Ma parole!

J’ai survécu à 3 jours sans les enfants

« J’avais hâte de me retrouver en tête à tête avec mon mari, mais ça me faisait peur en même temps. » Les petits chez les grands-parents, Geneviève Pettersen est partie dans le bois pendant 3 jours avec son chum. Et ils ont survécu.

Pour la première fois en fin de semaine, je me séparais de mon fils de 17 mois durant plus de 24 heures. Oh, il lui est arrivé de se faire garder un après-midi par sa mamie et il fréquente un service de garde depuis peu, mais il n’avait jamais fait dodo ailleurs sans moi.

Même si j’ai eu deux autres enfants avant lui et que je savais que mon bébé serait en sécurité, et surtout, qu’il aurait beaucoup de plaisir en compagnie de ses grands-parents, je n’ai pas pu empêcher mon cerveau, la veille du jour J, d’élaborer mille scénarios catastrophes:

  • Il allait se noyer dans l’étang derrière chez ma mère.
  • Il allait avaler un bleuet de travers et s’étouffer.
  • Il ne dormirait pas de la nuit et appellerait à l’aide du fin fond de sa couchette.
  • Il allait casser son petit bras en tombant d’un lit.
  • Il allait se faire frapper par un tracteur.
  • Il allait peut-être bien même se faire enlever par des extra-terrestres.

À LIRE: Gérer les chicanes familiales 

Heureusement, en me levant ledit matin, j’étais plus sereine que la veille au soir et j’avais hâte de prendre le bois avec mon chum. D’ailleurs, je vous raconterai dans un prochain billet pourquoi nous sommes allés nous perdre dans la forêt saguenéenne trois jours de temps.

Ma.parole.Sans.enfants.Mains.Article

Photo: iStock

Oui, vous avez bien lu : TROIS jours. Avouez que vous m’enviez. Trois jours sans les enfants, à pouvoir égrener le temps comme bon me semble. Soixante-douze heures de liberté totale, où j’ai pu manger ce que je voulais (tout sauf du pâté chinois, des pâtes et des gold fish), faire des siestes l’après-midi, lire et discuter avec mon amoureux sans qu’une petite personne nous interrompe parce qu’elle veut du lait ou est écoeurée de se pogner le beigne dans le salon.

J’avais hâte de me retrouver en tête à tête avec mon mari, mais ça me faisait peur en même temps. On a tous entendu parler de ces couples qui n’ont plus rien à se dire et n’ont pas d’autres sujets de discussion que les enfants. Je me suis demandé si ce serait notre cas. Après tout, nous avions pris nos dernières vacances il y a plus de 2 ans.

Avant la naissance de notre troisième enfant, nous avions l’habitude de partir ensemble au moins trois fois par année. Je m’en voudrais de passer sous silence la grâce que ma mère et son conjoint nous font en acceptant de garder nos mousses pendant qu’on essaie de souffler un peu. Sans ces grands-parents très impliqués et bien conscients de l’importance de s’accorder des moments en couple, il nous serait impossible de bénéficier de ces pauses familiales essentielles.

À LIRE: Mes 5 coups de coeur simples de l’été

J’avais peur qu’on n’ait rien à se dire, donc. Je vous rassure tout de suite, ce ne fut pas le cas. On a parlé de toutes sortes d’affaires et quasiment pas des enfants. Cette petite escapade m’a rappelé pourquoi j’étais amoureuse de mon mari et m’a confirmé que même si nous avions décidé de ne pas avoir d’enfants ensemble, je voudrais tout de même être sa femme. Je sais que c’est un petit peu quétaine, mais ce que j’essaie de dire, c’est que c’est important, selon moi, de revalider périodiquement la force de sa relation de couple et de se demander si on partage sa vie avec l’autre pour les bonnes raisons. Je souligne au passage que l’hypothèque et la peur de la solitude ne sont pas, dans mon livre à moi, des raisons suffisantes pour être en couple.

Oui, ça peut être angoissant de se livrer à l’exercice de se retrouver en tête à tête plus qu’une soirée et qu’on peut avoir de mauvaises surprises. Sauf que vaut mieux savoir à quoi s’en tenir que de demeurer dans une relation parce qu’on a peur de briser sa famille.

Pour ce qui est de mon fils, il ne s’est ni noyé ni étouffé. Et ma benjamine me confirme qu’elle n’a aperçu aucune soucoupe volante au-dessus du chalet de mes parents.

 

Pour écrire à Geneviève Pettersen: genevieve.pettersen@rci.rogers.com
Pour réagir sur Twitter: @genpettersen
Geneviève Pettersen est l’auteure de La déesse des mouches à feu (Le Quartanier)

 

POUR TOUT SAVOIR EN PRIMEUR

Inscrivez-vous aux infolettres de Châtelaine
  • En vous inscrivant, vous acceptez nos conditions d'utilisation et politique de confidentialité. Vous pouvez vous désinscrire à tout moment.