Reportages

Pourquoi les parents fuient l’école publique

Pour de plus en plus de parents, l’école privée est la voie royale vers la réussite. Ont-ils tort ou raison?

Students Taking Biology Test

Photo : Corbis

François-Xavier ferait donc plaisir à sa mère s’il réussissait les examens d’entrée du vénérable Collège de Montréal cet automne.

L’affaire est bien engagée. Le jour de notre rencontre à leur condo du Plateau, début juillet, le frêle garçon aux yeux océan, mine sérieuse, lunettes rondes au bout du nez, ramenait son meilleur bulletin à vie : 82% pour l’ensemble de sa cinquième année.

« C’est en bas de la moyenne de sa classe, mais je suis hyper contente », dit Isabelle, la maman. Elle venait de scruter à la loupe ses résultats.

L’année durant, elle l’a talonné, admet-elle, faisant et défaisant son épais chignon. Assez pour que la pédiatre qui suit François-Xavier pour un trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité la sermonne au sujet de la pression qu’on met sur les enfants. « Je voulais qu’il maintienne une moyenne d’au moins 75% », explique-t-elle pour se justifier. C’est que le Collège de Montréal accorde beaucoup d’importance au bulletin de cinquième année. « Mais bon, faut pas virer fou ! » Elle a tout de même inscrit son fils à des séances de préparation aux tests d’admission : cinq samedis, à compter du mois de septembre.

Convaincue que l’école publique ne saurait encadrer F.-X., un petit garçon « grouillant » à l’âme d’artiste (il excelle au piano), elle est prête à vendre sa maison de Charlevoix, son patelin d’origine, pour débourser les 5 000 dollars par année que coûte le privé. Plus le iPad, plus les uniformes, plus les activités spéciales.

Il faut dire que l’école secondaire Jeanne-Mance, dans son quartier, n’a jamais brillé dans le défunt palmarès des écoles secondaires du magazine L’actualité – Isabelle a dûment vérifié. L’établissement a beau offrir un programme d’éducation internationale depuis trois ans, son fils unique n’y mettra pas les pieds. « Over my dead body ! Sinon, il va décrocher en troisième secondaire. Ça a l’air d’une prison ! »

Pas la peine de visiter. Dans le voisinage, composé en grande partie d’Européens « très exigeants en matière d’éducation », on n’y envoie pas ses enfants. Fin de la discussion.

Le public, lieu de perdition…

Qu’il s’agisse d’experts en éducation ou de la direction de commissions scolaires ou d’établissements privés, personne n’est étonné quand j’évoque la méfiance qu’inspire l’école secondaire publique à la dizaine de parents et d’ados interviewés. « Je nage là-dedans depuis 15 ans », soupire Josée Bouchard, présidente de la Fédération des commissions scolaires du Québec.

Les histoires truculentes abondent. Des gens qui cachent les difficultés de leur fille adorée, de peur qu’elle ne soit pas admise au privé. D’autres qui débarquent en panique chez la directrice d’une école publique parce que fiston n’a pas répondu aux critères d’un collège huppé : « Qu’avez-vous à offrir à mon fiiiils ? »

Au-delà de l’anecdote, il y a les statistiques. Au début des années 1970, 1 élève sur 20 allait à l’école secondaire privée au Québec. Aujourd’hui, c’est un sur cinq – et même un sur trois dans les grandes régions de Montréal et de Québec. Quant à l’école primaire publique, elle a encore la cote, bien que, depuis quelques années, elle perde des joueurs au profit du privé, qui accueille maintenant 7% des écoliers.

Drogue, violence, intimidation, organisation sclérosée, manque de discipline, enseignants démotivés: à en croire les commentaires recueillis, l’école secondaire publique est un foutoir, un repaire d’adolescents débridés.

