Ma parole!

Je ne pourrai jamais prendre ma retraite

Il y a des gens qui économisent tant et si vite qu’ils prennent leur retraite avant d’avoir un seul cheveu gris. Et il y a ceux qui font partie de la génération carte de crédit. Le premier de trois billets sur l’argent, signé Geneviève Pettersen.

Quand je pense à des concepts financiers comme le REER et le CELI, mon cœur se met à battre plus vite. Même affaire quand L’actualité nous présente un dossier spécial retraite où un journaliste économique nous explique savamment que si on veut être capable de couler nos vieux jours à l’abri du besoin, on devrait commencer à économiser alors qu’on se vautre encore dans l’utérus douceret de notre mère. J’exagère à peine.

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Et lorsque, sur l’écran de ma tv achetée à crédit, je vois apparaître un magnifique couple de jeunes retraités sillonnant les eaux azur de la Méditerranée à la barre d’un voilier qu’ils ont réussi à se payer en suivant judicieusement les conseils de leur planificateur financier, je me demande s’il y a juste moi qui trouve ça angoissant de même.

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Photo: iStock

Mon angoisse a plafonné cette semaine, alors qu’un jeune couple est venu expliquer à Salut Bonjour! comment il avait réussi à atteindre l’indépendance financière avant ses 40 ans. Oui, vous avez bien lu. Même que la femme interviewée a pris sa retraite à 36 ans. On peut suivre leurs aventures sur leur blogue, d’ailleurs: jeuneretraite.ca.

J’ai regardé ça, la gueule à terre, en me demandant comment ces gens arrivaient à accomplir un tel exploit alors que je peinais à payer mon compte d’Hydro à temps. L’animateur leur a d’ailleurs posé la question. La réponse m’a achevée : en adoptant un mode de vie frugal (pas d’auto, pas de maison, etc.), en mettant plus de la moitié de leur salaire de côté et en n’ayant pas d’enfants. Certes, ces gens n’ont pas de dettes d’études, ont un emploi stable où ils peuvent compter sur une rémunération constante et ils n’utilisent pas leur carte de crédit.

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J’ai écouté ça, le cœur battant, en me disant que moi, je ne serais jamais capable d’arrêter de travailler pour la simple et bonne raison que je n’arrive pas à économiser. Pas que je ne veux pas, je n’y arrive pas. Importante nuance. Je ne sais pas comment faire pour accumuler de l’argent alors que je ne sais pas précisément quand et, surtout, combien je serais payée la prochaine fois. Et, je vais être franche avec vous, une fois que j’ai réglé l’hypothèque, ma voiture (une Kia, pas une Mercedes), l’épicerie, les comptes courants, le service de garde et la garderie, il me reste encore à rembourser mes dettes d’études, ma carte de crédit et les impôts. Laissez-moi vous dire qu’au bout du compte, il ne me reste même pas une cenne noire à mettre dans un compte épargne.

Je vous dis ça, et j’ai honte. Je me dis que je devrais trouver un moyen d’épargner pour mes vieux jours malgré tout. En même temps, quand je parle aux gens autour de moi, je me rends compte qu’on est une maudite gang dans cette situation. Je ne garroche pas mon argent par les fenêtres et je ne fais pas de folies (sauf la fois où je me suis acheté une sacoche à 600 piasses). Pourtant, je n’arrive pas à économiser. Alors je fais comme plusieurs et je me fais accroire que tout va être correct et que rendu là, j’en trouverai bien une, de solution. Mais je sais que cette pensée magique n’a de magique que le nom et qu’on va être plusieurs à pédaler en dentier dans quelques années. J’y pense, et mon cœur recommence à battre vite.

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