Entrevues

Brunilda Reyes, fondatrice des fourchettes de l’espoir

Dire qu’elle croyait arriver dans un pays riche ! À peine débarquée à Montréal-Nord, la Chilienne Brunilda Reyes découvre qu’il y a beaucoup à faire. Depuis, elle s’active pour changer la vie de ses concitoyens…

Des repas complets pour trois dollars. Des petits-déjeuners à un dollar. Et livrés à domicile pour quelques pièces… Ce sont là les miracles quotidiens qu’accomplissent Les Fourchettes de l’espoir, une entreprise d’économie sociale de Montréal-Nord, fondée et dirigée par Brunilda Reyes, une dynamo au teint basané et au sourire rayonnant.

Cette Chilienne d’origine s’engage dans l’action citoyenne dès son arrivée ici en 1995. Membre d’un comité de parents à l’école de ses enfants, elle constate que beaucoup d’élèves arrivent en classe l’estomac vide. Un choc pour elle, qui croyait que la faim n’existait pas dans les pays développés ! En 2001, avec une poignée de collaborateurs, elle ouvre un resto populaire pour soutenir les familles de cette ville, devenue depuis un arrondissement montréalais. Les Fourchettes de l’espoir étaient nées.

L’initiative fait des petits. Dans l’année qui suit, sont mis sur pied des ateliers culinaires et un camp de jour d’été pour les enfants de 4 à 12 ans. Le but : leur apprendre dès le plus jeune âge à manger sainement et à cuisiner à peu de frais. « Fin juin, quand on sert les repas, les enfants refusent le céleri et le brocoli, dit Brunilda Reyes. À la fin de l’été, les assiettes se vident. »

Les Fourchettes de l’espoir ne remplissent pas que les estomacs. Elles nourrissent aussi l’âme. Autour de la table, les petits se confient aux employés et aux bénévoles. « Un garçon de huit ans m’a déjà dit : “J’aurais voulu être médecin, mais je ne peux pas parce que je suis pauvre” », raconte Brunilda. Pour inciter ses protégés à réaliser leurs rêves, elle invite des « vedettes » à parler de leur jeunesse en animant des activités à l’école de cuisine. « Il fallait voir la tête des enfants quand Bruny Surin leur a dit qu’il avait été décrocheur avant de devenir sprinteur olympique ! »

Le camp de jour offre aussi du travail à des jeunes de 18 à 30 ans, dont plusieurs flirtent avec la délinquance. Ils s’occupent du jardin communautaire et encadrent les gamins dans leurs activités. « Au début, ils sont maladroits avec les enfants. Puis, ils découvrent leurs capacités et en tirent une grande fierté. »

Bien sûr, Brunilda Reyes ne travaille pas seule… En ralliant divers acteurs politiques et communautaires de Montréal-Nord, elle vient encore de réaliser un miracle : la mise en chantier d’un complexe de 30 logements sociaux destinés à des mères célibataires, qui hébergera aussi plusieurs organismes de soutien dès juillet 2010. « Je voulais changer le monde au Chili. Finalement, c’est au Québec que je le ferai. »

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