Santé

Cancers féminins: des solutions à l’horizon

La science progresse, et tous les espoirs sont permis dans la lutte contre les cancers “féminins”, comme celui du sein, de l’ovaire ou du col de l’utérus.

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Photo : Plainpicture / Kniel Synnatzschke

Cancer du sein : bientôt un vaccin
Un vaccin plutôt que la chimiothérapie ? On est (presque) rendus là, selon le Dr Claude Perreault, de l’Institut de recherche en immunologie et en cancérologie (IRIC), très impliqué dans les travaux sur cette nouvelle approche. « Dans quatre ou cinq ans, on pourra commencer à l’offrir aux patientes pour qui les autres traitements ne fonctionnent pas », dit-il. De quelle façon agira-t-il ? « Le système immunitaire réussit à faire disparaître les trois quarts des tumeurs avant qu’elles se développent, expli­que le chercheur. Mais les cellules cancéreuses sont ingénieuses : elles peuvent par exemple paralyser les lymphocytes qui les attaquent. » Le vaccin donnera un coup de fouet au système immunitaire pour l’aider à mieux se défendre contre l’envahisseur. « L’immu­nothérapie fait partie des avancées les plus prometteuses », conclut le Dr Perreault.

Les vertus ignorées de la vitamine D
La vitamine D contribue à la santé des os et des dents. Elle aurait aussi des effets bénéfiques sur le système immunitaire. Des études avancent même qu’elle protégerait contre certains cancers, dont celui du sein. Pour en avoir le cœur net, le Dr Jacques Brisson, chercheur à l’Hôpital du Saint-Sacrement de Québec, a prescrit pendant un an des suppléments de vitamine D à 400 femmes non ménopausées. Les résultats, qui seront publiés en mai 2016, sont prometteurs. « Plus un sein est dense, plus le risque de cancer est grand. Et la vitamine soleil pourrait réduire la densité mammaire », affirme le Dr Brisson.

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Cancer de l’ovaire : un meilleur dépistage…
Les cancers de l’ovaire les plus meurtriers débutent dans les trompes de Fallope. Cette étonnante découverte, que l’on doit à l’équipe du projet DOVE (Detecting Ovarian Cancer Earlier) du Centre universitaire de santé McGill, explique pourquoi ce cancer est souvent diagnostiqué trop tard. « On ne cherchait tout simplement pas au bon endroit ! » dit le Dr Abbas Kérim-Dikéni, un des chercheurs du programme.

Dirigée par la gynéco-oncologue Lucy Gilbert, l’équipe planche actuellement sur une sorte de « test Pap » grâce auquel on pourrait prélever, dans le col utérin, des cellules malignes provenant des trompes. Cette innovation, qui ne sera pas au point avant quelques années, permettrait enfin un dépistage à grande échelle.

D’autres scientifiques québécois, dont la Dre Anne-Marie Mes-Masson, traquent ce cancer sournois à l’aide d’une caméra. « Les trompes de Fallope sont minuscules. Avec des ingénieurs de Polytechnique Montréal, nous essayons de mettre au point une caméra de la grosseur d’une pointe de crayon pour les explorer et y détecter les cancers débutants », indique la Dre Mes-Masson, directrice scientifique de l’Institut du cancer de Montréal.

Voilà d’excellentes nouvelles, d’autant plus que les premiers signes de cette maladie, peu spécifiques, passent souvent inaperçus : satiété précoce, ballonnements, douleurs abdominales, saignements vaginaux ou envies fréquentes d’uriner. Si ces symptômes sont inhabituels et persistent plus de deux semaines, mieux vaut consulter, d’après la Dre Diane Provencher, gynéco-oncologue au CHUM. « Insistez auprès de votre médecin pour obtenir une échographie transvaginale, qui permet de bien voir les organes reproducteurs, ainsi qu’un dosage sanguin de la protéine CA 125, un marqueur du cancer de l’ovaire », dit-elle.

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… et de plus grandes chances de survie
Dans les stades avancés du cancer de l’ovaire, une chimiothérapie administrée directement dans la cavité abdominale – à l’intérieur du péritoine, cette fine membrane qui recouvre les organes situés dans l’abdomen – serait plus efficace qu’une chimiothérapie classique, c’est-à-dire intraveineuse. C’est ce que la gynéco-oncologue Diane Provencher tente de démontrer dans une étude d’envergure internationale. « Les cellules cancéreuses ont tendance à s’échapper des extrémités des trompes de Fallope pour se répandre dans la cavité abdominale et coloniser d’autres organes, précise-t-elle. Cette forme de chimio permettrait de les atteindre plus directement. » Les résultats seront dévoilés en 2016. À suivre.

Cancer du col utérin : un vaccin qui protège vraiment
S’il y a un cancer qu’on peut éviter, c’est bien celui du col utérin causé par le virus du papillome humain (VPH). « Sans VPH, pas de cancer possible, résume le Dr Eduardo Franco, de l’Université McGill. C’est aussi le seul dont on puisse se protéger grâce à un vaccin. »

Ce mode de prévention a fait ses preuves, selon le chercheur. « Son efficacité est reconnue contre les types 16 et 18 de VPH, à l’origine du cancer du col utérin, et contre les types 6 et 11, responsables des verrues génitales », dit-il. Le vaccin ne fait pas disparaître une infection déjà présente, mais il prévient la transmission du virus à d’autres parties du corps. « Bien des gens ne savent pas que le VPH peut aussi contaminer la gorge et le pharynx et y causer des cancers », souligne l’éminent chercheur. Ce qui est d’autant plus troublant que souvent les personnes infectées n’ont pas de symptômes.

Bon à savoir : le vaccin est offert gratuitement aux fillettes de quatrième année du primaire dans le cadre du Programme québécois d’immunisation. Il est aussi gratuit pour les adolescentes jusqu’à 17 ans.

Des patients qui coachent les médecins !
Comment le dialogue entre ceux qui prodiguent les soins et ceux qui les reçoivent peut améliorer le système de santé.

Une petite révolution se prépare dans les hôpitaux : on veut inciter le malade à s’exprimer et apprendre au médecin à mieux l’écouter. Pour y arriver, la Faculté de médecine de l’Université de Montréal a mis sur pied une initiative inspirante : le programme Partenaires de soins. Depuis 2010, près de 300 patients aident à la formation de futurs médecins, participent à des comités d’évaluation des soins et accompagnent des personnes qui viennent de recevoir un diagnostic.

Lucie Piché collabore au programme depuis trois ans. Cette relationniste et mère de famille dans la fin cinquantaine a reçu un premier diagnostic de cancer du sein il y a 10 ans. L’an dernier, c’est l’autre sein qui était atteint. « Chimiothérapie, radiothérapie, hormonothérapie, j’ai tout traversé », dit-elle. Quand elle explique à de futurs travailleurs de la santé à quoi ressemble la vie avec le cancer, elle sait de quoi elle parle. « Bien souvent, ces étudiants n’ont jamais été en contact avec la maladie, poursuit-elle. Avant d’obtenir leur diplôme, tous les médecins devraient se faire hospitaliser au moins une fois, histoire de pouvoir mieux comprendre le vécu des patients ! »

Selon André Néron, directeur associé du programme, le temps où le médecin décidait de tout et où le malade obéissait sans rien dire est révolu. « Nous encourageons les patients à poser des questions et à s’impliquer dans leur traitement », dit-il. Tout le monde bénéficie de cette nouvelle approche. « Une personne informée observe mieux son traitement, ce qui en augmente l’efficacité tout en diminuant les complications et les visites à l’urgence », fait-il valoir.

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