Des livres à offrir ou à garder pour soi
Une saison à la campagne
Avec ses mots à la fois doux et puissants, l’autrice, aussi cinéaste, nous convie à une fête des sens. Elle nous prend par la main pour qu’on puisse, en sa compagnie, se promener dans les bois, rencontrer les voisins du rang ou se mettre à quatre pattes dans l’herbe avec les enfants. Femme Forêt raconte au « je » l’aventure de deux familles qui se sont réfugiées à la campagne – dans la Maison bleue – le temps d’une saison pandémique. Ce bouquin fait éclater la forme du roman traditionnel : on est à la fois dans le récit et la poésie. « Les êtres naturels doivent être comme les êtres chers : si je veux les aimer tous, je dois d’abord les aimer un par un », écrit avec tendresse Anaïs Barbeau-Lavalette. Fait à souligner Femme Forêt se révèle être un bel objet : format rectangulaire, typographie soignée, papier agréable au toucher. La présentation – comme le contenu – obtient la note parfaite. [J.L.]
Femme forêt d'Anaïs Barbeau-Lavalette, Marchand de feuilles, 292 pages, 26,95 $
Une journée dans la vie d’un jeune marié
Dense, complexe, jouissif. Voilà ce qui définit le troisième roman d’Alain Farah. L’écrivain ose camper son récit au moment de son mariage – une journée riche en rebondissements – non sans faire des retours en arrière et des apartés qui nous propulsent vers l’avant. Parce que Mille secrets mille dangers est tout sauf linéaire. On entre dans un univers fécond, celui d’une famille libanaise d’Égypte enracinée au Québec depuis une trentaine d’années et ses satellites qui tournent autour d’elle. L’amitié, le sentiment d’appartenance, les petites et les grandes pertes de la vie apparaissent sous un éclairage éblouissant. Rien de moins. [J.L.]
Mille secrets mille dangers d'Alain Farah, Le Quartanier, 528 pages, 32,95 $
Place à ceux et celles qui nourrissent le Québec !
Depuis des décennies, la Fondation de la famille agricole rend hommage à une famille d’agriculteurs ou d’éleveurs afin de souligner la qualité de son travail et le rôle social et économique qu’elle joue dans sa région. En tout, une soixantaine de familles ont ainsi été honorées. La famille agricole se compose de récits touchants, signés Véronique Leduc, à propos de l’histoire de quelques-unes d’entre elles. En compagnie du photographe Fabrice Gaëtan, la journaliste et autrice a sillonné le Québec, allant à la rencontre de ces familles qui les ont accueillis à bras ouverts. À lire, pour en apprendre un peu plus sur les travailleuses et travailleurs passionnés qui se cachent derrière notre filet de porc ou notre verre de lait ! [D.C.]
La famille agricole de Véronique Leduc, Les Éditions de l’Homme, 322 pages 39,95 $
Les voies de la guérison
Elle mène une carrière florissante en chanson. Mais derrière son sourire radieux, Florence K cache un profond mal d’être. Nueva vida commence là où son précédent récit, Buena Vida, se terminait. L’autrice se relève d’une dépression avec ses hauts et ses bas avant d’embrasser une nouvelle vie – malgré un nouveau diagnostic de bipolarité de type II. Elle y parle de sa relation de couple, de ses enfants, de son travail, de son retour aux études en psychologie avec une transparence absolue. Et quelle résilience ! Ce bouquin permet de mieux saisir ce que vivent les personnes aux prises avec des troubles de santé mentale. Un sentiment de reconnaissance nous étreint après cette lecture passionnante. [J.L.]
Nueva Vida – Mener la danse avec un trouble de santé mentale de Florence K, Libre Expression, 264 pages, 27,95 $
Pause salvatrice
Un autre livre sur le yoga ? Pas tout à fait. Ce bouquin, c’est plus que cela. Lyne St-Roch, grande papesse du yoga, et Brigitte Vaillancourt, autrice et yogi, proposent un manuel des plus complets pour apaiser les esprits agités et les corps tendus. Évidemment, on y trouve des asanas – les photos sont impeccables – avec des consignes précises et des conseils judicieux et, pour les curieuses, les bienfaits que chacune de ces postures procure. Des méditations guidées de même que des exercices de respiration et d’écoute intérieure complètent le tout. On apprécie, à la fin, les suggestions de pratiques pour le matin, la posture ou le dos : on indique les pages du livre où les trouver. Un bel ouvrage. [J.L.]
La voie du coeur – yoga pour une santé globale de Lyne St-Roch et Brigitte Vaillancourt, Éditions La Presse, 200 pages, 39,95 $
Mon pays, ce n’est pas un pays
Le Québec en hiver n’est pas un livre de photographies banal. Mathieu Dupuis pose un regard affectueux sur notre pays neigeux. Chaque photo dévoile des paysages immenses, des beautés géométriques, des contours lumineux. Ça donne envie de prendre ses skis ou ses raquettes et de partir en exploration avec son appareil photo… Mais avant, bien emmitouflé, on parcourra ce livre en prenant tout son temps pour bien saisir tous les sens cachés, toute la virtuosité du photographe. [J.L.]
