Voyages et escapades

Voyage: Les pays de la Loire au fil de l’eau

On connaît la Loire pour ses châteaux qui servent souvent d’inspiration aux studios Disney. Mais il y a tellement plus! Surtout quand on découvre ce coin de l’ouest de la France à travers ses cours d’eau: rivières, fleuve, mer… C’est ce que nous avons fait avec grand bonheur.

Photo: iStock par Getty Images/Jopelka

Le bateau nous attend à la marina. À la vue de l’imposant engin flottant, je sens mes genoux plier. Je m’attendais à une péniche rudimentaire, pas à un yacht aussi spacieux! Deux cabines, deux toilettes avec douche, une cuisinette tout équipée… « Tu vas conduire ça? » que je demande à mon chum. En fait, ce n’est pas tant une question qu’une affirmation: tu vas jouer au capitaine, parce que je ne prends pas la barre de ce paquebot.

Stoïque, mon conjoint écoute les consignes de Rafaël, le copropriétaire d’Anjou Navigation, qui loue des embarcations aux touristes à la journée, au week-end ou à la semaine. « La marche avant, la marche arrière… C’est facile! » s’exclame-t-il. Et il a raison. Même pas besoin de savoir naviguer. Comme nous.

« Vous verrez, ce sont des vraies vacances pour décrocher de la vie trépidante. On prend son temps, on va à son rythme, on est vraiment libres », dit-il en larguant les amarres après une demi-heure d’explications.

Circuler en bateau nous permet de découvrir des coins presque secrets de la France, loin des hordes de touristes. Photo: Johanne Lauzon

Et vogue, vogue…

C’est parti pour trois jours de navigation sur la Mayenne. Excitées comme des puces, nos ados dansent sur le pont. Notre premier objectif: passer les écluses sans trop de dégâts. Dans un bruit mé tallique, les portes s’ouvrent à notre approche. Malgré l’étroitesse des lieux, il faut entrer là. « Tu es trop à gauche… Un peu plus à droite! » que je hurle. Ça frotte sur les côtés, mais les pare-battages protègent la coque. Le portail de derrière se referme et le sas se remplit d’eau, le bateau monte et repart dès l’ouverture du portail de devant. Ouf!

Prochain défi: s’amarrer avec succès au quai du village du Lion-d’Angers pour faire l’épicerie, manger et dormir. Heureusement qu’un plaisancier guide notre capitaine – au cours de cette escapade, nous découvrirons qu’un climat de camaraderie règne à chaque escale.

À lire aussi: Les 15 plus beaux châteaux du monde

Le lendemain, nous prenons le large. Façon de parler. Parce que la Mayenne est un cours d’eau tranquille qui a dû être soumis à des travaux d’approfondissement au 19siècle. Encore aujourd’hui, tous les trois ans, les autorités abaissent le niveau des eaux pour garder en état cette voie navigable. « C’est méconnu, mais la Mayenne est une rivière canalisée », explique Cécile Boisteau, éclusière et fille d’éclusière. À l’écluse de La Roche Chambellay, elle nous parle de son métier en voie de disparition. Elle-même perdra son emploi à la fin du mois. Un simple bouton va la remplacer.

Pourtant, les éclusiers jouent un rôle de premier plan auprès des voyageurs. Leur maison toujours impeccable, souvent fleurie, sert de bureau de tourisme. D’ailleurs, plus loin, une de ses collègues est justement en train de donner des indications à des Britanniques qui traversent la région sur deux roues. « On s’occupe autant des plaisanciers que des cyclistes ou des randonneurs », dit-elle dans un sourire.

Ce sont souvent des personnages! Parmi ces éclusiers, nous rencontrons un amateur du mythique groupe Harmonium – ravi d’apprendre que Serge Fiori avait sorti un nouvel album depuis – et un auteur de théâtre, Lionel de Messey. « L’une de mes pièces a déjà été jouée au Québec », nous dit-il. À mesure que s’automatisent les écluses, la poésie disparaît un peu…

Photo: iStock par Getty Images/Kodachrome25

Peut-être trop relax

Jusqu’à la ville de Laval, notre destination finale, nous croisons une dizaine de villages, tous plus charmants les uns que les autres. Sur les berges défilent pêcheurs et baigneurs.

Serait-ce à cause de ce désir de nous attarder dans chaque hameau? Voilà que nous prenons du retard sur l’horaire. Nous devions accoster à Château-Gontier ce soir. Mais nous arrivons trop tard aux écluses de Ménil: le drapeau bleu est installé, c’est-à-dire que nous devrons faire l’éclusage nous-mêmes. Ce qui ne nous tente pas. Nous dormirons plutôt sur place juste à côté d’un camping.

Les vivres manquent. Les rues de la petite localité sont désertes. Pas une épicerie ou un resto ouvert. La seule chose que nous trouverons, c’est une distributrice de baguettes (1,05 euro) semblable à une boîte à journaux! Ce soir, le souper sera frugal – pain, fromage, tomates, concombre – mais divin. Attablés sur le pont, nous profitons avec bonheur des dernières lueurs du jour, tout en jasant un peu avec les occupants du bateau
voisin, des Albertains qui enseignent à Shanghai.

