Entrevues

Madeleine Giauque relève un défi à sa mesure

Châtelaine salue la nomination de Me Madeleine Giauque qui dirigera le nouveau Bureau des enquêtes indépendantes sur le travail des policiers.


Madeleine Giauque
Procureure en chef

La bête noire du crime organisé devient le chien de garde des citoyens

Il y trois ans déjà, nous l’avions désignée notre battante de l’année. Voici ce que nous avions écrit à cette occasion.

Vous savez, l’étudiante de 23 ans sortie de l’université avec tous les honneurs pour entreprendre une carrière flamboyante?? Eh bien, ce n’est pas elle. Madeleine Giauque est la preuve qu’on peut avoir un parcours différent et accomplir de très grandes choses.

Elle  est  aujourd’hui procureure en chef au Bureau de lutte au crime organisé. Ce long titre signifie qu’elle dirige l’équipe de 12 procureurs chargée de mettre en accusation pour meurtre des membres des Hells Angels, arrêtés en  2009 dans le cadre de l’Opération SharQc. En 2004, alors principale procureure de la  Couronne, , elle avait réussi à faire condamner  17 motards (Rockers et Nomads)  pour complot pour meurtre à la suite du superprocès qui s’est étiré de 2001 à 2004.

Les chemins faciles, très peu pour Maître Giauque. Devenue mère à 17 ans, elle s’est retrouvée chef de famille l’année suivante. Elle a travaillé pendant 10 ans comme secrétaire dans un bureau d’avocats avant de s’avouer qu’elle avait envie d’autre chose.

«J’ai passé ma jeunesse à dire “Ce n’est pas juste, ce n’est pas juste” chaque fois que quelque chose me semblait inéquitable, dit-elle. Alors, j’ai décidé d’aller m’inscrire en droit.» Elle a mis deux ans et demi à terminer la première année du bac. «Il fallait bien que cet enfant mange?! dit-elle. J’étudiais à temps partiel en travaillant à temps plein.» Puis, elle a fait le contraire?: fini ses études à plein temps tout en faisant des travaux de secrétariat à temps partiel. Quand elle a finalement été admise au Barreau, elle avait 35 ans.

Très tôt, elle a choisi le droit criminel et s’est retrouvée, dès le début de sa carrière, dans des causes de trafic de drogue. «Je rêve d’un monde où les gens seraient en sécurité, dit-elle. Je voudrais que les enfants puissent se promener dans la rue sans danger. Qu’une femme puisse rentrer chez elle à deux heures du matin sans avoir peur. Et puis, j’aime le droit complexe.»

Madame est servie. Un procès comme celui de l’Opération SharQc, auquel elle travaille depuis 2009, implique de travailler comme une fourmi à monter des dossiers (l’équivalent de plusieurs camions de déménagement remplis de documents…), à étoffer la preuve, à prévoir toutes les objections. «Très formateur, dit-elle. Moi qui étais impulsive, j’ai dû apprendre à prendre mon temps.»

Ce bateau, le plus gros procès criminel jamais tenu au Canada, elle le quitte ces jours-ci, pour s’embarquer dans un autre. Le 12 janvier prochain, elle entrera dans son nouveau bureau.

 

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