L'édito

Édito : L’avenir des écoles n’appartient pas qu’au ministre

La réflexion sur l’école d’aujourd’hui et de demain n’appartient pas qu’au ministre de l’Éducation. Mais à nous toutes et tous.

johanne lauzon

 

École

Photo : Unsplash

J’ignore si Bernard Drainville était un premier de classe. Il reste qu’après seulement trois mois en poste le nouveau ministre de l’Éducation est arrivé avec un plan pour venir à la rescousse de l’école québécoise. C’est rapide. Mais a-t-il fait tous ses devoirs ?

Dès sa nomination, l’élu est allé à la rencontre des professionnels sur le terrain : ces discussions l’ont mené à déterminer sept priorités. Revaloriser le français, fournir des renforts aux enseignants dans les classes, rénover les écoles… De bien belles idées là-dedans. Même si, pour ma part, j’aurais ouvert ce vaste chantier par « Éveiller la curiosité de tous les enfants ».

Le ministre Drainville a dit, en entrevue, qu’il allait nous revenir sur les façons d’atteindre ces objectifs. « Quand j’aurai un tableau plus précis de la situation, je vais arriver avec des propositions de solutions », a-t-il précisé à Patrice Roy du Téléjournal.

Cela m’a fait tiquer. Les solutions, ce n’est pas seulement l’affaire du ministre.

L’école québécoise appartient à ceux et celles qui la fréquentent, qui y travaillent, qui la défendent avec cœur. Il faudrait peut-être commencer par les écouter, non ? Ça ne se fait pas en visitant des établissements scolaires en coup de vent. Jusqu’ici, le gouvernement caquiste ne leur a pas prêté l’oreille, surtout depuis l’abolition de la quasi-totalité des commissions scolaires, en juin 2020. Avec elles disparaissaient les commissaires, élus par les membres de leur collectivité.

Une belle gang de passionnés n’a pas attendu le coup de fil du ministre pour se mobiliser. Fort heureusement, d’ailleurs. Parce que seuls les mouvements citoyens apportent des changements tangibles à une société.

Ces citoyens se sont réunis à maintes reprises pour réfléchir à l’école d’aujourd’hui et de demain sous l’impulsion de l’enseignant Jean Trudelle et de la didacticienne Suzanne-G. Chartrand – fille des regrettés syndicalistes Michel Chartrand et Simonne Monet-Chartrand – du collectif Debout pour l’école ! En mars 2022, ils ont même lancé l’essai Une autre école est possible et nécessaire (Del Busso Éditeur), auquel 100 personnes de différents horizons ont contribué.

Ils ont rallié des jeunes, des vieux, des travailleurs, des retraités, des experts. Pas mal de monde pour se porter au secours de notre école. Mais il y a encore de la place pour se faire entendre. Car les quatre organisations dans lesquelles ils militent ont lancé des états généraux sur l’éducation (sans bureaucrates !), qui auront lieu de mars à juin 2023 dans 18 villes québécoises – de Rouyn à Gaspé en passant par Joliette et Lévis. En effet, Parlons éducation est l’occasion d’échanger des points de vue et de débattre des enjeux cruciaux dans le cadre de forums citoyens. Une initiative fort réjouissante en ces temps moroses.

J’espère que Bernard prendra des notes.

Johanne Lauzon, rédactrice en chef

 

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