Ronde, et alors?

La fois où j’ai joué l’apprentie mannequin

Est-ce qu’une séance photo où l’on joue à la mannequin peut aider à nous réconcilier avec nos démons? Parfois, oui.

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Je dois l’avouer tout de go: je dé-tes-te me faire prendre en photo. Complètement, entièrement, royalement. Avec passion, même. (Sauf pour les égoportraits. J’adooore les selfies, sans trop savoir pourquoi. Et je ne suis même pas gênée de l’admettre. Mais ça, je vous en reparlerai une autre fois.) Quand mon amie Félicie Hubert, maquilleuse et coiffeuse professionnelle (de plateau, de photoshoot, de portrait, alouette), m’a donc demandé de venir jouer les mannequins faussement professionnelles pour Studio La Luz, son nouveau projet perso, j’ai immédiatement dit non, haut et fort.

«Il n’en est pas question. Tu sais à quel point j’haïs me faire prendre en photo!», lui ai-je lancé au téléphone. Il faut savoir que Félicie connaît mieux que quiconque mon mix d’émotions négatives face aux photoshoots (ça ressemble à du dédain marié à du dégoût, saupoudrés de peur et d’angoisse), puisqu’elle a été mandatée pour faire ma mise en beauté pré-séance photo de portrait de magazine à plusieurs reprises, par le passé.
«Allez, je te promets que tu vas avoir du fun! Pour vrai! Pascale et moi, on va réussir à te faire aimer ça, les photos, tu vas voir…», m’a-t-elle répondu.
J’ai fini par abdiquer, après de longues négociations, sans savoir dans quoi je m’embarquais. (Dieu merci, parce qu’avoir su, je me serais cachée derrière mon «N-O-N» éternellement, à la vie, à la mort.)

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Photo: Studio La Luz

La Pascale en question, celle qui allait apparemment me faire aimer les photos, c’est Pascale Therien, photographe de renom. Une fille qui a croqué des tonnes de vedettes de chez nous, comme Macha Grenon, Anne-Marie Withenshaw, Ève Landry, Mariloup Wolfe, Catherine Pogonat et beaucoup d’autres. Une fille qui, ayant le goût de rendre des Mmes Tout-le-monde heureuses, belles et bien dans leur peau, a tout récemment décidé de se lancer en affaires avec sa bonne amie Félicie Hubert et de fonder le Studio La Luz, qui offre aux femmes «ordinaires» (des non-top modèles comme vous et moi) la chance de jouer les mannequins d’un jour. Voici donc ce qui s’est passé, et comment je l’ai vécu.

Étape 1: on établit une date pour la séance photo. Jusque-là, tout va bien. Je tiens le coup, mes nerfs aussi.

Étape 2: environ une semaine avant ladite date fatidique, Pascale et Félicie m’appellent via Skype afin de jaser «live» de ce qu’on envisageait toutes les trois comme type de shooting mode (romantique? sexy? moderne? classique?). Là, la panique s’installe. Je saisis que: 1) je ne peux plus me défiler, 2) je ne réussirai pas à me cacher derrière un plan serré qui ne montre que mon visage et mes dents, comme c’est d’habitude le cas (salut, selfies!). Il va falloir que j’exhibe mon corps voluptueux et ça, ça va me mettre mal à l’aise, c’est sûr. Je comprends aussi entre les lignes que je vais devoir sortir mon regard de femme forte et «sensouèle» en charge de ses charmes et de sa féminité. Ouf!

Étape 3: le jour P arrive enfin (P pour photoshoot ou pour panique à bord, c’est selon). Félicie me guide vers son petit boudoir, où elle m’assoit, observe puis maquille et coiffe pendant plus d’une heure. Résultat? Je le concède, j’ai l’air de moi en dix millions de fois mieux. Ou de moi «photoshoppée». À qui appartient donc ce regard charbonneux et mystérieux, ces babines juteuses et cette tignasse gonflée à bloc? Dix points bonis pour le boost d’estime de soi, à un moment très crucial de ma vie.