En inscrivant leurs héritiers au privé, les parents pensent s’acheter une « garantie de succès », se désole Sophie Proulx, directrice de la Commission scolaire des Trois-Lacs, à Vaudreuil-Soulanges. « Ils s’imaginent qu’il y aura moins de problèmes, ça les rassure. »

« C’est utopique, peut-être », admet Mélanie Gauthier, éducatrice spécialisée dans un organisme d’aide aux enfants handicapés de Vaudreuil. Sa fille aînée, Megan, endosse ces jours-ci pour la première fois la jupe à carreaux et le polo vert du collège Bourget, à Rigaud. « Mais comme je paie, je pourrai chialer si le service n’est pas à la hauteur. »

Le bon bulletin du privé

A-t-elle raison ? L’école privée est-elle vraiment meilleure ? C’est une des questions les plus pertinentes en éducation, estime Éric Dion, professeur au Dépar­tement d’éducation et formation spécialisées de l’UQAM. Mais l’une des moins étudiées. « Politiquement trop controversée ! » C’est que, au Québec, l’État finance à la fois les écoles publiques et les privées. Cette vieille entente avec le gouvernement n’a jamais fait l’affaire des partisans d’un système d’éducation gratuit pour tous, méfiants à l’égard de l’école privée « élitiste ».

L’économiste Philip Merrigan est l’un des seuls à avoir mesuré, avec des collègues de l’UQAM, l’effet du privé sur les performances scolaires. Ses conclusions : l’ado qui passe du public au privé améliore en moyenne de 4 points son classement sur 100 en mathématiques.

Autre coup de cartable sur la tête de l’école publique : les jeunes qui la fréquentent sont trois fois plus nombreux à décrocher et obtiennent de moins bons résultats aux examens du Ministère en cinquième secondaire (une moyenne de 79,9 % au privé, contre 74,1 % au public). C’était du moins le portrait en 2011, selon le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport.

Le fait que le privé choisisse ses élèves expliquerait ce décalage, selon l’hypothèse la plus populaire chez les experts. On peut imaginer, en effet, que la trigonométrie et les participes passés passent mieux auprès d’ados disciplinés et compétitifs.

Sur le marché du travail, les diplômés des collèges privés ont aussi une longueur d’avance, soutient Mircea Vultur, sociologue spécialisé en insertion profes­sionnelle à l’INRS. Il le sait pour avoir
interviewé quantité d’employeurs.

« Plus que jamais, ils accordent de la valeur aux écoles dont sont issus les candidats », remarque-t-il. C’est que les jeunes frais émoulus des universités abondent : à diplôme équivalent, comment déterminer qui est le plus compétent ? Les patrons cherchent alors d’autres signaux.

« Les écoles privées apportent du prestige à une candidature, à tort ou à raison, dit-il. On présume que le jeune s’y accomplit davantage. » Grâce à des occasions de voyage, par exemple.

Angleterre, Allemagne, Autriche, République tchèque : à 15 ans, Matisse Larocque et Jade Villeneuve ont déjà du millage au compteur. À l’instar d’autres institutions privées, celle qu’ils fréquentent, le collège Charles-Lemoyne, à Longueuil, organise souvent des expéditions. Cette année, Matisse ira au Rwanda faire de l’aide humanitaire – déplacement agrémenté d’un safari-photo – pendant que Jade, sa copine, fera une tournée en France dans une troupe de théâtre. On est loin de la chasse au trésor dans le Vieux-Montréal.

Matisse est persuadé que le privé le prépare mieux à sa future carrière de graphiste. Inscrit au programme multimédia, il est supervisé par une prof « ultra-compétente » et travaille déjà avec un équipement sophistiqué, alors qu’au public « on fait des maquettes en papier mâché », dit-il de sa voix grave et posée.

Corbis

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Visite en « enfer »

« On a un sérieux problème d’image », se désole la présidente des commissions scolaires du Québec. D’une part, les palmarès d’écoles publiés dans les médias les « écorchent beaucoup », dit-elle. Et, pour ne rien arranger, le réseau public publicise peu ses bons coups.

