Il y a autant de désirs, d’envies, de projets qu’il y a de gens.
Dominique Lebel- Bouchard, 31 ans, Bassin, Îles-de-la-Madeleine
L’infirmière photographe
Adolescente, Dominique Lebel faisait du dessin et de la peinture. Puis, une fois adulte, elle a rangé pinceaux et couleurs, a choisi une profession et commencé sa carrière. C’était en 2003, elle avait 19 ans. Elle aimait beaucoup son travail d’infirmière auxiliaire auprès des personnes âgées aux Îles-de-la-Madeleine, où elle a toujours vécu. Mais il manquait quelque chose à sa vie. Quoi ? Elle ne savait pas trop. À la suggestion de son conjoint (« Tu serais bonne, il me semble. »), elle s’est acheté un petit appareil photo, a développé ce nouveau hobby. Il avait raison, elle était bonne. Mais surtout, elle adorait ça et le sentiment de vide qui l’habitait depuis longtemps l’a quittée. Ce qui lui manquait, a-t-elle compris, c’était l’expression artistique. Elle s’est procuré un meilleur appareil, des lentilles, a potassé des manuels. Elle s’est perfectionnée, seule, tant qu’elle a pu. Alors, quand la Loi sur l’équité salariale lui a valu un petit magot, elle l’a investi dans de l’équipement studio. « Je ne savais pas comment ça fonctionnait, mais au moins je l’avais », dit-elle. Puis, en 2010, elle a vidé sa banque de vacances de l’hôpital pour s’exiler à Montréal deux mois, le temps de suivre un cours intensif de photographie. De retour dans son archipel, elle a lancé sa petite entreprise. « La nuit, je bossais à l’hôpital, et le jour, je faisais des contrats. » L’infirmière auxiliaire a cédé de plus en plus de temps à la photographe. Depuis un an, Dominique ne travaille à l’hôpital qu’un jour par semaine et gagne sa vie avec son art. « Ton bonheur, tu le fais toi-même », résume la Madelinienne.