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Pendant ce temps, Pascale choisit parmi toutes les tenues que j’ai apportées mes quatre plus jolies robes et des bijoux coordonnés. J’enfile le premier kit et je me rends dans le petit studio photo, Stressée avec un grand «S». Bien vite, la photographe me donne des directives que j’imagine dignes des rêves les plus fous de toute apprentie mannequin («Baisse tes épaules!», «Avance ton menton!», «Entrouvre tes lèvres!», «Croise tes jambes!», «Plie ton bras!»), tandis que Félicie m’envoie du vent dans le visage pour créer de la douceur et du mouvement (et pour assécher mes verres de contact, aussi, faut croire). Si je n’ai pas compris grand chose à ce qui s’est passé, je peux vous dire que j’ai beaucoup ri pendant que mon corps tout entier se contorsionnait de façon peu naturelle et souffrait de crampes douloureuses. Mais je peux aussi vous dire que j’ai vite deviné que le résultat serait vraiment beau grâce aux regards complices et ébahis et aux «Oh!» et aux «Ah!» d’admiration de Pascale et de Félicie. (Comme c’est le cas pour tout le monde qui vit l’expérience La Luz, on ne m’a montré qu’une seule photo pendant toute la séance, pour ne pas gâcher la spontanéité du moment. Ça, c’est une idée de génie. Ça m’a empêchée de tout remettre en question et d’essayer de corriger chacun de mes petits défauts, à chaque clic. Ça a peut-être évité que je m’enfuie à toutes jambes, aussi.)

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Photo: Studio La Luz

Trois heures plus tard, la séance était finie. On a dû prendre au moins 200 photos de moi dans mes quatre tenues, avec ou sans sourire, assise ou debout, composée ou sexy. On a pris un verre de vin blanc et on a rigolé ensemble, puis je suis rentrée chez moi, un peu trop poupounée pour un mardi après-midi.

Étape 4: presque deux semaines plus tard, Pascale et Félicie me convoquent au studio La Luz: les clichés sont prêts. Quand je les ai vus, affichés sur les murs du studio comme des petits portraits de stars hollywoodiennes, chics et classes, j’ai eu le souffle coupé. Pas de me trouver belle à l’infini, non, mais de voir que ces deux filles là, si douces et patientes, avaient réussi à capter une facette de moi que je n’avais jamais vue auparavant: une Joanie sûre d’elle-même, confiante, heureuse et, surtout, en amour avec chaque centimètre de son corps. C’était moi, ça? Vraiment?

Pascale et Félicie m’ont confié que toutes les femmes ont la même réaction que moi, en se voyant métamorphosées en version «va-va-voum» d’elles-mêmes: elles sont tour à tour fascinées, envoûtées, médusées. Et c’est ce que ces deux amies aiment le plus de leur nouveau projet: voir s’épanouir sous leurs pinceaux ou devant leur objectif une ribambelle de femmes belles et uniques, et les aider à surmonter leurs peurs ou à se voir d’un autre œil.

La question qui tue: est-ce que j’aime mieux me faire photographier, aujourd’hui? Non, pas vraiment. Pas du tout, pour être honnête. Mais je sais désormais que l’effort en vaut la peine pour avoir la chance de garder un tel souvenir d’un instant où j’ai joué à la perfection le rôle de la femme que je rêve d’être au quotidien.

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Photo: Studio La Luz

*Pour plus d’informations, veuillez visiter studiolaluz.net. À noter que le prix des portraits commence à 225 $. Aussi, la mise en beauté et la session photo seront offertes gracieusement aux lectrices de Châtelaine qui mentionneront cet article, ainsi qu’à une de leurs compagnes.

Suivez Joanie Pietracupa sur Twitter (@theJSpot) et Instagram (@joaniepietracupa).

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