Il y a autant de désirs, d’envies, de projets qu’il y a de gens.
Marie-Claude Brière, 47 ans, Gaspé
La jeune femme et la mer
Native de Montréal, Marie-Claude Brière voulait vivre au bord de la mer. Elle a même fait des études en géographie, question d’assouvir ses désirs de grands espaces et de liberté. Mais une femme seule ne peut pas partir avec un enfant sous le bras pour aller s’établir au bout du monde, se raisonnait-elle. Elle a travaillé en marketing, en réseautage d’affaires, en démarrage d’entreprises, à Montréal, puis à Trois-Rivières. « Le plus souvent possible, j’allais jouer dans le sable à Pointe-du-Lac en imaginant que le lac Saint-Pierre était salé. » Mais elle n’y croyait pas vraiment. Alors, elle a pris sa décision : elle irait en Gaspésie, le bout du monde le plus accessible pour elle. Hasard de la vie, elle a rencontré un Gaspésien d’origine installé à Drummondville. Il rêvait de retourner chez lui, mais pas tout seul. C’était en 2001. Ils sont partis en repérage à Gaspé. «Économiquement, la région émergeait d’une période noire, raconte-t-elle. Il y avait plein de choses à faire. Quel beau terrain de jeu ! » Les deux tourtereaux ont remis leur démission le même jour. Et sont allés recommencer leur vie à Gaspé, où Marie-Claude s’est jointe à un organisme de développement régional. Les premières années n’ont pas été faciles. « Le rythme de vie, l’attitude ne sont pas les mêmes. Trop pressée, j’avais l’air d’un golden retriever dans un magasin de porcelaine et j’ai peut-être froissé des gens. » Elle a quitté son emploi, s’est payé un bel épisode d’épuisement. Finalement, il y a huit ans, elle a fondé son entreprise de communication, qui fonctionne très bien merci. Gestion de communautés, organisation d’événements, relations de presse, elle touche à tout, talent indispensable dans un petit milieu. Elle a eu deux autres enfants, « des petites locales qui se baignent en eau froide et chantent à Petite-Vallée ». Et elle s’est calmée. « La vue, le regard sur l’infini, ça fait du bien. Je travaille encore 50 heures par semaine, mais la plus belle plage du monde est à deux kilomètres d’ici. Je vais marcher, je reviens le sourire aux lèvres. Je suis bien. »