Qui sait, par exemple, que ses élèves de deuxième secondaire se sont classés premiers au Canada (et parmi les premiers dans le monde !) selon l’Enquête internationale sur la mathématique et les sciences, en 2012 ? Qui sait qu’on assiste à une forte baisse du décrochage scolaire depuis 10 ans ? Aux tests du Program for International Student Assessment (PISA), qui évaluent les connaissances de base des jeunes de 15 ans aux quatre coins du monde − en lecture, en maths et en sciences −, le Québec s’en tire bien au-dessus des moyennes. Pas si pourri, donc, son système d’éducation.

C’est ce que se tue à dire Patrick Maisonneuve. Jeune gestionnaire dans le vent, avec ses boucles rousses longuettes, sa monture de lunettes noire et sa chemise blanche sans cravate, le directeur du Chêne-Bleu, à Pincourt, fait des pieds et des mains pour convaincre les parents que son école publique vaut bien le privé.

L’affaire n’est pas dans le sac : dans la région, la rumeur veut que la police y débarque chaque semaine. Je m’attendais d’ailleurs à un bâtiment aux allures de centre correctionnel, peuplé de caïds en formation. Mais non.

L’école en brique grise et en bois aux lignes épurées est ­bordée de feuillus, de platesbandes et d’hibiscus en fleurs. À l’accueil trône Francine Bissonnette, maman autoproclamée de l’établissement. Des ados en polo jasent dehors. Ici, l’uniforme partiel est obligatoire et on vouvoie ses profs. « Le chandail avec notre logo, c’est pour créer un sentiment d’appartenance, explique Patrick Maisonneuve. Et puis, ça fait l’affaire des parents. » Le réseau public doit les écouter davantage, croit-il – comme le font les écoles privées.

Terrain de soccer, radio étudiante en chantier, voyages humanitaires au Guatemala, brigade pour lutter contre l’intimidation : Patrick Maisonneuve souligne à gros traits les réalisations de son monde. Kelly-Anne Forget, par exemple,  a réalisé cette année Contagion, une websérie de 10 épisodes qu’on peut voir sur YouTube. Pour cette petite brune passionnée, l’aventure du cégep vient tout juste de commencer. Son passage au Chêne-Bleu l’a « tout à fait outillée », m’assure-t-elle.

« Paraît qu’il y a pas mal de drogue et de violence ici ? » Le directeur s’est éloigné, on va parler des “vraies affaires”. Kelly-Anne et son copain, Sébastien, ont plein d’amis qui étudient dans des ­collèges privés, et c’est partout pareil, ­affirment-ils. Des policiers interrogés par les médias dans les dernières années confirment du reste que l’école privée est aussi le théâtre de trafic de drogue. « Il y a toujours une petite gang qui sème le trouble. Suffit de ne pas s’en occuper », dit Kelly-Anne. De toute façon, il y a de la surveillance dans la cour.

L’encadrement figure d’ailleurs parmi les avantages que les parents apprécient le plus à la commission scolaire dont relève le Chêne-Bleu, selon un sondage de 2009. « Ce n’est pas la jungle », soutient la jeune fille, qui s’amuse de la réputation sulfureuse du public. Quant aux professeurs, rien à redire à leur sujet : selon son expérience, la plupart débordaient d’énergie et se souciaient des élèves.

Deux systèmes, mille réalités

David Bowles, directeur du collège Charles-Lemoyne, se dit « convaincu » que les profs du public sont aussi compétents que ceux de son équipe. Lui-même y a œuvré avant de choisir l’autre réseau en raison des conditions de travail. « Même qu’ils doivent gérer des situations beaucoup plus difficiles », observe-t-il.

C’est ce que constate Éric Dion, dont l’expertise en prévention des difficultés d’apprentissage en lecture le mène ­souvent dans des écoles secondaires publiques. « Il y a des fois où il faudrait quasiment que l’armée débarque, tant les jeunes sont désorganisés. » Les profs doivent composer avec des cas de grande pauvreté, d’agression sexuelle, de négligence parentale, de toxicomanie…
« Les enseignants font un travail extraordinaire dans les circonstances. On ne le dit pas assez. »

Mais, non, il n’enverrait pas son fils dans ces écoles-là, admet-il. Dans d’autres, par contre, zéro hésitation. « J’ai l’impression de changer de planète tant le portrait varie selon les quartiers. »

« Attention, certaines écoles privées sont aussi peu recommandables », nuance Jacques Roy, sociologue et chercheur à l’Université Laval. L’excellence et la médiocrité se voient partout, selon ce spécialiste des facteurs de réussite scolaire.