Le lendemain, direction Château-Gontier, qui se trouve à quelques kilomètres. À peine arrivons-nous à son port que le capitaine Christian Laigle, casquette de circonstance vissée à la tête, nous accueille à bras ouverts. Il nous refile quelques bons tuyaux… Nous visitons la Chapelle du Genêteil, d’un style roman remarquable, transformée en centre d’art contemporain. Nous aimerions flâner dans les rues de la ville de 12 000 habitants, avec ses maisons à colombages dont certaines remontent au 15siècle. D’une splendeur! Mais il faut repartir…

À lire aussi: L’île de Ré, lumineuse et langoureuse

« Attendez! » nous lance le capitaine Laigle, trop heureux de rencontrer des Québécois sur cette Mayenne qu’il aime tant. Il nous donne du cidre artisanal. Cette bouteille, nous la partagerons plus tard avec deux autres navigateurs qui nous aideront à jeter l’ancre au port d’Entrammes dans un espace grand comme un mouchoir de poche.

Laval, en France Photo: Johanne Lauzon

Voir Laval et pleurer

Entrer dans une ville riveraine par son cours d’eau, c’est l’aborder sur la pointe des pieds. Avec humilité. Jamais je n’aurais imaginé qu’arriver à Laval me ferait verser une larme.

À mesure que l’embarcation avance, se déploient le promontoire de la ville, ses ponts de pierre, son château (dont une partie est médiévale et l’autre date de la Renaissance), ses maisons aux toits en ardoise. Pays grandiose.

L’émotion du moment sera chamboulée à l’arrivée aux écluses. Nos ados sautent sur le quai et se transforment en éclusières : elles se démèneront avec ardeur pour ouvrir et fermer les portails. Dans de grands fous rires.

Déjà, notre débarcadère. La frénésie des promeneurs et des vendeurs ambulants nous frappe dès que nous posons pied à terre. Complice dans la lenteur, notre petite famille se promène dans les rues piétonnes de Laval en appréciant chaque détour, comblée de ces heures passées sur l’eau, sans presse. Avec l’agréable impression d’avoir découvert un coin secret de la France. Peu touristique, mais tellement accueillant et généreux.

Lumineuses Nantes

Jusque-là, Nantes, pour moi, c’était une chanson de Barbara. Un air plutôt tristounet – « Il pleut sur Nantes / Donne-moi la main / Le ciel de Nantes / Rend mon cœur chagrin » – qui n’a rien à voir avec l’expérience vécue sur place.

D’abord, pas une seule goutte de pluie, mais un soleil radieux. Prospère, cette ville au bord d’un fleuve s’est bâtie sur le commerce, dont la triste traite des Noirs entre le 17e et le 19siècle – le musée d’histoire de Nantes, installé dans le château des ducs de Bretagne, en retrace les grands pans.

Aujourd’hui tournée vers les arts et l’innovation, Nantes est une ville où il fait bon vivre… ou s’attarder quelques jours. D’ailleurs, l’offre touristique est regroupée sous l’appellation « Le voyage à Nantes », dont l’une des initiatives est une ligne verte, peinte à même le sol, qui traverse la ville. Ce parcours de 12 kilomètres nous invite à admirer legs patrimoniaux et œuvres artistiques : le palais de justice créé par l’architecte Jean Nouvel, l’aire de jeux de l’artiste japonais Kinya Maruyama ou Le Lieu unique, ancienne fabrique des biscuits LU, qui fait maintenant office de centre culturel, de resto-bar et même de garderie…

Le Jardin des plantes, qui regroupe des collections rares, est splendide. Au moment de notre visite, l’illustrateur et auteur jeunesse Claude Ponti était l’invité d’honneur. Çà et là, son univers foisonnant et déjanté: le poussin qui fait la sieste, Georges le banc géant, les Totémimiques… Magique.

On ne peut quitter cette ville sans faire une balade du côté du parc des Chantiers. C’est là qu’on trouve les Machines de l’île – des œuvres hallucinantes qui font écho à Jules Verne et à Léonard de Vinci. On y trouve le Carrousel des mondes marins, sur trois étages, et la Galerie des machines, envahie par une nature débridée, où un immense arbre sert d’escalier. Le clou de cet univers onirique est sans conteste le Grand Éléphant mécanique en bois, dans lequel on peut prendre place. Nulle part ailleurs une attraction foraine ne présente autant d’inventivité et de folie artistique!

Vibrante et dynamique, Nantes recèle plusieurs attraits.

Vibrante et dynamique, Nantes recèle plusieurs attraits. Photo: iStock par Getty Images/Bankrut

Voyage en Loire: 3 stations balnéaires au bord de l’Atlantique

Quand la mer n’est pas loin, on y va, non? Surtout du côté des pays de la Loire où l’on peut à la fois paresser et se cultiver. Voici trois arrêts vraiment sympas.

La journaliste a été l’invitée d’Atout France et de l’Agence régionale – Pays de la Loire.

POUR TOUT SAVOIR EN PRIMEUR

Inscrivez-vous aux infolettres de Châtelaine
  • En vous inscrivant, vous acceptez nos conditions d'utilisation et politique de confidentialité. Vous pouvez vous désinscrire à tout moment.