C’était comme regarder un documentaire à Canal D, mais à 6 000 kilomètres à vol d’oiseau de mon sofa, perchée dans la cabine de pilotage d’un bateau blanc naviguant au large de la ville de Los Órganos, dans le nord du Pérou. Sous mes yeux, des lions de mer avachis sur une plateforme pétrolière déglinguée, des albatros se disputant les plus belles prises, l’immense dos noir d’un rorqual à bosse surgissant des eaux, et puis, pour m’achever, une ligue de dauphins coursant avec notre yacht. J’aurais juré qu’ils riaient. De mon air ébaubi, peut-être ?
Il y a longtemps que je ne m’étais sentie aussi intensément vivante. Au point d’écraser des larmes derrière mes verres fumés tandis que, dans un anglais mêlé d’espagnol, le truculent capitaine Gonzalo me rassurait quant à la stabilité de son 40 pieds, le Daring. La côte nord est réputée pour ses vagues puissantes, auxquelles se mesurent les surfers. Celles de Chicama, qualifiées de plus longues au monde, sont même protégées par une loi depuis peu, histoire qu’aucune action humaine ne modifie leurs rouleaux spectaculaires. N’empêche que, en bateau, il faut s’accrocher. Je ne m’étais jamais représenté le Pérou comme une destination balnéaire. Manifestement, je ne suis pas la seule : les étrangers se font rares sur la costa de 2 600 kilomètres bordée par le Pacifique. En fait, quatre touristes sur cinq ne mettent les pieds au pays que pour gravir les marches du Machu Picchu, au seuil de la jungle amazonienne. Pourtant, les paysages n’y ont rien à envier à la beauté de l’ancienne cité inca, quoique dans un tout autre genre : ici, la luxuriance cède la place au désert, d’une aridité extrême. Il serait d’ailleurs inhabité, n’étaient les rivières déboulant des Andes – elles créent dans leur sillage des oasis autour desquelles se sont érigées les zones urbaines. Dont Lima, la capitale.
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Les frais de ce voyage ont été payés par PromPerú.