Vins et cocktails

Vin : exprimer ses goûts… librement!

Faut-il savoir différencier la mûre du cassis et le citron confit de la mandarine mûre pour apprécier le vin? Pas du tout. Ceci dit, si vous avez envie de mieux définir ce qui vous chatouille le bulbe olfactif, voici quelques pistes.

Trop de gens se sentent encore intimidés par la manière parfois pointue de présenter le vin. Un des premiers coupables se situe du côté des notes de dégustation rédigées par les journalistes ou inscrites sur les contre-étiquettes des bouteilles, où s’alignent des arômes plus exotiques les uns que les autres. Ne sachant trop par où commencer pour identifier le « graphite », la « lanoline » ou la « pâte de goyave », nombreux sont ceux qui renoncent à l’exercice avant même d’avoir commencé.

Pourtant, il est tout à fait normal que tout le monde n’ait pas la même envie d’entrer dans les détails. De plus, les sensibilités des uns et des autres varient grandement, que ce soit à cause de la finesse de l’odorat ou du contexte culturel, des habitudes alimentaires, etc.

La découverte et la dégustation doivent se faire au rythme de chacun et selon son degré d’intérêt. « C’est bon » est une description amplement valable, si elle vous suffit. Profitez-en, d’abord et avant tout.

Rester calme
Si le vin est intimidant – au-delà du snobisme qui l’entoure parfois encore –, c’est en partie à cause de son infinie diversité. Le vin se montre toujours différemment, d’un cépage à l’autre, d’une région à l’autre, d’un vigneron à l’autre et d’un millésime à l’autre – voire d’une bouteille à l’autre. C’est ce qui fascine et passionne tant de gens. Et c’est aussi ce qui rebute parfois ceux qui aimeraient s’y intéresser, mais ne savent pas par où commencer.

Pas de panique : pas besoin de tout connaître d’un coup. S’empêche-t-on de voir un film parce qu’on ne connaît pas tous les acteurs? Doit-on absolument avoir lu le guide de voyage en entier avant de voyager vers une nouvelle région? Bien sûr que non. Il en va de même pour le vin. Pas besoin de connaître tout du blanc, du rosé, du rouge, du mousseux et des vins de dessert pour pouvoir apprécier une bouteille. On y va par affinités, par goût, par simple curiosité.

Y aller à son rythme
Pour s’initier à l’art de la dégustation, on peut suivre des cours en bonne et due forme. Il en existe un peu partout, au Québec, notamment sous l’égide de la SAQ. En quelques semaines, on vous aura donné les bases et aidé à découvrir diverses régions viticoles.

C’est trop accaparant pour vous? Allez-y de votre propre chef, un cépage à la fois, une région à la fois, selon vos goûts et vos intérêts. Vous aimez le sauvignon blanc? Le beaujolais? Le cabernet californien? Commencez par là. Goûtez-en quelques-uns, essayez de comprendre ce qu’ils ont en commun et ce qui les différencie. Après, voyez où votre goût vous amène.

Le chemin de la découverte peut être très simple : par exemple, prenez quelques secondes, en ouvrant une bouteille, pour sentir les arômes du vin afin de vous faire une petite idée de son caractère. Goûtez-le seul, d’abord, pour apprécier sa fraîcheur ou sa richesse, sa puissance ou sa finesse. Et si la bouteille est ouverte pour un repas, notez ensuite comment il se marie aux plats. Lors d’un souper, servez deux ou trois vins similaires, en même temps : des syrahs du Rhône, de Californie et d’Australie, par exemple, des rieslings d’Alsace, d’Allemagne et du Canada, etc. Avec vos convives, comparez-les et échangez sur vos préférences. Une bonne façon d’alimenter l’apprentissage… et les conversations!
 
Si l’enthousiasme de la découverte gagne vos amis, organisez des dégustations de vins en groupe, où vous pourrez vous consacrer à plusieurs vins, sur des thèmes divers : vins d’une même région, d’un même millésime, d’un même cépage, etc.

Trop de gens se sentent encore intimidés par la manière parfois pointue de présenter le vin. Un des premiers coupables se situe du côté des notes de dégustation rédigées par les journalistes ou inscrites sur les contre-étiquettes des bouteilles, où s’alignent des arômes plus exotiques les uns que les autres. Ne sachant trop par où commencer pour identifier le « graphite », la « lanoline » ou la « pâte de goyave », nombreux sont ceux qui renoncent à l’exercice avant même d’avoir commencé.

Pourtant, il est tout à fait normal que tout le monde n’ait pas la même envie d’entrer dans les détails. De plus, les sensibilités des uns et des autres varient grandement, que ce soit à cause de la finesse de l’odorat ou du contexte culturel, des habitudes alimentaires, etc.

La découverte et la dégustation doivent se faire au rythme de chacun et selon son degré d’intérêt. « C’est bon » est une description amplement valable, si elle vous suffit. Profitez-en, d’abord et avant tout.

