Ronde, et alors?

Que pensent les autres de notre apparence?

« Je ne dois pas seulement chercher à ignorer l’opinion de la société au sujet de mon apparence, écrit Joanie Pietracupa, mais m’en foutre royalement comme quand j’avais 2 ans. »

Joanie-bandeau

À 2 ans, je ne savais même pas ce que ça voulait dire «être belle». Les seules pensées qui occupaient mon esprit se résumaient à quelques actions: jouer, manger, jouer, dormir et jouer encore. Ma mère était la personne la plus importante dans ma vie (elle l’est encore aujourd’hui) et je trouvais que c’était la femme la plus merveilleuse au monde (je le pense toujours à ce jour).

À 4 ans, je rêvais d’être une princesse de Disney. Belle, Blanche-Neige, Cendrillon, Jasmine, Ariel, Aurora… Name it, je fantasmais à l’idée de leur ressembler et même de leur piquer leur vie (surtout le château et le prince charmant). Ma garde-robe était presque exclusivement composée de robes roses à paillettes et mes tiroirs débordaient de couronnes et de baguettes magiques en plastique. Je carburais aussi aux compliments du genre «Comme elle est jolie, cette fillette!»

Photo: iStock

À LIRE: À bas l’expression «vraies filles»!

À 6 ans, j’entamais ma première année du primaire. J’ai vite élu Anne, une camarade de classe qui aimait autant rire que moi, ma meilleure amie. Une mignonne petite blonde au regard moqueur et au sourire espiègle. Pourquoi n’avais-je donc pas ses cheveux d’or et son teint laiteux, moi? Je crois que c’est la première fois que je me suis sentie jalouse de l’apparence de quelqu’un d’autre. Et certainement pas la dernière.

À 11 ans, je me battais pour gagner l’affection de Mark, le plus beau gosse de mon école. À cet âge-là, «l’amour» reposait sur une seule et unique chose: l’apparence physique. Pas tant sur les valeurs, l’intelligence ou la vivacité d’esprit. Et Mark, je «l’aimais» profondément. Sauf que lui préférait les plus jolies filles de la classe. Première peine d’amour.

À 16 ans, tout juste avant mon bal des finissants, je me suis mise au régime pour réussir à enfiler la superbe robe bourgogne que j’avais vue quelques semaines plus tôt sur la plaza St-Hubert. J’ai perdu presque 30 livres en deux mois. En mangeant de la salade et en faisant de l’aérobie dans mon sous-sol. Tout le monde sans exception m’a dit que j’étais magnifique le soir de mon bal. Je les ai crus. Et j’ai commencé à associer minceur et beauté, pour le meilleur et pour le pire. Surtout le pire.

À LIRE: Mode taille plus: 5 tendances estivales

À 28 ans, mon copain de longue date m’a laissée pour une autre fille. Du jour au lendemain, sans préavis. J’ai mis deux ans et des poussières à m’en remettre. Même si je savais pertinemment bien que le problème, c’était lui, je me suis beaucoup dénigrée pendant mon deuil. J’ai passé des heures et des heures à me regarder dans le miroir en pleurant. Je me disais que si je n’avais pas été aussi grosse et laide, peut-être qu’il ne serait pas parti. Parce que des fois, ça fait moins mal de se dire des niaiseries comme ça que de réaliser que l’amour s’est complètement évaporé. Même si ces niaiseries finissent par s’ancrer un peu dans nos têtes et nos cœurs…

À 31 ans, je commence à peine à comprendre que la beauté part de soi. De notre for intérieur. Comme l’amour, la confiance et l’estime. Que mon enveloppe corporelle mérite tout le respect du monde. Le mien. Que de toujours me sentir obligée de justifier ou d’excuser mon poids aux autres n’a aucune utilité à part m’épuiser. Que je ne dois pas seulement chercher à ignorer l’opinion de la société au sujet de mon apparence, mais m’en foutre royalement comme quand j’avais 2 ans. Parce qu’on a juste un corps, alors aussi bien apprendre à se trouver belle, et vite!

À LIRE: A-t-on le droit d’être ronde et bien dans sa peau?

Suivez Joanie Pietracupa sur Twitter (@theJSpot) et Instagram (@joaniepietracupa).

POUR TOUT SAVOIR EN PRIMEUR

Inscrivez-vous aux infolettres de Châtelaine
  • En vous inscrivant, vous acceptez nos conditions d'utilisation et politique de confidentialité. Vous pouvez vous désinscrire à tout moment.