Ce qu’il faut chercher, a-t-il découvert, ce sont des profs attentifs, des activités parascolaires variées, un environnement agréable, la passion du savoir, le sentiment d’appartenance. Des qualités qu’on peut trouver autant dans une école de quartier que dans un collège huppé.

Et encore : au-delà du choix de l’école, le facteur de réussite le plus important, c’est l’implication des parents, insistent des chercheurs. La culture de l’effort développée à la maison, l’importance accordée aux études, l’affection, l’encadrement. « L’école privée la mieux cotée ne pourra rien pour un enfant qui ne trouve pas ça chez lui », croit le sociologue Mircea Vulture.

Après, il y a le hasard des rencontres. Les valeurs préconisées par la société. Les bouleversements de l’économie et de la politique. Les livres, les films, la musique, les voyages. Tout ça façonne un destin, explique Pierre Lapointe, professeur à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal. Il croit même qu’on exagère l’importance de l’école parmi les facteurs de réussite. Elle pèserait pour moins de 20 % dans l’ensemble de l’œuvre, selon les recherches des pédagogues Bill Mulford et Halia Silins.

« En somme, on ne rate pas sa vie parce que sa candidature a été boudée par tel collège caracolant en tête des palmarès », dit-il, s’indignant au passage de la pression inouïe que génèrent les examens d’entrée des écoles privées. Tout un marché de cahiers préparatoires et de coachs s’y est d’ailleurs greffé. Cela préoccupe le directeur de la Fédération des établissements d’enseignement privés (FEEP), Jean-Marc Saint-Jacques, qui, en 30 ans de carrière, n’a jamais observé autant de stress de performance chez les jeunes. Secoués par un sondage où plus de la moitié des 44 000 élèves consultés se disaient démotivés par leurs études (43 % qualifiaient aussi leur vie de « très ou assez stressante » !), des collèges privés ont même laissé tomber les tests d’admission.

Isabelle, la maman de François-Xavier, réfléchit souvent à ça, même si elle met le paquet pour que son fils soit accepté au privé. « Je voudrais qu’il réussisse là où j’ai échoué », réalise-t-elle. Formée à l’école publique, comme son chum, Patrice, elle jouit tout de même d’une situation enviable. Patrice a du succès au cinéma, elle-même y a fait carrière avant de se consacrer aux malentendants. Condo ravissant, voyages, amis… La vie n’est pas triste. En fait, le bât blesse surtout quand Isabelle se compare à une cousine diplômée d’une école privée renommée. Qui travaille maintenant à New York… « Mais bon, soupire-t-elle. L’histoire ne dit pas si elle est plus heureuse. »

Le poison de la sélection

Si Mélanie Gauthier a choisi le collège Bourget pour sa fille Megan, c’est surtout à cause du niveau des élèves qui le fréquentent.

Pas qu’elle soit snob ; l’éducatrice spécialisée de 36 ans est même embarrassée de dire que son enfant va au privé. Elle a grandi dans une famille pauvre du quartier Saint-Henri, à Montréal – le quartier de Bonheur d’occasion, sillonné par les rails de chemin de fer. Chez elle, c’est la seule à avoir un diplôme.

Sa vivacité d’esprit lui avait valu d’être classée dans un groupe de douance à l’école secondaire de son quartier – le genre d’école où la moitié des élèves décrochent. « C’était bien, mais j’aurais été capable d’en prendre plus », dit la petite femme ronde au crâne rasé, dont les performances scolaires attisaient les railleries des chenapans.

Les chiens ne font pas des chats : Megan aussi est douée. Elle fera partie du groupe enrichi à Bourget. Son désir d’apprendre sera nourri à sa pleine mesure, croit sa mère. « On a passé des tests, seuls les meilleurs ont été choisis, raconte Megan. On va pouvoir pousser au maximum nos capacités. » Pas de tataouinage parce que les autres ont du mal à suivre. Mélanie n’a pas senti le même « goût de l’école » dans les écoles publiques de sa région.

