L'édito

Édito: Jamais trop de mercis

Remercier ceux et celles qui nous entourent, leur dire combien ils sont importants… voilà ce qui importe le plus en ce temps de l’année

Photo: Stocksy/Davide Illini

C’est un mot passe-partout. Souvent lancé comme un automatisme. Parfois comme un cri de joie.

Combien de mercis avez-vous dits aujourd’hui ? Pas autant que souhaité? Et pourtant ce mot de cinq lettres est essentiel. Il allège le cœur, donne de l’ardeur à l’ouvrage, prêche la douceur dans nos vies-tourbillons marquées par la hâte, la brusquerie.

Il y a quelques années, Châtelaine avait donné la parole à l’écrivaine québécoise Kim Thúy – elle faisait la couverture de notre numéro de janvier 2012. Elle y racontait que chaque Nouvel An, après l’effervescence de Noël, elle s’installe à sa table pour dresser sa liste de gratitude. Elle remercie les gens croisés et les moments de grâce vécus au cours des derniers mois. C’est son rituel du 1er janvier. « J’ai tellement à écrire. Il y a d’abord l’évidence, qui maintient mon équilibre, qui fait en sorte que la dernière phrase de chaque année reste la même : “C’était une merveilleuse année!”, “Quelle année fabuleuse!”, “Pourquoi ai-je droit à tant de bonheur?” J’essaie de varier, mais cette conclusion s’impose, année après année… », confiait-elle.

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La reconnaissance ainsi exprimée est loin d’être banale. Elle appelle la sincérité et l’authenticité entre nous. Et c’est ce dont nous avons le plus besoin : nous connecter les uns aux autres, selon Emma Seppälä, directrice scientifique aux universités Yale et Stanford et autrice de La piste du bonheur (De Boeck Supérieur). « La période des fêtes est remplie de cadeaux et vide de ce que les gens veulent vraiment », écrit-elle sur son blogue.

Donc, moins de présents et plus de présence pour nos proches et les autres ? « À la lumière de plus d’une décennie de recherches sur le bonheur et le bien-être, précise la chercheuse, voici ma conclusion : les actes altruistes, en plus de rendre ce monde meilleur pour ceux que l’on épaule, apportent un plus grand épanouissement. Pas seulement pour soi, mais aussi pour ceux qui en tirent une inspiration. À leur tour, ils sont plus susceptibles d’aider les autres. »

C’est un cercle vertueux. D’ailleurs, notre journaliste Anne Fleischman l’explique bien dans son reportage sur l’altruisme, Comme un élan de générosité contagieux…, en page 64.

Avec son rituel plein de bonté, Kim Thúy participe à bâtir un monde meilleur – cette année, elle s’est retrouvée finaliste au Nobel alternatif de littérature (créé pour remplacer le Nobel de littérature 2018, reporté d’un an en raison d’un scandale sexuel à l’Académie suédoise). Un honneur bien mérité, son talent et son humanisme dépassant nos frontières.

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Son texte, paru dans nos pages, m’interpelle encore sept ans après sa publication. Chaque année, je me promets de m’en inspirer. J’écrirai à ceux et celles rencontrés sur ma route pour leur dire combien leurs gestes, leurs encourage-ments et leur présence m’ont fait du bien. Je me vois choisir les cartes, les enveloppes, le stylo que j’utiliserai – parce que ces remerciements ne se feront pas par courriel ou texto. Je veux que les mots pèsent lourd, qu’ils soient chargés de sens et non évanescents, comme tout ce qui circule ici et là sur les réseaux sociaux.

Le temps passe, et je ne l’ai toujours pas fait. Et pourtant. J’ai tant à dire. En attendant de prendre la plume, voici mes remerciements. Merci…

❄ à la grande équipe de Châtelaine (tous ces collaborateurs et collaboratrices de l’ombre !), toujours prête à faire plus, à faire mieux… et à me faire rire ;

❄ aux ambulanciers qui sont venus secourir un être cher, un matin d’hiver ;

❄ à toi, l’unique, qui devine tout, sans cesse au-devant et qui cuisine le meilleur risotto en ville – une recette de Châtelaine, évidemment ;

❄ aux copines qui m’envoient des textos pour me demander « Ça va? » ;

❄ à vous avec qui j’ai partagé un bout de vie, une bribe de conversation – des rencontres jamais ordinaires ;

❄ aux membres de ma famille qui sont toujours là malgré la distance ou l’absence ;

❄ à tous mes amis et amies qui me pardonnent d’avoir déserté Facebook ;

❄ à celle qui ne sait plus, qui sait tout ;

❄ à cette bonne samaritaine qui nous a prêté secours sur l’autoroute 40 ;

❄ à celle qui me conseille, qui a toujours un bon mot ;

❄ aux tempêtes qui me font apprécier les beaux jours ;

❄ aux séquoias géants qui étaient là bien avant nous – enfin nous nous sommes rencontrés ! ;

❄ à mes deux petites pousses qui grandissent si vite ;

❄ à vous qui tenez ce magazine entre vos mains – vous donnez un sens à mon quotidien et à celui des membres de cette formidable équipe.

Merci d’être là. Et joyeuses fêtes! 

Johanne Lauzon, rédactrice en chef

Écrivez-moi à  johanne.lauzon@chatelaine.rogers.com

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