Entrevues

Confessions : Pascale Montpetit par elle-même

Avec elle, on n’est jamais très loin des larmes, de plaisir ou de douleur. Car cette comédienne sensible et polyvalente sait faire rire autant qu’émouvoir. Qu’on songe à la fébrile Henriette (Eldorado) ou à l’extravagante Nycol (Pure laine)… Entre deux répétitions pour le théâtre, elle s’est prêtée au jeu des confessions, avec finesse et générosité.

Quelle est la facette de votre travail qui vous intéresse le moins ?
D’être appelée, pour des raisons promotionnelles, à parler d’une pièce ou d’une émission alors qu’on ne l’a pas encore jouée ou enregistrée. J’aime mieux faire les choses que d’en parler.

Qu’est-ce qui vous fait rire ?
François Pérusse et Marc Labrèche. L’acteur américain Will Ferrell. L’acteur français Édouard Baer. La bande d’acteurs du Splendid – Josiane Balasko, Gérard Jugnot, Christian Clavier et compagnie. L’acteur anglais Ricky Gervais et l’humour britannique en général. L’équipe de comédiens d’Histoires de filles en répétition… Les chiots maladroits. Mon amoureux a inventé un personnage qui s’appelle « le petit chien mal doublé », qui me fait hurler de rire.

Votre film-culte ?
J’ai été complètement ébranlée par La vie en rose, avec Marion Cotillard en Édith Piaf. Quelle interprétation grandiose !

Avez-vous des regrets ?
Plein ! J’ai pris quelques fois de mauvaises décisions. Mais que faire, sachant que sur le coup on agit toujours au meilleur de sa connaissance ?

Pensez-vous parfois à la mort ? À la vieillesse ?
Si je n’y pense pas, les autres me le rappellent. Quand je me fais appeler « madame » Montpetit, je me retourne en pensant que c’est une blague. Eh non !

Quelle est la personne vivante que vous admirez le plus, et pourquoi ?
Nelson Mandela a réussi un tour de force. Il a sorti l’Afrique du Sud de l’apartheid en évitant une guerre civile. Il a convaincu les gens que la vengeance ne les mènerait nulle part. Je trouve que c’est un politicien qui ne vit pas sur sa réputation, alors qu’il aurait le luxe de le faire.

Avez-vous un désir inassouvi ?
J’aimerais aller en Russie, pour voir le pays natal d’auteurs que j’ai aimé lire. J’aimerais jouer dans une comédie musicale. J’aimerais incarner un personnage historique au cinéma. Une coureuse des bois de la Nouvelle-France, pourquoi pas ? J’aimerais faire de la création avec un groupe.

La personne que vous auriez aimé rencontrer ?
La liste est longue. Entre autres Leonard Cohen, Louise Arbour, Michel Vuillermoz, que j’ai vu jouer Cyrano de Bergerac à la Comédie-Française et dont je suis tombée amoureuse raide.

Si vous pouviez changer quelque chose de votre physique ou de votre personnalité, qu’est-ce que ce serait ?
J’aimerais avoir moins besoin de sommeil. Je dors 9 et même 10 heures par nuit.

Êtes-vous devenue sage ?
Quand j’étais plus jeune, je me croyais différente des autres, maintenant je pense que je suis comme tout le monde. J’imagine que c’est une forme de sagesse.

Qu’est-ce qui vous passionne en ce moment ?
La possibilité de changer de toutes petites choses. Actuellement, j’essaie d’apprendre à respirer plus lentement. Quand j’y arrive, ça change beaucoup de choses !

Quelle qualité essentielle voulez-vous retrouver chez vos amis ?
L’humour et l’ouverture d’esprit.

De qui êtes-vous le plus proche dans votre famille ?
La famille est une tribu dont je me suis éloignée pendant quelque temps et dont je me suis rapprochée par la suite. On a beau faire, on est liés comme par une force électromagnétique. Je sais maintenant qu’on s’aime beaucoup et pour de bon.

Ce qui vous motive dans la vie ?
Ma curiosité me mène par le bout du nez. Et mon désir d’apprendre. Pour moi, une journée au cours de laquelle j’ai appris quelque chose est une journée réussie.

Quels souvenirs avez-vous de votre premier amour ?
Il s’appelait – et s’appelle toujours – Michel. Il avait des yeux comme des charbons ardents. Il aimait la forêt, il connaissait le nom des arbres, il partait camper avec son canot. Il est journaliste aujourd’hui. Je pense qu’il se reconnaîtra.

Quels furent les événements les plus marquants de votre enfance ?
J’avais un strabisme – les yeux croches – qui m’obligeait à porter un cache-œil comme celui du pirate Maboule à l’époque de la diffusion de l’émission du même nom. Je me suis fait écœurer !

