Des femmes de la génération Y qui changent le monde.
Lida Sara Nouraie
Avocate en droit pénal et criminel au cabinet Desrosiers, Joncas, Nouraie, Massicotte, chargée de cours à l’UQÀM, 33 ans, Québec
En plus d’être avocate associée, chargée de cours et mère d’une fillette de 10 mois, vous consacrez bénévolement plus de 20 heures par semaine au Projet Innocence Québec. Cet organisme aide des personnes qui se disent accusées à tort d’un crime et qui n’ont plus de recours devant les tribunaux. Avec une équipe d’étudiants en droit et mon conjoint, lui aussi avocat, nous refaisons les enquêtes. Jusqu’à maintenant, nous avons réussi à démontrer un cas d’erreur judiciaire, et deux autres sont devant les tribunaux. Je m’investis à fond là-dedans parce que ça me ramène à la raison fondamentale pour laquelle j’ai choisi ce métier : réparer des injustices. C’est ce que je répète à la ronde depuis l’âge de quatre ans ! Vous êtes également préoccupée par l’accès à la justice. Il faut trouver le moyen que tous aient droit à un avocat compétent, y compris les plus démunis. C’est pourquoi j’ai choisi, par l’entremise de la Société Elizabeth Fry du Québec, de défendre les femmes incarcérées pour faciliter leur réintégration. Je souhaite éviter qu’elles se retrouvent encore dans des situations précaires. Comment faites-vous pour conjuguer une vie professionnelle aussi dense et la maternité ? C’est vrai que, dans le domaine du droit, les mesures de conciliation travail-famille présentent d’énormes lacunes. L’université nous prépare mal aux sacrifices qu’il faut faire. Ma solution a été de fonder le Groupe Nouraie, où les avocats sont tous des salariés qui planchent ensemble sur des dossiers plutôt que d’être en compétition les uns contre les autres. C’est un concept rare en droit criminel – d’habitude, les avocats sont à leur compte. Le travail en équipe permet pourtant d’avoir plus de temps pour la famille ou des projets personnels. Espérons que le modèle se répande !