Choisir les bonnes espèces
Le basilic, la coriandre, le persil, la ciboulette et l’oseille sont les plus faciles à cultiver chez soi. On se tourne donc vers ces espèces, surtout si on n’a pas la main verte !
Quant aux autres plantes méditerranéennes, comme le romarin, la sauge et le thym, c’est une autre paire de manches, avertit Camile Lebée, horticulteur pour les frères Birri, au marché Jean-Talon. « Elles entrent en dormance l’hiver », dit-il. Une jardinière aguerrie peut réussir à faire pousser ces aromates, mais tenter de les tenir en éveil toute l’année va à l’encontre de leur cycle naturel.
Les vivaces ? Mieux vaut les oublier. Ces plantes ont besoin de leur repos hivernal. « Le cycle des températures extrêmes du Québec est trop difficile à reproduire dans la maison », poursuit le maraîcher.
Ne pas entrer ses pots à l’automne
Pour éviter qu’une infestation de pucerons ruine ses efforts, on résiste à la tentation de rentrer les plants qui ont poussé dehors tout l’été, même s’ils semblent en pleine forme.
De nombreux supermarchés vendent des fines herbes en pot toute l’année. Le producteur Les herbes gourmandes en propose plus d’une vingtaine de variétés. « On choisit un nouveau plant en santé, conseille Camile Lebée. C’est-à-dire exempt de points noirs et d’insectes, avec des tiges vigoureuses et des feuilles tendres. » Une fois à la maison, on le rempote dans un pot de 10 à 15 cm avec un bon terreau d’empotage. Une couche de billes d’argile – ou les morceaux d’un pot en terre cuite brisé – dans le fond du récipient assurera un bon drainage.
Apprendre à bouturer et à diviser
On peut aussi démarrer son jardin d’hiver avec des boutures. Il s’agit de couper une tige d’environ 5 cm, et de plonger sa base dans l’eau, le temps que des racines sortent. Cela sera plus rapide si la tige est petite et qu’elle a seulement deux ou trois feuilles, car elle concentrera alors son énergie dans les radicelles.
Pour la ciboulette et la menthe, l’idéal est de diviser un plant mature. On en prélève une petite section avec ses racines, puis on met cette dernière en terre dans un pot de 10 cm.
La culture du persil est plus exigeante : on devra semer des graines. On s’équipe donc d’un bac de germination et d’une lampe de croissance pour plantes d’intérieur. Et on patiente… Deux mois s’écouleront avant de pouvoir en cueillir un bouquet.
Assurer le bon éclairage
Toutes les plantes ont besoin d’un minimum de 6 à 8 heures de lumière par jour. Si on peut leur en offrir plus, c’est encore mieux.
Et chacune a ses préférences. Le romarin, la sauge et le thym aiment les bains de soleil. On les place à une vingtaine de centimètres d’une fenêtre plein ouest. La menthe apprécie davantage la lumière indirecte. Tourner les pots d’un quart de tour plusieurs fois par semaine leur assurera un éclairage uniforme.
Les feuilles de basilic jaunissent ou la croissance du persil est lente ? Notre jardin d’intérieur a sans doute besoin d’un coup de pouce. « Avec des lampes DEL de 100 W, on peut éclairer quatre ou cinq pots. Il faut laisser un espace de 20 à 40 cm entre la tête des plants et la lumière », explique Camile Lebée.
Maîtriser l’art de l’arrosage
La plupart des fines herbes n’ont besoin que de 100 à 125 ml d’eau, tous les deux ou trois jours. La menthe, le thym, la sauge et le romarin se contentent d’encore moins : 25 ml peuvent suffire.
La plupart des gens arrosent trop, selon l’horticultrice Claudia Manseau, fondatrice de la ferme Le Jardin à l’Orée des champs. « On devrait d’abord vérifier si la terre est légèrement humide au toucher », dit-elle. Si oui, on attend le lendemain.
Additionner l’eau de nutriments à base d’algues donnera de la vigueur aux plantations. Le principal ennemi des fines herbes cultivées à l’intérieur ? L’air trop sec. Le taux d’humidité devrait en effet être maintenu à 50 %. Pas facile en plein hiver, avec le chauffage… Vaporiser de l’eau (enrichie de nutriments) directement sur les feuilles aide les plants à tenir le coup. On les installe loin des plinthes électriques et on maintient la température de la pièce à 20ºC, pas plus.
Ces plantes comestibles doivent être traitées aux petits oignons. Sans quoi, « la plupart survivent au mieux quelques semaines », selon Maude Desrosiers-Côté, cofondatrice du Jardin à l’Orée des champs.
Cueillir… mais pas trop
On ne devrait jamais dégarnir un plant de plus du tiers de ses feuilles. Sinon, le pauvre aura du mal à s’en remettre.
Maude Desrosiers-Côté arrive, par exemple, à conserver du thym en pot, une plante aromatique réputée difficile, en « ne prélevant que quelques brins par semaine ».
Tôt au tard, les annuelles comme le basilic finissent par monter en graine… On met donc quelques boutures en route dès que nos plants sont assez vigoureux. Ou on fait d’autres semis. Le parfum des herbes fraîches embaumera ainsi la cuisine jusqu’au retour des beaux jours.