Santé

Changement d’heure : bien plus qu’une question d’horloge

On recule l’heure dans la nuit de samedi à dimanche, soit le 5 novembre à 2 h du matin.

Ça y est, nous y sommes. Le signe indéfectible que l’hiver est à nos portes : on recule l’heure dans la nuit de samedi à dimanche, soit le 5 novembre à 2 h du matin.

Depuis 1963, les Canadiens rajustent leurs pendules deux fois par année, comme c’est le cas dans 76 autres pays.

De plus en plus d’États remettent en question le changement d’heure et ont choisi de l’abolir, jugeant qu’il apportait plus de désagréments que d’avantages. C’est le cas de l’Islande et de la Russie, par exemple. Au Canada, il y a quelques régions où l’heure ne change pas : en Saskatchewan, dans certains secteurs de la Colombie-Britannique, à l’île Southampton au Nunavut et dans le nord-est du Québec, comme à Blanc-Sablon. Le gouvernement fédéral ne semble pas pour le moment envisager d’abolir cette pratique.

Comment se préparer pour vivre la transition en douceur ? Selon Laura Kervezee, chercheuse postdoctorale au Centre d’étude et de traitement des rythmes circadiens de l’Institut Douglas, la meilleure façon d’y arriver serait de faire le changement sur quelques jours. En mangeant, en se couchant et en se levant 10 ou 15 minutes plus tôt chaque jour pendant un certain temps, on se retrouve à l’heure d’hiver sans que notre corps s’en soit trop aperçu.

Au-delà de nous faire gagner ou perdre une heure de sommeil, quelles sont les conséquences du changement d’heure ? Les réponses ci-dessous.

Une réduction de la consommation d’électricité

C’est la raison pour laquelle le changement d’heure a été adopté. D’abord en Allemagne, en 1916, puis un peu partout en Europe et au Canada. L’idée était de profiter d’une heure d’ensoleillement supplémentaire les soirs d’été afin de réduire la consommation d’énergie pour s’éclairer. Cet argument ne tient plus vraiment la route: l’éclairage ne représente qu’une infime partie de notre facture d’électricité.

Une heure de plus pour dormir en novembre

On aurait tendance à croire que cette heure supplémentaire aura des effets bénéfiques et reposants. « Sauf que des études ont démontré que la majorité des gens n’utilisent pas ce temps pour dormir davantage », souligne la Dre Kervezee.

Elle ajoute que le changement d’heure de l’automne est plus difficile à vivre que celui du printemps pour les gens qui sont de type matinal, puisque ceux-ci se réveilleront encore plus tôt.

Un changement dans nos habitudes

Ce ne sont pas seulement nos heures de coucher et de lever qui sont affectées par le changement d’heure. Nos temps de repas, de travail et de repos aussi. Tout notre quotidien se trouve chamboulé. Pour certaines personnes dont la routine est réglée au quart de tour, ça peut même représenter un défi colossal.

« Les jeunes enfants et les personnes âgées sont particulièrement vulnérables à ces changements. En garderie ou en centre de soins, leurs habitudes sont bousculées du jour au lendemain. Sauf que le corps, lui, ne change pas d’heure automatiquement. Ça peut avoir des effets sur leur humeur pendant plusieurs jours, le temps qu’ils s’adaptent », indique le Dr Roger Godbout, professeur de l’Université de Montréal spécialisé en sommeil et santé mentale.

Une augmentation des risques de crises cardiaques et d’ACV

Plusieurs études ont conclu que le changement d’heure augmentait le nombre de crises cardiaques et d’accidents vasculaires cérébraux (AVC). Cette hausse, remarquée surtout au printemps, quand on avance nos cadrans d’une heure, est d’environ 5 % et s’étale sur la semaine qui suit le changement. « Ce qui provoque cette augmentation n’est pas encore très clair, mais les statistiques sont significatives », soutient le Dr Godbout.

Une baisse de vigilance

Quand on dort moins bien, on est moins performant. Mais les effets du manque de sommeil vont bien au-delà de notre productivité et peuvent représenter un réel risque pour la sécurité. À preuve, des chercheurs ont démontré que le nombre d’accidents de la route augmentait dans les premiers jours suivant un changement d’heure. Cette corrélation pourrait aussi être due à l’obscurité qui vient plus tôt et diminue la visibilité. Les conducteurs prendraient quelques jours pour s’acclimater à ces nouvelles conditions.

Un blues d’automne plus intense

En novembre, voir le soleil se coucher une heure plus tôt du jour au lendemain n’est pas particulièrement réjouissant. « L’automne, alors qu’on se rapproche du solstice, les jours raccourcissent déjà bien vite. Pour les personnes sensibles à la lumière et susceptibles de souffrir de dépression saisonnière, le changement d’heure peut nuire énormément », souligne le Dr Godbout.

À lire aussi:
Regagner son énergie en 5 idées

POUR TOUT SAVOIR EN PRIMEUR

Inscrivez-vous aux infolettres de Châtelaine
  • En vous inscrivant, vous acceptez nos conditions d'utilisation et politique de confidentialité. Vous pouvez vous désinscrire à tout moment.