Couple et sexualité

Sans condom, c’est non?

59% des jeunes Québécois boudent le condom.

Photo: Mirko Iannace/Corbis

Photo: Mirko Iannace/Corbis

Les jeunes boudent le condom. À peine la moitié de ceux qui fréquentent une université canadienne en ont utilisé lors de leur dernier rapport sexuel. Au Québec, le taux chute à 41 %. « C’est beaucoup plus bas qu’on le souhaiterait », déplore Alex McKay, du Sex Information and Education Council of Canada (SIECCAN), qui a mené l’étude pour le compte de Trojan. En 2009, un sondage du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) brossait un tableau similaire. Comment expliquer que la capote anglaise reste au fond du tiroir malgré des dizaines de campagnes de sensibilisation ?

Plusieurs facteurs expliquent la chose. « Après des années de vie sexuelle active sans conséquences négatives, certains baissent la garde », dit Robin Milhausen, professeure à l’Université de Guelph et experte en sexologie. « Dans le jargon, on appelle ça l’usure des comportements sains. »

En outre, la moitié des participants à l’étude utilisent le condom d’abord et avant tout pour éviter une grossesse. Et le délaissent dès qu’un autre moyen de contraception entre en jeu. On sait qu’au Québec l’accès à la pilule s’est beaucoup amélioré depuis 2007, année à partir de laquelle les infirmières ont obtenu le droit de la prescrire. « La stratégie fonctionne bien dans les écoles et les cliniques jeunesse, indique Édith Guilbert, médecin-conseil à l’Institut national de santé publique du Québec. Le taux d’avortement chez les 15 à 19 ans a diminué de 25 % depuis 10 ans. »

Mais la plus grande barrière au condom semble être… le couple ! « On y a souvent recours dans les aventures d’un soir », observe Robin Milhausen. Le véritable ennemi des préservatifs, c’est plutôt le trio formé par l’amour, la confiance et l’intimité. Les trois quarts des répondants au sondage du MSSS utilisaient ce préservatif avec un partenaire d’un soir, mais seulement le tiers l’employaient une fois en couple. Arrêter de se protéger devient une marque d’engagement.

Or, beaucoup d’étudiants cumulent les relations. « C’est ce que j’appelle la monogamie en série, explique Alex McKay. Ils passent d’un couple à un autre. Au terme de leurs études, ils peuvent avoir eu des relations sexuelles non protégées avec cinq partenaires. Le facteur de risque augmente… » Surtout qu’on dénombre davantage d’infections transmises sexuellement (ITS) dans ce groupe d’âge que dans le reste de la population et que plusieurs présentent peu ou pas de symptômes. En 2011, 66 % des cas déclarés de chlamydia et 44 % de ceux de gonorrhée étaient recensés chez les 15-24 ans, selon le MSSS, qui parle d’épidémie.

« On a encore du pain sur la planche pour sensibiliser les jeunes aux dangers des ITS », dit Alex McKay. Les étudiants semblent être du même avis : près de la moitié de ceux ayant été sondés par le SIECCAN et Trojan ont qualifié leur éducation sexuelle de moyenne ou faible. « Depuis une dizaine d’années, les cours d’éducation sexuelle ne sont plus obligatoires au Québec. C’est laissé au bon vouloir des écoles. Certaines le font très bien, d’autres moins », souligne la Dre Guilbert.

Mince consolation : les trois quarts des étudiants sondés étaient satisfaits de leur vie sexuelle.

Quelques chiffres

  • 25 % Baisse du taux d’avortement depuis 10 ans au Québec chez les 15-19 ans.
  • 66 % des cas déclarés de chlamydia et 44 % des cas déclarés de gonorrhée étaient recensés chez les 15-24 ans en 2011.
  • 75 % des étudiants sondés sont satisfaits de leur vie sexuelle.

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