« Leur raisonnement n’est pas fou », constate le pédagogue Éric Dion. Selon les études, fréquenter des élèves motivés et performants agit comme un tonique et peut améliorer ses propres résultats scolaires. Or, les « calés » sont plus nombreux dans les collèges privés, car ces derniers ont l’avantage de la sélection. Alors que le public a pour mission de scolariser tout le monde, la grande majorité des écoles privées n’acceptent ni les ados qui souffrent de graves problèmes d’apprentissage ni ceux ayant des troubles de comportement.

« Le privé est plus accessible que jamais », tempère Jean-Marc Saint-Jacques, qui dirige la Fédération des établissements d’enseignement privés du Québec (FEEP). Oui, il y a des tests d’admission, mais c’est surtout pour placer le jeune dans le bon groupe, dit-il. De plus en plus d’écoles permettent même aux élèves en difficulté de faire les deux premières années du secondaire en trois ans au sein de classes réduites.

Les collèges ont changé de cap en raison de la baisse démographique, qui mettait en péril leur survie, mais aussi parce que jouer les élitistes passe mal auprès
des nouvelles directions, affirme David Bowles, 35 ans, directeur du collège Charles-Lemoyne.

Bref, de nos jours, le privé n’est plus un club de « bollés » réservé aux riches, comme c’était le cas il y a 40 ans. Les deux tiers des parents qui y inscrivent leurs enfants ont un revenu familial inférieur à 80 000 $ par an, révélait un sondage commandé par la FEEP en 2005.

« C’est peut-être ça, le problème du public, estime Éric Dion : la grande accessibilité des écoles privées au Québec. » Ces dernières sont les moins chères en Amérique du Nord, car l’État finance plus de la moitié des droits de scolarité. Si bien que des gens à revenus moyens, comme Mélanie Gauthier, peuvent se permettre d’y envoyer leur progéniture, au prix de certains choix de consommation.

Ce drainage des élèves les plus forts vers le privé a pour conséquence d’appauvrir la population des écoles publiques, observe le chercheur. D’une part, ceux qui en arrachent ne bénéficient plus de la présence des performants ; d’autre part, les écoliers moyens sont entraînés vers le bas. En effet, un jeune dont les aptitudes scolaires sont normales a moins de chances de réussir dans une école densément peuplée d’élèves faibles, selon des études américaines. « C’est encore pire depuis que les écoles publiques sélectionnent aussi », dit Pierre Lapointe, qui a copublié une étude à ce sujet. Depuis 15 ans, pour séduire les parents tentés par le privé, le public a instauré une panoplie de programmes particuliers : arts-études, sciences-études, éducation internationale, etc. En 2008, la moitié des élèves des écoles publiques de l’île de Montréal étaient inscrits dans l’un de ces programmes. « Ce sont surtout les moyens et les performants qui en profitent », admet Josée Bouchard, présidente de la Fédération des commissions scolaires du Québec.

En somme, la « course à la clientèle » entre le privé et le public désavantage bien des jeunes, regrette Pierre Lapointe.

Sophie Proulx a observé le phénomène à l’école secondaire Cité-des-Jeunes, à Vaudreuil. Un programme d’éducation internationale avait été implanté à la fin des années 1990, attirant beaucoup d’ados ferrés. Résultat : les autres classes manquaient de dynamisme. Il a donc été aboli. « Ça ne préparait personne à la vraie vie, où on côtoie toutes sortes de monde », dit-elle. Désormais, les élèves sont plutôt regroupés selon leurs intérêts – arts, sciences, sports.

Sensible aux disparités sociales, Mélanie a pensé à tout ça au moment d’inscrire Megan au privé. « Mais pas longtemps, avoue-t-elle. Je sais que c’est égoïste mais ma priorité, c’est que ma fille accède à ce qu’il y a de mieux. »

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