Couple et sexualité

Parents à temps plein, couple à temps partiel

La famille de Karen et de Raymond Paquin possède deux codes postaux. L’un à Burlington, au Vermont, où la famille réside à temps plein, et l’autre, à Montréal. Raymond y passe plusieurs jours par semaine pour le travail et malgré les 155 km, le couple à temps partiel (et la famille) fonctionne!

Photo: Maude Chauvin

Karen Paquin, 49 ans, agente de développement au Vermont Symphony Orchestra, à Burlington. Raymond Paquin, 41 ans, professeur à l’Université Concordia, à Montréal. Parents de Hanlan, 12 ans, et de Braden, 9 ans.

La petite histoire. Se sont connus à New York en 1999 et mariés en 2001. En 2008, la famille s’est implantée à Montréal, où Raymond venait d’obtenir un poste permanent à Concordia. Karen en a profité pour faire sa maîtrise. Six ans plus tard, elle a décroché un boulot à Burlington, où elle s’est installée avec les enfants. Ils vivent donc loin l’un de l’autre depuis deux ans.

Au jour le jour. Tous les mardis ou mercredis, Ray prend l’autocar pour Montréal, où il partage un appartement avec un colocataire. Trois ou quatre jours plus tard, il fait la route en sens inverse. Pendant son absence, Karen devient une « chef de famille monoparentale » qui travaille à temps plein. « On s’envoie parfois des textos, dit-elle. Mais on ne réussit même pas à se parler tous les jours. À l’heure où les enfants se couchent, Ray est souvent en cours ou en réunion. »

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Les défis. Ils sont nombreux ! Financiers d’abord (deux toits, ça coûte plus cher qu’un seul). Pratiques ensuite. « Quand je suis seule à jongler avec le travail, la maison, l’école et les cours de danse des enfants, je me sens en mode survie, dit Karen. Mais je fais tout mon possible pour qu’ils ne le sentent pas. » Ray, de son côté, a l’impression d’avoir deux existences. Le plus difficile : être coupé de la vie familiale la moitié du temps. « Je suis toujours en retard d’un épisode, déplore-t-il. Il faut chaque fois reprendre le fil, accepter d’avoir raté ceci ou de ne pas avoir participé à telle décision. » Et puis, il a fallu composer avec le fait que, oui, sa famille peut vivre sans lui quelques jours. « Et ç’a été beaucoup plus difficile à accepter que je le pensais… »

Les bons côtés. En début de semaine, Karen va bosser pendant que papa trimballe les enfants, s’occupe des repas et des devoirs. « Je n’avais jamais autant pris part à la vie quotidienne, admet-il. Et j’adore ça. Même si j’ai dû débusquer le cliché du bon père de famille pourvoyeur qui traînait dans mon inconscient ! » Et quand Ray arrive à Montréal, il peut se concentrer sur son travail de prof et de chercheur.

Tous les deux en conviennent : cette vie coupée en deux n’est pas idéale. Mais elle a tout de même des effets bénéfiques. « On planifie davantage, de façon à mieux utiliser le temps passé ensemble », dit Karen. « Ça a exigé plusieurs conversations sérieuses sur notre couple et notre famille, complète Ray. Et notre relation s’en trouve approfondie. »

L’avenir. Combien de temps peut-on vivre ainsi ? La question donne lieu à un long silence. Raymond adore son travail et son équipe. Et un poste de professeur universitaire, ça ne se trouve pas tous les jours. « Une chose est certaine, dit Karen. On ne déracinera pas les enfants avant que Braden ait terminé son secondaire, dans huit ans. »

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