Santé

Santé : les tests à passer

Une radio, une écho, un scanner, c’est toujours bon, vrai? Euh… Peut-être pas. En fait, ils ne sont pas tous nécessaires et comportent même certains risques. Comment savoir?


 

Ma copine Geneviève est hypocondriaque. Elle s’est mis dans la tête de passer une batterie de tests à titre de « mesure préventive ». Elle pense même à une tomodensitométrie – appelée couramment scanner – de tout le corps, offerte dans certaines cliniques privées. C’est, paraît-il, fort populaire aux États-Unis.

Geneviève s’est dit qu’elle pourrait ainsi s’assurer (en échange de 600 $ à 1 000 $) qu’elle est en bonne santé et qu’aucune tumeur n’est en train de faire des ravages dans son organisme. « Mais attention », lui dis-je. L’Association canadienne des radiologistes (ACR) met le public en garde contre cet examen qui émet des doses de radiations de 500 à 1 000 fois plus élevées qu’une radio des poumons. On le sait maintenant, les radiations – très puissantes et répétées – augmentent le risque de cancer. « Cette intervention peut créer un faux sentiment de sécurité, signale la Dre Johanne Blais, médecin de famille et professeure à l’Université Laval. Ce n’est pas parce qu’aucun cancer n’a été détecté le 1er septembre qu’on n’en aura pas un le 3. »

Un sur trois. C’est le nombre de scanners et autres examens d’imagerie inappropriés ou inutiles prescrits chaque année au pays, selon l’ACR. De surcroît, plusieurs enquêtes menées notamment par le très respecté Institut canadien d’information sur la santé font état de variations considérables dans les doses de radiations utilisées pour des examens semblables. Déjà en 2001, le Vérificateur général du Québec sonnait l’alarme : « L’état de l’équipement diagnostique au Québec représente un danger pour la population », écrivait-il dans son rapport. Les appareils sont loin d’avoir tous été changés depuis!

Voilà au moins une raison de ne pas quitter le cabinet de son médecin sans l’avoir interrogé (voir l’encadré Les tests médicaux : mode d’emploi) quand il ordonne un examen impliquant des radiations – surtout si la dose est élevée, comme c’est le cas pour le scanner.

Si possible, on s’informe de la puissance du rayonnement. La majorité des médecins britanniques et américains, selon des études, ne se rendraient pas compte des doses de radiations que reçoivent les patients! Et ici? L’ACR con­seille de demander à son praticien si un examen sans émissions de radiations (comme l’imagerie par résonance magnétique ou l’échographie) ne pourrait pas remplacer le scanner.

« Les examens inutiles sont de moins en moins fréquents, assure la Dre Blais. Cela dit, des docteurs qui cochent trop de cases sur les formulaires de bilan sanguin, il y en aura toujours… »

Les tests médicaux : mode d’emploi

Noter les tests qu’on passe
Dresser la liste de tous les examens qu’on subit, la date et le motif de chacun. S’il est possible de mettre la main sur les résultats, on peut constituer son propre dossier médical.

Réclamer des explications
Quand on doute de l’utilité d’un test que réclame son médecin, on n’hésite pas à lui demander pourquoi il le prescrit et quels en sont les effets indésirables.

Rafraîchir la mémoire de son médecin
Rappeler à son médecin tout facteur qui pourrait rendre un examen douloureux ou désagréable. S’il prescrit un test d’imagerie par résonance magnétique (IRM), lui signaler tout problème aux reins ou des antécédents de claustrophobie. Enfin, si on a déjà passé plusieurs examens de tomodensitométrie ou avec rayons X, on est en droit de chercher une solution de rechange au scanner…

Et l’examen général? Les choses ont changé depuis l’époque où l’on en recommandait un par année. Un examen complet tous les deux ans est aujourd’hui la norme. « Et encore, tout dépend de l’âge et des facteurs de risque de chacun », précise la Dre Raymonde Vaillancourt, du Groupe de médecine familiale Jacques-Cartier, à Sherbrooke. Elle juge qu’un bilan sanguin tous les cinq ans suffit chez une femme de moins de 40 ans en santé. « Toutefois, si elle a des antécédents familiaux d’hypertension, de cholestérol ou de diabète, on ordonnera un examen tous les trois ans. »

Cet examen, chez les femmes, comprend la mesure de la tension artérielle, l’auscultation (au stéthoscope) du cœur et des poumons, la palpation de l’abdomen (pour détecter une augmentation éventuelle du foie, de la rate ou des reins), la vérification du poids, la mesure de la taille et du tour de taille, le suivi de troubles déjà diagnostiqués (le cas échéant) et l’examen clinique des seins si la patiente a plus de 40 ans. Avant cet âge, on ne le fait que si elle le réclame, les seins étant trop denses pour que les résultats soient fiables.

Des éléments que l’on a tendance à oublier? « La mise à jour des vaccins, en particulier celui contre le tétanos, répond la Dre Vaillancourt. La plupart des gens laissent passer plus de 10 ans entre les rappels, une très mauvaise idée. »

Guide des examens de routine

Test de Pap
Les Canadiennes devraient subir le premier à 21 ans, d’après les dernières directives de la Société des obstétriciens-gynécologues du Canada. Un deuxième devrait suivre un an plus tard. Si ces deux examens ne révèlent aucune anomalie et que la patiente est non fumeuse, un test de Pap tous les deux ou trois ans suffira jusqu’à l’âge de 69 ans.

Examen général
Dès la vingtaine, les femmes en bonne santé devraient se soumettre à un examen général tous les deux ans et celles qui ont des problèmes, chaque année.

Mammographie et examen des seins
Un examen clinique des seins au moins tous les deux ans est souhaitable dès la quarantaine. On recommande de discuter avec son médecin de l’opportunité de passer une mammographie entre 40 et 49 ans. Selon le Programme québécois de dépistage du cancer du sein, les femmes de 50 à 69 ans devraient passer une mammographie de dépistage tous les deux ans.

Tension artérielle
Elle devrait être vérifiée tous les deux ans et plus souvent si la personne fait partie d’un groupe à risque (antécédents familiaux d’hypertension).

Cholestérol
On conseille, surtout s’il y a des cas de maladies cardiovasculaires dans la famille, de faire mesurer son taux de cholestérol à partir de 50 ans, et même plus tôt si on présente des facteurs de risque.

Colonoscopie
Selon la Société canadienne du cancer, les gens de plus de 50 ans devraient se soumettre à cet examen tous les 10 ans, si la première colonoscopie n’a détecté aucun polype, et tous les 3 ans dans le cas contraire. En cas d’anté­cédents familiaux de cancer du côlon, on passe le premier test à 40 ans.

Ostéodensitométrie
À partir de 65 ans, toutes les femmes devraient vérifier – par un test d’ostéo­densitométrie, notamment – si elles sont atteintes d’ostéoporose, selon Ostéoporose Canada.

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