Société

Les Macé-Labonté

Ces altermondialistes étaient de toutes les manifs à 20 ans. S’ils ont rangé leurs banderoles pour s’occuper de leurs petits, leur désir de justice sociale reste au cœur de leur vie. Ça se reflète entre autres dans leur manière de consommer.

 

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Les présentations : Moi, Christian Macé, 33 ans, professionnel de recherche en sciences sociales à l’Université Laval. Ma blonde, Marie-Hélène Labonté, 33 ans, professionnelle de recherche en service social à l’Université Laval. Notre fille Gwenaëlle a 2 ans, notre fils Philémon est né à la fin mars. On est propriétaires d’un immeuble à logements à Québec.

Les finances : Ça oscille d’une année à l’autre en fonction de nos contrats de recherche, mais en 2012, on a gagné environ 45 000 $ net. Marie-Hélène est le soutien principal, car je suis encore aux études (doctorat en psychologie communautaire).

Notre mode de vie : En couple depuis l’âge de 20 ans, Marie-Hélène et moi avons développé ensemble nos valeurs. C’est un fondement de notre relation. Au début des années 2000, on a adhéré au concept « acheter, c’est voter », promu par la cofondatrice d’Équiterre, Laure Waridel. On croit que nos choix de consommation ont des répercussions sur autrui et sur l’environnement, et on en tient compte.

Par exemple, on soutient les producteurs locaux par notre adhésion à la Coopérative Les Grands Rangs, à Québec. Quand, à force d’être économes, on a eu un bon capital en banque, on a choisi d’acheter une maison plutôt que de placer cet argent à la Bourse (on ne voulait pas que les multinationales en profitent). Aussi, on appuie un organisme de crédit communautaire, le Fonds d’emprunt Québec, et on a ouvert un compte à la Caisse d’économie solidaire, où les ristournes sont versées dans la communauté plutôt qu’aux membres.

Marie-Hélène ne jette aucun objet tant qu’il n’est pas usé à la corde. On a trouvé certains de nos meubles dans les poubelles, on magasine nos vêtements dans les friperies même si c’était plus simple d’acheter du neuf (ta grandeur est là, c’est propre, tu n’as pas à chercher!), Marie-Hélène coud et tricote, notamment pour donner un second souffle à du vieux linge, on fait des échanges de biens et services entre amis…

Avant chaque achat, on se pose la question : en a-t-on vraiment besoin? Même si on se sert de l’objet convoité, ça ne veut pas dire qu’il répond à un besoin. Comment tracer la ligne? La démarche est exigeante, d’autant plus que Marie-Hélène et moi remettons constamment en question nos choix respectifs. J’aime les produits de qualité qui facilitent la vie, entre autres pour faire de la randonnée, alors que ma blonde se débrouille avec un rien. Par contre, c’est elle qui a insisté pour acheter une voiture et un frigo neuf. Bref, on s’obstine tout le temps!

 Nos motivations : J’ai grandi dans un quartier aisé de l’ouest de l’île de Montréal, mes parents étaient des professionnels, j’ai fréquenté l’école privée. Ma façon de vivre est donc en rupture avec le milieu dont je suis issu. Marie-Hélène, elle, vient de la classe moyenne.

Je suis depuis longtemps sensible aux abus de pouvoir. Jeune, j’étais un militant révolté. Du genre à porter un t-shirt avec un gars qui pisse sur le sigle de Tommy Hilfiger… Je m’indignais entre autres de l’omniprésence de la publicité. Du fait que des multinationales s’approprient l’espace public pour conditionner les gens à désirer toujours plus de matériel, alors que les ressources de la planète sont limitées. Tout ça pour remplir les poches de quelques privilégiés.

Avec les années, je me suis (un peu) conformé. En gagnant plus d’argent, nous avons acquis certains biens. Aussi, je me suis lassé de ramer à contre-courant, d’être en colère contre ceux qui ne partagent pas mes valeurs. Je dénonçais les préjugés à tout vent alors que j’en avais moi-même contre les riches!

Même si nos boulots respectifs, mes études et la naissance des enfants ont ralenti nos activités militantes, on est toujours guidés par notre souci de justice sociale au quotidien. Le mot clé : cohérence. Quand on achète, on ne souhaite pas forcément économiser de l’argent – le mode de production de nos objets et de nos aliments doit respecter l’écologie, la santé, la dignité humaine.

Consultez les portraits des quatre familles et les épisodes du dossier Vivre mieux avec moins.

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