Psychologie

Maternité: tout ce qu’on ne nous dit pas

La maternité, c’est l’une des plus belles aventures de la vie. Mais c’est aussi tout un défi et on n’y arrive pas forcément bien préparée.

Portrait de Maude Michaud, La Parfaite Maman Cinglante, et son livre Mieux survivre à ta maternité

Photo: Julie Artacho

Pour nous aider à faire face à cette responsabilité, l’auteure du célèbre blogue La Parfaite Maman Cinglante, Maude Michaud, a rassemblé ses observations dans un livre aussi drôle que déculpabilisant. Un titre évocateur: Mieux survivre à ta maternité, clin d’œil à la bible maternelle qu’est le Mieux vivre avec son enfant, publié par le gouvernement du Québec et remis à toutes les nouvelles mamans. Elle y révèle tout ce qu’aucun livre n’a jamais osé nous dire. On s’en est donc inspiré pour exposer quelques grandes vérités qu’on découvre quand on devient mère.

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1) On ne contrôle rien

Après avoir porté son enfant pendant 40 semaines (on oublie le 9 mois, une grossesse, ça dure presque 10 mois), on arrive à un stade où on a hâte de le rencontrer. On fait un plan de naissance, on tente de s’imaginer comment ça va se passer. Mais la réalité, c’est qu’on ignore tout de la façon dont ça va se dérouler. Malgré les cours prénataux, on ne sait pas à quoi s’attendre.

En fait, il y a de fortes chances qu’une grande partie de notre plan de naissance prenne le bord. C’est une première leçon de lâcher-prise maternel. Il faut se donner le droit de changer d’idée et, surtout, ne pas s’en vouloir si l’accouchement naturel qu’on avait imaginé se transforme en césarienne d’urgence. Comme le dit Maude Michaud, «la façon dont ton bébé va venir au monde ne change absolument rien au p’tit trésor qu’il deviendra ni à la relation que tu auras avec lui».

Il est même possible qu’on perde le contrôle de ses sphincters et qu’on fasse caca en délivrant. Ça arrive à (presque) toutes. On espère être l’exception, mais quand on pousse pendant plusieurs heures, soyons franches, c’est tout ce qu’il y a de plus naturel.

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Photo: Stocksy/Marta Locklear

2) On peut écouter les conseils des autres sans les suivre

Quand on arrive à la maison avec son enfant, on se sent la plupart du temps bien dépourvue face à ce petit être qu’on ne connaît pas encore. On ne sait pas si on attache sa couche assez serrée, si on s’y prend bien pour laver son cordon ombilical pas encore détaché, s’il boit assez, s’il dort assez, si ses 36 cacas jaunes et liquides par jour sont normaux…

En cas de doute, on se tourne vers les 48 livres sur la maternité (qui se contredisent tous), vers sa mère (dont les notions sur la question ne sont plus tout à fait à jour) ou vers les groupes Facebook de parents (où on risque de démarrer un conflit aux proportions nucléaires si on aborde certains sujets délicats).

Devant ces centaines d’avis, on peut soit tenter de tous les suivre et perdre la tête, soit choisir et assumer. Il y aura toujours quelqu’un pour penser qu’on se trompe, et quelqu’un d’autre pour nous encourager. «Il n’y a pas de mal à t’informer ou à demander un avis. Mais rappelle-toi une affaire: la réponse ultime à toutes tes questions concernant ton enfant, c’est toi qui la détiens parce que personne ne le connaît mieux que toi», souligne Maude Michaud.

Alors, qu’on ait envie d’essayer de dormir avec lui ou d’utiliser la technique du 5-10-15, de le nourrir au sein ou au biberon, de lui donner des purées à trois mois ou pas avant six mois, on se fait confiance. Et on ne juge pas les autres mamans parce que, elles aussi, elles font de leur mieux.

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Photo: Stocksy/Michela Ravasio

3) On survit au manque de sommeil

La fatigue nous frappe bien souvent dès le premier trimestre. On s’endort n’importe où, peu importe l’heure. Mais ce n’est qu’un avant-goût. Le niveau d’épuisement mental qu’on peut atteindre après six semaines sans dormir plus de deux heures d’affilée est indescriptible. «Imagine-toi la pire fatigue que tu peux ressentir et multiplie ça par mille. Tu y es? Ben c’est cent fois pire que ça», écrit Maude Michaud.

Ce manque de sommeil provoque des symptômes qu’on ignorait jusque-là. On a de la difficulté à terminer une phrase parce que, après trois mots, on ne se souvient plus de ce qu’on voulait dire. Un rien nous fait pleurer. La moindre activité (prendre une douche, par exemple) nous semble aussi complexe que partir une semaine en camping en Antarctique.

Un coup de main peut nous aider à passer au travers. Ne pas hésiter à demander à papa, grand-maman ou une amie. Une nuit de sommeil complète peut recharger les batteries et nous permettre de survivre aux prochaines semaines.

Le pire dans tout ça, ce que pile au moment où on commence à reprendre le dessus, à ranger la maison, à faire les repas et à s’occuper de bébé sans avoir trop de «broue dans le toupet», on doit retourner au travail et découvrir un tout nouveau stade de fatigue.

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Photo: Stocksy/Ammenthorp Photography

4) On doit composer avec un corps post-grossesse

On y a toutes cru. On a toutes pensé qu’on enfilerait ses jeans quand Junior aurait six mois, au plus tard. En allaitant, en allant marcher souvent, en suivant des cours de cardio-poussette ou de Zumba maman-bébé, on était certaines d’y arriver.

La vérité, c’est que les mamans fitness qui peuplent le web, celles qui ont des abdos découpés et une taille de guêpe deux semaines après leur accouchement sont une exception. Alors, mieux vaut se préparer mentalement à porter des pantalons à taille élastique encore longtemps.

«Quand tu te regardes en soupirant dans le miroir au cours de la première année suivant la naissance de ton bébé, la première affaire que tu devrais te rappeler c’est que tu viens d’accoucher et que tu es en plein apprentissage de ton rôle de mère, en plus de tenir celui de ménagère, de blonde et d’employée. Ça fait que vas-y mollo sur la pression que tu te mets sur les épaules pour ressembler à Britney Spears en 2001. […] Ah, pis de grâce, sacre ta balance aux vidanges! C’est pas un indicateur que t’es belle ni que t’es bien dans ta peau. Ça fait qu’entre toi et moi, ça sert pas à grand-chose», argumente l’auteure.

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Malgré la fatigue, le caca, les livres en trop et les grands dilemmes, la maternité est fantastique. La preuve, plusieurs décident de remettre ça et de concevoir un deuxième et un troisième enfant. Tout l’amour qu’on ressent pour ces petits êtres qui nous gardent éveillée, épuisée et à bout de patience en vaut la peine.

«Tu auras beau te faire suer plus souvent qu’autrement, courir comme une poule pas de tête et être greyée de cernes de quatre pouces d’épais, un simple sourire de ton enfant va réussir à faire de toi la femme la plus comblée de la terre», résume la Parfaite Maman Cinglante.

C’est ça, l’amour inconditionnel!

Mieux survivre à ta maternité, par Maude Michaud, Trécarré, 216 pages, 22,95 $

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