Ma parole!

Les enfants et le consentement sexuel

Enseigner ce qu’est le consentement sexuel, ça ne devrait pas commencer à l’adolescence, croit notre chroniqueuse Geneviève Pettersen.

Ma_parole

La notion de consentement fait la manchette depuis le mouvement #AgressionNonDénoncée. Nous avons d’ailleurs célébré la semaine dernière le premier anniversaire (notre article: Agression non dénoncée, un an après) de cet élan. Je me rends cependant compte que la question du consentement demeure nébuleuse pour pas mal de gens. On se demande ce qu’est un véritable consentement à un acte sexuel et on tente de peine et de misère de tracer une limite. Nous sommes tellement dans le brouillard face à cette notion que la BBC a créé une série consacrée au consentement. Dans Is this rape? le concept est simple: on place 24 ados dans une pièce et deux acteurs simulent une relation sexuelle. Les adolescents doivent ensuite statuer si la scène est un viol ou une relation sexuelle consensuelle. On se rend vite compte que tous les jeunes n’ont pas la même définition de ce qu’est un rapport sexuel librement consenti.

À LIRE: Témoin d’une agression sexuelle ? Voici comment intervenir.

J’ai regardé quelques scènes de cette émission et je me suis demandé si on pouvait enseigner ce qu’il faut faire ou pas à notre belle jeunesse. Je me suis mise à penser à mes filles (mon garçon est encore un bébé alors je l’ai exclu de l’exercice) et tout d’un coup ça m’a frappée comme une tonne de briques : depuis qu’elles ont deux ou trois ans, j’ai moi-même contribué à brouiller les frontières du consentement. Comment ai-je pu faire une telle chose? Eh bien, c’est tout à fait banal et on le fait toutes à un moment ou à un autre : en obligeant nos filles à donner un bisou à un invité même quand elles n’en ont pas envie, ou en les sommant de faire un câlin à un ou une amie après une soirée d’anniversaire alors qu’elles nous signifient clairement que ça ne leur tente pas pantoute. J’ai fait ça un nombre incalculable de fois sous prétexte que c’était impoli de ne pas faire la bise à grand-maman ou de ne pas serrer mononcle Jean-Paul dans ses bras, parce qu’il nous visite « rien qu’une fois par année ». En agissant de la sorte, j’ai accidentellement, j’en ai peur, envoyé un message selon lequel il faut parfois consentir à des rapprochements physiques, même si on n’en a pas envie. Mes filles sont encore des enfants, et on ne parle pas de relations sexuelles, c’est vrai. Sauf qu’inconsciemment, le ver est dans la pomme, j’en ai bien peur.

À lire sur le blogue TPL Moms, une autre réflexion inspirante sur le sujet: Des bisous, c’est tout doux (mais facultatif).

À ÉCOUTER: notre balado portant sur #AggressionNonDénoncée :

Pour écrire à Geneviève Pettersen: genevieve.pettersen@rci.rogers.com
Pour réagir sur Twitter: @genpettersen
Geneviève Pettersen est l’auteure de La déesse des mouches à feu (Le Quartanier)

 

POUR TOUT SAVOIR EN PRIMEUR

Inscrivez-vous aux infolettres de Châtelaine
  • En vous inscrivant, vous acceptez nos conditions d'utilisation et politique de confidentialité. Vous pouvez vous désinscrire à tout moment.