
Son enfance rappelle celle de Billy Dean. Né en 1942 dans une bourgade du New Hampshire, Irving n’a jamais connu son père biologique (au sujet duquel sa mère entretenait le mystère, comme celle de Billy). Il a pratiqué la lutte dans un collège de garçons, a étudié l’allemand puis vécu en Europe… Différence majeure : John Irving n’est pas bisexuel, même s’il a eu lui aussi, adolescent, des « béguins malencontreux » pour des lutteurs plus âgés, « ce qui me terrorisait, car j’avais peur d’être gai ». Deux fois marié, père de trois enfants, il est devenu l’un des auteurs américains les plus lus avec son quatrième ouvrage, Le monde selon Garp (1978). Suivront coup sur coup L’hôtel New Hampshire, L’œuvre de Dieu, La part du Diable (tous trois adaptés au cinéma), Une prière pour Owen… Une série de romans extraordinaires, à lire ou à relire, qui ont installé l’auteur au sommet et fait de lui le Charles Dickens moderne.

« J’aime les exclus sexuels (sexual outsiders), disait-il l’an dernier au mensuel Portland. Ils m’attirent, je les trouve braves et j’ai peur pour leur sécurité – je crains les intolérants qui veulent leur faire du mal. » Il pensait sans doute à son plus jeune fils, Everett, 20 ans et gai.

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