Le Québec en hiver de Mathieu Dupuis, Éditions de l’Homme, 200 pages, 39,95 $
Enquête glaçante au nord du nord
Les fans du duo d’enquêteurs Victor Lessard et Jacinthe Taillon seront comblés : l’auteur Martin Michaud les plonge dans une nouvelle aventure trépidante, digne des plus grands romans policiers. Les deux collègues sont appelés en renfort sur les lieux d’une prise d’otages, dans une mine désaffectée d’Abitibi. Le ravisseur n’en démord pas, il ne négociera qu’avec Lessard même si ce dernier doit monter de Montréal. Or, un dénouement inattendu de cette prise d’otages propulsera Lessard et Taillon dans une chasse à l’homme dont l’issue sera aussi violente que les blizzards du grand nord québécois. Un récit haletant. [D.C.]
Jusqu’au dernier cri de Martin Michaud, Libre Expression, 294 pages, 29,95 $
Glamour et cuillère de bois
À la fois livre de recettes et autobiographie, Je passe à table se savoure avec lenteur au rythme des textes – fort joliment écrits – et de la trentaine de recettes qui les accompagne. Lara Fabian s’y dévoile sans pudeur, abordant sa petite enfance, son début de carrière dans les pianos-bars, son arrivée au Québec (en plein hiver), ses voyages et ses tournées aux quatre coins du monde… Chacun de ces récits constitue une mise en bouche pour les bons petits plats qui suivent. On passe ainsi des mets asiatiques, aux plats russes, aux délices moyen-orientaux, qui ont tous en commun de nous ouvrir tout grand l’appétit, notamment grâce aux superbes photos qui les illustrent. [D.C.]
Je passe à table de Lara Fabian, Libre Expression, 208 pages, 34,95 $
Peur dans la ville
Un tueur fou s’attaque à des femmes et les laisse mortes dans des ruelles sordides de Montréal aux côtés d’un chat éviscéré. Mais qui est-il ? Pourquoi toujours ce même Modus operandi ? Les enquêteurs de police tournent en rond. Quant à la reporter Marie Pinelli, elle s’empare de l’affaire non sans se mettre en danger. L’ex-journaliste Michèle Ouimet prouve une fois de plus qu’elle sait raconter des histoires au style efficace. Les personnages comme les univers policier et médiatique de ce thriller y sont campés avec une redoutable crédibilité. [J.L.]
L’Homme aux chats de Michèle Ouimet, Boréal, 256 pages, 29,95 $
Au-delà des rues
Élie Mestenapeo est un paria dans sa communauté innue de Nutashkuan sur la Côte-Nord. Et pour cause : il a assassiné son père. À sa sortie de prison, il n’a pas d’autres choix que de prendre la route de Montréal. Seul dans la ville anonyme, il se retrouve vite sans domicile fixe. Au Square Cabot, au centre-ville, il nouera des amitiés avec des Inuits, des Atikamekws, des Cris, qui eux aussi vivent déracinés, loin de chez eux. Mais Élie est un homme bon et il réussira à se sortir de la rue en renouant avec son passé. Un livre fort qui nous permet d’en apprendre davantage sur les nations autochtones, dont l’auteur-journaliste Michel Jean se fait un ambassadeur. [J.L.]
Tiohta:ke de Michel Jean, Libre Expression, 224 pages, 24,95 $
Quelques nuances
Cet essai nous appelle à réfléchir sur les enjeux qui se cachent derrière la culture du bannissement qui fait trembler les uns et les autres sur les réseaux sociaux. Bien sûr, Facebook, Instagram et Twitter donnent à chacun une grande liberté d’expression… Mais ce n’est pas sans danger ! Parlez-en à Judith Lussier. Forte d’une recherche exhaustive, la chroniqueuse et animatrice y va de réflexions nuancées et de questionnements lucides. « La cancel culture nous pousse à nous questionner sur nos limites, notre capacité d’empathie, notre rapport à la justice, notre besoin de nous sentir en sécurité et en relation avec les autres membres de notre communauté, notre façon très personnelle de gérer le rejet… Ce ne sont pas de petites questions », écrit-elle avec justesse. [J.L.]
Annulé(e) – réflexions sur la cancel culture de Judith Lussier, Éditions Cardinal, 200 pages, 29,95 $
Petit délice
Ce court récit se savoure avec délectation même si le sujet est douloureux – l’anorexie. De sa plume légère et fine, Fanie Demeule arrive à camper un univers bienveillant auquel on s’attache. Un père accompagne son adolescente à ses rendez-vous chez la psy. Avant de rentrer à la maison, il s’arrête rue Saint-Viateur, à Montréal, pour faire le plein de bagels. « Douze bagels. Douze pains à deux cents vingt calories. Une heure de marche chacun », avance-t-elle. On sent la fragilité de la narratrice. Mais aussi sa force. Le tout est enjolivé par les fabuleuses illustrations d’Amélie Dubois. [J.L.]
