On peut penser que la fraise, la canneberge ou le bleuet sont l’emblème alimentaire des Québécois. Je cause fruits pour ne pas glisser sur le sujet de la poutine, voyez?
Pour moi, mon aliment emblématique a toujours été le chocolat. Et désormais, c’est l’aliment « québécois » le plus exporté vers les États-Unis, devançant la viande. À la bonne heure! Chaque jour, je fais mon 11h de pépites de chocolat Callebaut à 54% de cacao. Avant, elles étaient à 53,5%. J’aimais cette précision. Soit ils ont décidé d’arrondir, soit tout le monde s’en fout. Sauf moi.
Et Siri, peut-être, la voix de mon téléphone qui répond à la question « Quel est le sens de la vie? »
– Toutes les recherches à ce jour pointent vers le chocolat.
On nous prédit la fin du cacao (c’est pire que la fin des haricots) dans 50 ans. Je mourrai avant, c’est la bonne nouvelle. Mon mari un tantinet usé et toujours optimiste, lui, a poussé un soupir de soulagement.
– Tant qu’il restera du tofu…
Et il est sérieux comme dans « je-cache-les-blocs-dans-le-frigo-si-je veux-faire-une-recette-avec ».
Mais je songe à toutes ces générations qui n’auront plus accès aux antidépresseurs naturels, à l’injection d’énergie naturelle, aux phényléthylamines (une des drogues de l’amour), à l’intensité si subtile des saveurs cacaotées. Ce n’est pas chocolaté, c’est cacaoté.
Je viens d’apprendre que le réchauffement climatique et les parasites qui causent une baisse de 7% de la production chaque année menacent mon aliment de base.
Je vais faire provision. Et de ce pas, aller me préparer une fournée de biscuits choco-craquants tirés du dernier livre de Di Stasio. C’est encore la saison. Je vous en garde, promis.