Mode

6 pièces tendance empruntées aux hommes

Tailleur-pantalon, marinière, polo… Ils ne sont pas nés d’hier! Voici comment les femmes ont chipé ces essentiels dans la garde-robe des hommes, sans jamais les y remettre.

Le tailleur-pantalon

Marlene Dietrich, en 1933.  Photo: Bettman/Corbis

Marlene Dietrich, en 1933.
Photo: Bettman/Corbis

ADN :

Les maris étant au front pendant la Première Guerre mondiale, les femmes prennent le chemin de l’usine. Et elles ont besoin de vêtements fonctionnels. Toléré dans le contexte de l’effort de guerre, le deux-pièces pantalon ne l’est pas en société. Certaines audacieuses, comme la pilote d’avion Amelia Earhart et les actrices Marlene Dietrich et Katharine Hepburn, osent enfiler le vrai costard dans la rue dès les années 1930, mais il faudra des décennies et un jeune couturier prodige avant que ce duo veste-pantalon taillé dans la même étoffe soit légitimé. En 1966, Yves Saint Laurent fait défiler un smoking ajusté aux proportions féminines, et ce, alors que le port du pantalon est strictement interdit en France – c’est bien vrai, depuis une ordonnance de 1800 – à moins de tenir un guidon de bicyclette ou les rênes d’un cheval ! Une dizaine d’années et une révolution sexuelle plus tard, on s’est fait à l’idée, et les designs féminins–masculins de l’Italien Giorgio Armani n’ont plus rien de scandaleux. Son coup de génie : il fera porter la veste du tailleur à même la peau. Dans les années 1980, le power suit épaulé de Donna Karan sera le symbole de l’ascension des femmes à des postes de haut niveau.

Richard Nicoll.  Photo: Fairchild Service/Condé Nast/Corbis

Richard Nicoll.
Photo: Fairchild Service/Condé Nast/Corbis

Daks.  Photo: Imaxtree

Daks.
Photo: Imaxtree

Interprétation 2015 :

Selon Giorgio Armani, les femmes n’ont plus à porter un tailleur pour prouver leur autorité. Reste qu’on apprécie encore ce must de la garde-robe pour son chic fou. La veste ample à simple ou double boutonnage s’agence désormais à un pantalon droit, effilé ou large. On complète l’ensemble par des chaussures typiquement masculines, comme chez Michael Kors, ou des escarpins sexy façon Lanvin.

La marinière

Coco Chanel en vacances à Deauville, en 1930. Photo: Granger New York

Coco Chanel en vacances à Deauville, en 1930.
Photo: Granger New York

ADN :

France, 1858. Un décret de la Marine nationale rend le pull rayé obligatoire chez les marins bretons. Pourquoi des rayures ? Elles faciliteraient le repérage de l’équipage passé par-dessus bord. À l’aube des années folles, Coco Chanel séjourne souvent à la station balnéaire de Deauville, en Normandie. Inspirée par les matelots au port, la visionnaire ose porter le fameux tricot. Malgré tout, elle ne le proposera jamais dans ses collections. Dans les années 1960, des actrices arborent la marinière au grand écran : Jean Seberg dans À bout de souffle et Brigitte Bardot dans Le mépris – deux œuvres de Jean-Luc Godard – l’immortalisent et la popularisent. C’est en 1966 que le corsage bicolore fait ses débuts dans les hautes sphères de la mode. Encore une fois, Yves Saint Laurent bouscule les codes et propose sa marinière de luxe. Et impossible de ne pas faire référence à Jean Paul Gaultier, grand amoureux de ce vêtement graphique. Du flacon de parfum à la robe pailletée, le pull breton a été réinventé sur sa table à dessin.

Michael Kors.  Photo: Imaxtree

Michael Kors.
Photo: Imaxtree

Margaret Howell.  Photo: Imaxtree

Margaret Howell.
Photo: Imaxtree

Interprétation 2015 :

Déclinée dans tous les tons de bleu, elle flirte avec le grunge chez Margaret Howell ou le raffinement chez Nina Ricci. Pour casser son allure classique, pourquoi ne pas l’associer à un accessoire imprimé, comme une pochette ou des ballerines pointues léopard ?

Le jean boyfriend

Marilyn Monroe dans Clash by Night, en 1952.  Photo: RKO Radio Pictures / Entertainment Pictures / ZUMAPRESS.

Marilyn Monroe dans Clash by Night, en 1952.
Photo: Photos : RKO Radio Pictures / Entertainment Pictures / ZUMAPRESS.

ADN :

Il y a 150 ans, Levi Strauss fondait Levi’s, la toute première marque de jeans. Ultrarésistant, le pantalon numéroté 701 a plu aux mineurs, aux fermiers et… aux fermières. Le géant a saisi l’occasion et commercialisé le 501, premier modèle pour les femmes, en 1934. Contre toute attente, il sera adopté par les filles des villes plutôt que par les filles des champs, qui elles, restent fidèles à l’original, pour hommes. Le premier boyfriend est né ! À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la victoire des Alliés braque les projecteurs sur tout ce qui est made in USA, dont le fameux blue-jean. Même Marilyn Monroe enfile un jean d’homme dont l’ourlet est roulé pour la production de Clash by Night (Le démon s’éveille la nuit, 1952). Après une période de coupes deuxième peau pour les filles, les années 1990 – l’ère de l’unisexe – changent la donne. Calvin Klein frappe alors dans le mille avec une publicité sulfureuse (pour vendre ses dessous masculins) dans laquelle la top-modèle Kate Moss semble porter le jean trop grand de son acolyte, Mark Wahlberg. Il n’en faut pas plus pour que les filles se procurent de nouveau des jeans au rayon des hommes.

