Entrevues

Dominique Vallée: au boulot!

Rencontre avec l’ex-athlète en planche à voile olympique et présidente de Do Sport, à Trois-Rivières.

Dominique Vallée

Photo: Louise Savoie

Ce que je fais dans la vie

Après ma retraite de la planche à voile olympique, en 2012, j’ai fondé une entreprise spécialisée en surf à pagaie (SUP). On y conçoit et fabrique des planches de SUP rigides et gonflables, des planches de surf et des kayaks. Do Sport est aussi affilié à 16 écoles au Québec qui offrent des cours de conditionnement physique, de yoga et de descente de rivière en planche à pagaie, entre autres.

À quoi ressemble mon quotidien

Je peux aussi bien vider les poubelles que faire le suivi avec les fournisseurs ou du démarchage à l’étranger pour conquérir des marchés. Comme unique actionnaire de la compagnie, ma responsabilité est énorme. Mais ce n’est pas un one woman show : je suis très bien entourée. J’emploie maintenant une équipe de 12 personnes.

Je conseille aux filles…

De ne pas s’empêcher de mener leur barque à leur façon, même si ça vaut la peine de réfléchir aux conseils qu’on reçoit. Je ne suis pas en couple, je n’ai pas d’enfant – même s’il y en a beaucoup dans ma vie, puisque j’ai longtemps été coach de voile. J’ai passé presque toute mon existence à voyager : j’ai visité 50 pays, dont certains plus de 15 fois ! Ça m’a souvent valu des remarques : « Un jour, la vie normale va te rattraper ! » Au début, ça m’enrageait. « C’est quoi ça, une vie normale ? Ta vie, je n’en veux pas ! » Mais on finit par se détacher du regard des autres et, avec les années, ceux-ci abandonnent l’idée d’essayer de nous changer.

Ma routine beauté

Je mets du rouge à lèvres et j’applique le Double Serum de Clarins sur mon visage, mais je ne descends pas plus bas : pas le temps ! [Rires] Il le faudrait par contre, car le soleil, l’eau salée, le froid et le vent font vieillir prématurément la peau des planchistes. J’ai la même coupe de cheveux depuis le secondaire, et c’est ma mère qui fait mes mèches… Ça ne fait pas très magazine féminin, hein ?

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Des traits qui me caractérisent

Mes amis me disent très énergique et dynamique… Sans agressivité, cela dit. Mais je peux être étourdissante ! Je voudrais embarquer tout le monde dans mes projets. Si j’ai longtemps été du genre à dire tout haut ce que je pense, avec l’expérience, j’ai appris à être plus stratégique. Une qualité qui me sert comme femme évoluant dans les univers très masculins que sont la voile et l’industrie manufacturière.

Ma philosophie

J’ai toujours été bien dans ma vie, sans rêver qu’elle soit autrement. Rien n’a été planifié – pas même ma carrière d’athlète, amorcée à 20 ans. Mes coachs me répétaient : « Mais qu’est-ce que t’attendais ? » Quand je m’investis, par contre, j’y vais à fond.

Dominique Vallée

Photo: Louise Savoie

Ce qui m’importe le plus

Être présente pour les autres. Pour moi, perdre un ami est la pire chose au monde. J’en ai de tous les âges, de 6 à 100 ans, éparpillés un peu partout sur la planète, et je prends grand soin d’eux. Je suis prête à sauter dans un avion demain matin pour aller à leur rescousse. Et l’inverse est aussi vrai.

Une leçon que j’ai apprise

Au début de ma carrière sportive, je n’en avais que pour moi, moi, moi, moi… J’étais obsédée par mes performances, au point d’être déconnectée de mon environnement. Je ne remarquais même pas la couleur de l’eau sur laquelle je naviguais. Et je n’étais pas à l’écoute. Ce sont mes parents qui m’ont fait prendre conscience de cela. Je suis devenue bien meilleure le jour où j’ai cessé de me comporter comme une machine.

Comment je gère le stress

J’en ressens peu. La pression inhérente à la vie d’athlète m’a sans doute préparée à composer avec ma réalité actuelle. Les obstacles qu’on rencontre en entreprise ne m’empêchent pas de dormir ! Il faut dire que j’en ai vu d’autres. À trois reprises, les Jeux olympiques m’ont échappé… Dont une fois par ma seule faute, en 2008. J’étais alors au zénith de ma carrière. Mais lors de la dernière étape des qualifications au championnat du monde de Nouvelle-Zélande, alors que je menais la course,j’ai mal négocié un virage et je me suis fait dépasser par mes concurrentes. À 50 mètres de la ligne d’arrivée ! Ç’a été terrible.

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Mon ambition

Je faisais fabriquer mes produits en Chine avant, mais je n’étais pas satisfaite de la qualité. Alors j’ai rapatrié la majorité de la production à Trois-Rivières en début d’année, même si ça coûte plus cher en main-d’œuvre. J’ai investi toutes mes billes, car je crois fermement à ce que je fais. Je compte vendre mes produits aux États-Unis, au Canada et en Europe.

Une chose étonnante à mon sujet

Je n’aime pas être dans l’eau et je suis mauvaise nageuse ! [Rires] Ce qui me rend heureuse, c’est de glisser à la surface des vagues, portée par le vent… Une sensation de liberté extraordinaire que j’ai découverte, enfant, sur le lac Saint-Pierre. Aujourd’hui, je fabrique les jouets avec lesquels je m’amuse.

Pour être entrepreneure…

Il ne faut pas craindre de perdre ce qu’on a. Quand une personne me dit qu’elle souhaite se lancer en affaires, mais qu’elle est attachée à sa stabilité et à son confort financier, je lui suggère de s’orienter vers autre chose. Il faut pouvoir vivre avec l’éventualité d’être forcée de repartir à zéro.   

Mon style

Difficile à décrire… Surfer girl, j’imagine ? Ce sont mes amis qui m’achètent mes vêtements. Cela dit, j’aime bien paraître quand je sors. Pendant ma vie d’athlète, j’étais souvent invitée à des soirées VIP où la robe chic était obligatoire, et j’y prenais plaisir. C’était comme un jeu de rôle. Mais depuis mon retour au Québec, tout ça dort dans le fond de la garde-robe. Le plus souvent, je suis en guenilles et je pue la résine ! [Rires]

Un livre qui m’a beaucoup marquée

It’s Not About the Bike, du cycliste américain Lance Armstrong. Je n’ai pas aimé le sportif, et encore moins l’homme – je l’ai trouvé narcissique. Mais ça m’a forcée à réfléchir aux valeurs que je voulais moi-même véhiculer en tant qu’athlète.


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