Culture

Livre: Ce qu’elles disent, le nouveau roman de Miriam Toews

Miriam Toews dévoile les propos de mères, filles et sœurs dans un roman vibrant.

Photo: Stocksy / Melanie DeFazio

Ce qu’elles disent, Boréal, 264 pages, traduction par Lori Saint-Martin et Paul Gagné.

L’histoire

En 2011, huit hommes d’une communauté mennonite de Bolivie ont été condamnés à de lourdes peines d’emprisonnement, après avoir été reconnus coupables d’agressions sexuelles sur de nombreuses femmes et petites filles entre 2005 et 2009. Ces maris, frères ou fils plongeaient leurs victimes dans l’inconscience à l’aide d’un anesthésiant vétérinaire et, au matin, celles-ci, meurtries, ignoraient ce qui leur était arrivé. On avait vite fait de les accuser de mentir, d’être la proie de démons, de fantômes, ou encore d’imaginer tout ceci. En écho à ces faits réels, Miriam Toews a écrit une fiction offrant à ces femmes l’occasion de décider de la suite des choses. Réunissant quelques-unes d’entre elles dans un grenier à foin, elle leur laisse la parole dans Ce qu’elles disent.

Les personnages

Elles sont huit, de tous les âges, assises sur des seaux à lait. Greta et Agata, les aînées; leurs filles et petites-filles, Mariche (souvent battue par son mari), Mejal, Autje; Ona (lumineuse malgré la narfa, dépression nerveuse, enceinte à la suite d’un viol), sa sœur Salomé (explosive, bien décidée à modifier, sinon à fuir les lois moyenâgeuses de la colonie), sa nièce Neitje, dont la mère, de désespoir et de honte, s’est suicidée.

August Epp, instituteur, amoureux d’Ona depuis l’enfance, seul homme accepté dans cette assemblée, doit transcrire les débats de ces femmes analphabètes et rendre compte de la décision qui en ressortira: ne rien faire, rester et se battre, ou partir.

On le lit

Parce que l’univers sombre et douloureux de cette histoire est éclairé par l’énergie vitale de ces femmes mennonites, rejetant le climat d’obscurantisme dans lequel elles vivent depuis toujours, n’acceptant plus la défaite imposée par la loi de l’homme, qu’il tiendrait de Dieu. Bien qu’analphabètes, elles possèdent un savoir et une puissance, le sens de la justice et de la parole donnée, la force de l’entraide. Margaret Atwood a vu dans ce roman une parenté avec La servante écarlate.

Miriam Toews (Photo: Carol Loewen)

L’autrice

Miriam Toews

Naissance en 1964 à Steinbach (Manitoba), dans une communauté mennonite qu’elle quittera à 18 ans. Études aux universités du Manitoba et de King’s College à Halifax. En 1996, mère de deux jeunes enfants, elle publie un premier roman, Summer of My Amazing Luck (non traduit), tout en travaillant comme journaliste pigiste.

En 2004, Drôle de tendresse remporte le Prix du Gouverneur général (œuvre de fiction en anglais) et se classe en tête des succès de librairie au pays, conférant une soudaine notoriété à son autrice. Jamais je ne t’oublierai (2013) et Pauvres petits chagrins (2015) racontent le suicide de son père en 1998 et celui de sa sœur en 2010.

Miriam Toews «mêle le rire et les larmes pour concocter un élixir qui est l’essence même de la vie», a écrit Ron Charles, critique littéraire au Washington Post.

Miriam Toews vit à Toronto avec son compagnon l’écrivain Erik Rutherford, près de ses enfants, ses petits-enfants et sa mère.

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