Au-delà des arômes
Tout ce panorama aromatique n’est d’ailleurs qu’un aspect de la dégustation du vin. La couleur, l’intensité et la concentration, voire la texture, sont autant d’aspects qu’on peut considérer. Si vous commencez à prendre goût à la dégustation, portez une attention à la façon dont le vin se présente en bouche. Est-il frais? Chaleureux? Riche? Corsé? Donne-t-il une impression sucrée ou acide? Sa texture est-elle douce? Fine? Grasse? Rude? Les tannins, ces composés présents surtout dans les rouges, qui tapissent les dents et les gencives, sont-ils doux, rugueux, soyeux ou veloutés?

Une affaire de familles
Pour vous aider à vous y retrouver, sur le plan des arômes, une approche utile consiste à penser en familles d’arômes plutôt que de chercher la note précise. Comme le montre bien François Chartier dans son populaire livre Papilles et Molécules, on retrouve des types de composés aromatiques similaires dans bien des aliments différents.

Par exemple, il existe des composés anisés ou mentholés (eugénol, anéthol, menthol, etc.), qui se retrouvent aussi bien dans le fenouil que le basilic, l’anis, l’estragon ou la menthe. Ces mêmes composés se retrouvent aussi dans des vins (comme le sauvignon blanc, pour les composés mentholés). C’est ce qui explique pourquoi certains vins vont particulièrement bien avec certains plats.

Ces familles d’arômes se combinent de bien des façons différentes, puisque plusieurs composés aromatiques se côtoient habituellement. Résultat : quand on se demande si un vin sent plutôt l’anis ou la menthe, la bonne réponse est probablement : un peu des deux. D’autant plus que l’impression peut changer avec l’aération du vin, le moment et le contexte où on le boit (seul ou avec un repas, par exemple).

Pour vous aider à vous y retrouver, voici une liste de quelques grandes familles aromatiques souvent présentes dans les vins. Loin d’être exhaustive, elle peut néanmoins vous servir à trouver des repères, quand vous mettez le nez dans le verre.

Agrumes (lime, citron, orange, pamplemousse, etc.) : surtout dans les vins blancs, comme le riesling ou le sauvignon blanc, bien que certains rouges (espagnols, entre autres) rappellent parfois l’écorce d’orange.
Fruits blancs (pomme et poire) : très présents dans les vins blancs, comme le pinot gris ou le chardonnay.
Fruits à noyau (pêche, nectarine, abricot) : on les sentira dans des chardonnays bien mûrs ou des vins de dessert, comme les muscats et les vins de glace.
Fruits tropicaux (ananas, papaye, goyave, etc.) : souvent présents dans les cépages du Rhône (viognier, roussanne, marsanne) et signes de vins au profil bien mûr.
Petits fruits rouges (fraise, framboise, cerise, etc.) : souvent dans les rosés et les rouges plus légers ou de climats plus frais.
Petits fruits noirs (mûre, cassis, bleuet) : fréquemment dans les cépages rouges plus corsés, comme le cabernet sauvignon ou la syrah.
Grillé/fumé : du caramel au cacao, en passant par le café et la fumée, ce sont souvent des odeurs liées à l’élevage en barriques de chêne, dont on brûle le bois avant d’y mettre le vin.
Épicé : le poivre dans la syrah, le gingembre dans le gewurztraminer, le clou de girofle dans la grenache, il y en a toute une panoplie.
Forestier : généralement dans les vins plus vieux, on retrouve des arômes de champignons, de feuilles mortes, d’humus et de sous-bois.
Végétal/herbacé : parfois signe d’une sous-maturité et d’une verdeur des raisins, mais touchant aussi aux fines herbes (la « garrigue » des vins de Provence) ou au gazon frais coupé (certains sauvignons blancs).
Floral : des fleurs printanières aux notes de miel, chez les blancs, on passe à la rose et à la violette dans des cépages rouges, comme le nebbiolo, le grand cépage du Piémont, en Italie, et le pinot noir.
Minéral : la pierre à fusil (dans des chardonnays et chenins blancs tirés de sols calcaires), le graphite (dans les rouges corsés), voire le kérosène (dans les vieux rieslings).

On pourrait aussi penser à des odeurs fréquemment répertoriées, comme le cuir et le tabac, souvent dans des rouges qui commencent à évoluer, ainsi que certaines odeurs animales qui peuvent parfois être séduisantes, parfois rebutantes.

C’est la diversité de tous ces facteurs qui rend chaque vin différent et qui amène les passionnés à en goûter sans cesse de nouveaux pour voir comment ceux-ci se combinent différemment – et comment ils évoluent et se transforment, après quelques années dans la cave. Sans nécessairement en arriver là, vous vous surprendrez peut-être un jour, si vous prenez le temps d’apprivoiser les divers caractères du vin, à vous dire que ce qui vous plaît particulièrement dans la bouteille que vous buvez au souper, c’est la combinaison des arômes épicés et des tannins fins et soyeux. Entre autres…

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