Le meilleur conseil qu’on vous ait donné ?
Une personne avisée m’a dit un jour : « Tu t’en fais trop. Ne t’en fais pas ! » Béatrice Picard m’avait aussi dit : « Si, au cours d’une représentation, on n’est pas content de soi parce qu’on se sent à côté de ses souliers, il faut continuer de jouer et chasser le malaise. Une réplique à la fois, une balle à la fois, comme les joueurs de tennis. »

Où avez-vous été le plus heureuse ?
À ma maison de campagne. Quand je me lève le matin et que je fais le tour du terrain avec mon chien pour regarder les arbres et les fleurs.

Qu’est-ce qui vous fait vraiment peur ?
Me faire dévorer par un requin. J’ai peur des maladies, comme le cancer, qui s’installent dans le corps sans qu’on s’en rende compte.

Quelle est votre définition du bonheur ?
Les Slaves disent qu’il y a toujours un peu de joie quand on est triste et un peu de tristesse quand on est joyeux. Je ressens un peu les choses comme ça. J’éprouve un bonheur parfait quand les enfants de mes sœurs s’élancent vers moi en disant : « Tante Pascale ! »

Quelle a été votre première désillusion ?
C’est arrivé assez tôt. Mon père ne voulait pas qu’on croie au père Noël à la maison. Plus tard, je suis tombée sur une réflexion de Henry Miller avec laquelle je suis d’accord, même si elle semble un peu chagrine : « Ce qui peut arriver de mieux à quelqu’un, c’est de perdre ses illusions. »

Qu’est-ce qui vous impressionne ?
Les gens doués d’un talent combiné à une grande capacité de travail qui les amène à accomplir de belles choses. Je suis à plat ventre devant ceux qui savent faire rire. Les comiques, auteurs ou acteurs.

Qu’est-ce qui vous ennuie profondément ?
Magasiner. Je le fais au pas de course. Je n’aime pas non plus faire à manger, même si je considère que c’est une activité des plus nobles qui soient. Au bout de 30 secondes, je tombe dans la lune. Si je suis toute seule, je finis par me préparer un bol de céréales pour souper.

Qu’est-ce qui vous met en colère ?
Les objets mal conçus qui brisent au bout d’un an.

Le don que vous voudriez posséder ?
J’aimerais avoir une voix riche et timbrée comme celle de Sophie Faucher. J’aimerais pouvoir composer de la musique. Pour dire la vérité, je voudrais être très, très drôle et chanter très, très bien.

Quelle est, selon vous, la plus grande injustice de la vie ?
Celle qui est liée aux hasards géographiques. Les gens nés au Sud n’ont pas le même destin que ceux qui sont nés au Nord. La vie pour certains est une lutte quotidienne et même un calvaire. Ce n’est pas juste. Et ce n’est pas vrai qu’on ne peut rien faire pour que ça change.

Les artistes ont-ils une responsabilité sociale ?
Bien sûr, comme tout le monde d’ailleurs. Paul Newman, à qui on reprochait d’avoir appuyé le Parti démocrate, a répondu : « En devenant acteur, je n’ai pas renoncé à ma citoyenneté, que je sache. »

Le geste le plus fou que vous ayez fait ?
Je suis allée en Haïti et au Sri Lanka malgré l’avis du ministère du Commerce extérieur, qui déconseillait de le faire pour des raisons de sécurité.

Avez-vous des auteurs préférés ? Un livre qui vous a inspirée, transportée ?
Quand j’ai mis le pied dans l’univers de Dany Laferrière, ça a fait bing bang badaboum boum ! J’ai lu tous ses livres en quelques jours.

Trois choses que vous avez accomplies dont vous êtes le plus fière ?
Avoir été admise au Conservatoire d’art dramatique de Montréal. Avoir pu vivre de mon métier depuis. Et, après avoir pelleté du charbon dans les mines obscures de mon inconscient, m’être à peu près réconciliée avec moi-même.

Un objet auquel vous tenez mordicus et que tout le monde trouve ridicule ?
Il paraît que je porte parfois des vêtements démodés.

Quand vous vous regardez dans le miroir, que voyez-vous ?
Je trouve que j’ai l’air d’un singe, ma foi, plutôt sympathique !

Quel autre métier (ou profession) auriez-vous aimé exercer ?
J’aurais aimé faire des études universitaires. La biologie m’aurait tentée.

Quelle question détestez-vous le plus vous faire poser ? Pourquoi ?
Les questions auxquelles on doit répondre par oui ou par non. C’est pas pour me vanter, mais j’ai un sens aigu de la relativité des choses !

Complétez la phrase : « Je serai satisfaite quand… »
J’aurai signé une œuvre, écrit un livre ou fabriqué un film.

Qu’allez-vous faire dans les temps qui viennent ?
Je commence à répéter L’imprésario de Smyrne de Goldoni au Théâtre du Nouveau Monde.

POUR TOUT SAVOIR EN PRIMEUR

Inscrivez-vous aux infolettres de Châtelaine
  • En vous inscrivant, vous acceptez nos conditions d'utilisation et politique de confidentialité. Vous pouvez vous désinscrire à tout moment.