Bagels de Fanie Demeule, Hamac, 72 pages, 17,95 $
La beauté… décortiquée
La beauté du geste social, la beauté comme source de ségrégation intra-raciale, la beauté – et les misères – de la femme trans, la laideur de la « belle musique », la beauté sous le joug oppressif des réseaux sociaux… 11 brefs essais sur la beauté ratisse large, et n’ennuie jamais. L’éclectisme des angles d’approche et des styles, allant de la haute voltige intellectuelle au témoignage poignant font le charme de ce petit ouvrage dirigé par l’autrice Marilyse Hamelin, jusqu’à tout récemment chroniqueuse pour Châtelaine. Une lecture nécessaire. [D.C.]
11 brefs essais sur la beauté sous la direction de Marilyse Hamelin, Éditions Somme toute, 108 pages, 12,99 $
Tout est lié
Nellie est la première à quitter la réserve. Julie viendra vite la rejoindre. À Saskatoon, elles retrouveront Everett et Taz. L’autrice Dawn Dumont – elle-même de la nation crie d’Okanese du Sud de la Saskatchewan – sait raconter les quêtes d’absolu et les espoirs déçus de ces jeunes Autochtones qui, déboussolés, cherchent leurs repères. Un roman fort attendrissant. Mention spéciale à l’habile traduction de Daniel Grenier. [J.L.]
Perles de verre de Dawn Dumont, traduit de l'anglais par Daniel Grenier, Éditions Hannenorak, 376 pages, 21,95 $
Ode à la résilience
Un jeune homme haineux entre dans une boutique d’Outremont et fauche trois vies. La vie de trois femmes dont celle de Juliette, la copine de son frère jumeau. Quand Marie Laberge s’attaque à un sujet aussi bouleversant qu’une tuerie de masse, elle y apporte toutes les nuances de compassion nécessaires. Parce que, on le sent dans sa prose, la vie est plus forte que tout. Contresens aborde l’impuissance, le courage et la résilience des victimes collatérales d’un événement aussi tragique. [J.L.]
Contrecoup de Marie Laberge, Québec Amérique, Québec Amérique, 504 pages, 29,95 $
La guerre, vue de l’intérieur
L’histoire que raconte Ginette Haché dans L’appel de la liberté est d’autant plus fascinante qu’elle s’inspire de faits vécus, tirés des lettres écrites par son propre père, Adéodat, alors qu’il était au front. L’autrice avait donc la matière première idéale pour nous propulser dans la vie de ce jeune militaire acadien qui caressait le rêve de piloter des avions et qui a plutôt abouti dans les tranchées humides et boueuses, en France. En compagnie de l’attachant Déo, on devient les témoins non seulement des horreurs des combats, mais aussi de la vie ordinaire des gens – et des jolies dames –, qu’il rencontre lors de ses permissions aux Pays-Bas. L’autrice s’attarde également aux effets dévastateurs de la guerre sur les communautés de la Péninsule acadienne, au Nouveau Brunswick. Ce roman est le résultat d’un travail d’enquête minutieux, qui nous place aux premières loges d’un conflit qui n’a sans doute pas fini de nous dévoiler ses secrets. [D.C.]
L’appel de la liberté de Ginette Haché, Québec Amérique, 174 pages, 19,95 $
Larguez les amarres…
Pour les amateurs de récits de voyage, Gary Lawrence se passe de présentation : c’est l’un des maîtres en la matière au Québec. Avec ce 2e opus de sa série Fragments d’ailleurs, le journaliste et photographe globetrotter nous emmène avec lui aux quatre coins de la planète. Avec sa prose précise et ciselée, souvent teintée d’humour et d’autodérision, il nous permet des incursions dans des régions où la plupart d’entre nous ne mettrons jamais les pieds. Bref, une lecture à savourer par petites bouchées, une aventure à la fois. Dépaysement garanti. [D.C.]
Fragments d’ailleurs II de Gary Lawrence, Éditions Somme toute, 336 pages, 29,95 $
Recevoir sans souci !
Voilà un fort beau livre de recettes signé Jean-François Plante. Tablée, Le plaisir de se retrouver contient plus de 80 recettes variées que le chef a divisées en 15 chapitres pour nous faciliter la tâche. Dernière minute, Cru, Autour de la braise, Au chalet… chacun des chapitres présente de quatre à six plats appétissants, le tout accompagné de superbes photos qui nous mettront l’eau à la bouche. L’auteur a aussi imaginé des menus complets, de l’entrée au dessert, composés des recettes du livre. Pratique ! [D.C.]
Tablée, Le plaisir de se retrouver de Jean-François Plante, Les Éditions de l’Homme, 226 pages, 36,95 $
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