Tommy Hilfiger. Photo: Imaxtree

Tommy Hilfiger.
Photo: Imaxtree

Interprétation 2015 :

Le jean « emprunté au copain » – en vogue depuis cinq ans – évolue vers une variante plus seyante pour la silhouette féminine. Place au jean girlfriend ! On le porte toujours avec l’ourlet roulé, et il est aussi joli avec des talons qu’avec des chaussures plates.

Le polo

 Simone de la Chaume, épouse de René Lacoste, en 1938. Photo: Lipnitzki / Roger Viollet / The Image Works


Simone de la Chaume, épouse de René Lacoste, en 1938.
Photo: Lipnitzki / Roger Viollet / The Image Works

ADN :

Ce haut à col rabattu prolongé d’une patte de boutonnage est porté par les joueurs de polo depuis le début du 20siècle. Mais il ne se démocratise qu’en 1926, alors que le champion de tennis René Lacoste, en quête de confort, se fait confectionner des pulls à manches courtes dans un tissu qui respire (le jersey piqué). L’athlète, surnommé « Le Crocodile », appose le fameux logo sur son nouvel uniforme. Une fois retraité du tennis, il commercialise son invention sous le nom de La Chemise Lacoste, offerte à l’époqueuniquement en blanc immaculé. Son épouse, championne de tennis et de golf, l’adopte, tout comme plusieurs autres femmes actives. En 1971, Ralph Lauren, roi du look preppy, lance sa division Polo. La vedette de ce nouveau label ? Le fameux chandail à col. Le nom entre alors dans l’usage courant.

Jil Sander.  Photo: Imaxtree

Jil Sander.
Photo: Imaxtree

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Paco Rabanne. Photo: Imaxtree

Interprétation 2015 :

Résultat d’une tendance qui ne faiblit pas, le polo est en quelque sorte un t-shirt dans un style plus habillé. Pailleté, imprimé, bicolore : on est à mille lieues du blanc neige d’autrefois. La belle idée ? On s’inspire du minimalisme signé Jil Sander et on le superpose à un chemisier aux manches roulées.

Le flâneur

Gilles.  Photo: Imaxtree

Gilles.
Photo: Imaxtree

ADN :

L’intemporel flâneur est en fait un dérivé du mocassin. Une idée récupérée par l’américaine Bass en 1936. Inspirée par un modèle norvégien, la société le surnomme Weejuns. Il faut deux ans avant qu’on lance son pendant féminin, après que les dames se furent arraché le modèle masculin. L’absence de lacets et son confort ultime expliquent le succès du loafer, particulièrement auprès des étudiants universitaires.
En 1953, la maison italienne Gucci raffine encore cette chaussure en l’ornant de son mythique mors de laiton. Depuis, le flâneur est gage de bon goût pour elle et lui.

Interprétation 2015 :

C’est LA chaussure pour être dans le coup ! On peut imiter les gars en l’assortissant à un pantalon large et à une veste droite en lainage comme proposé par Hermès et Tibi. Mais la vraie nouveauté, c’est de l’oser avec une jupe, du taffetas, de la dentelle et autres détails résolument féminins.

Le trench

Audrey Hepburn  dans Charade, en 1963.  Photo: Sunset Boulevard/Corbis

Audrey Hepburn
dans Charade, en 1963.
Photo: Sunset Boulevard/Corbis

ADN :

Ce manteau est né au cours de la Première Guerre mondiale, alors que Thomas Burberry, inventeur de la gabardine (tissu naturellement hydrofuge), crée un imper destiné à protéger de la pluie et du froid les militaires dans les tranchées. Symbole héroïque de l’après-guerre, le trench devient un objet de convoitise autant pour les femmes que pour les hommes. La popularité de ce pardessus légendaire dans la garde-robe féminine s’intensifie quand l’actrice Greta Garbo en arbore un à large col doublé de carreaux dans A Woman of Affairs (Intrigues, 1928). Au fil du temps, plein de femmes d’influence l’ont adopté, d’Audrey Hepburn (dans plusieurs de ses films et dans la vie) à Kate Middleton en passant par Charlotte Gainsbourg. 

MSGM. Photo: Imaxtree

MSGM.
Photo: Imaxtree

Tod's. Photo: Imaxtree

Tod’s.
Photo: Imaxtree

Interprétation 2015 :

Si le trench est d’une extrême élégance dans sa toile beige habituelle, on explorera cette saison différents imprimés et textures. Rayures en patchwork chez Victoria Beckham ou fini suédé chez Loewe : le trench se fait éclectique. La touche finale ? On souligne la taille avec une large ceinture, préférablement dépareillée.

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