Ma parole!

La guerre du gazon

Cette année, l’herbe de Geneviève Pettersen sera plus verte que celle de son voisin. Oui, c’est une compétition!

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Ça y est, la neige a fondu au complet en face de mon cottage rosemontois. C’est bien plaisant, mais qui dit printemps dit grand ménage. Grand ménage de la maison, certes, mais grand ménage du terrain surtout. Dans ma rue, on est toujours les derniers à ramasser les feuilles mortes et les cochonneries qui se sont accumulées dans les plates-bandes. Pour ceux qui se poseraient la question, on est du genre à enlever les décorations de Noël au mois de février. C’est bien énervant parce qu’on dirait qu’on est tombé sur la seule rue où le monde guette les premiers rayons de soleil un râteau et un sac de semences à la main. C’est pas mêlant, hier mon voisin a fait fondre ce qui restait de neige dans sa cour arrière à grand coup de boyau d’arrosage. Ce n’est vraiment pas écologique, mais ç’a le mérite d’être efficace. Rassurez-vous, je ne ferais jamais ça. Il reste encore un mini banc de neige sur le long de ma maison et j’ai bien l’intention de le laisser mourir de sa belle mort.

Photo: Sara Remington/Stocksy

Photo: Sara Remington/Stocksy

Mon voisin a fait fondre la neige, donc, et il s’est empressé de faire le grand ménage de son jardin. Il n’est pas le seul. Tout le voisinage s’était passé le mot pour faire la même affaire hier après-midi. J’habite une rue où il y a beaucoup de retraités. Ils ont juste ça à faire vous me direz. Eh bien moi, chaque année, je me sens toujours comme une parfaite inapte. J’ai l’impression que monsieur C** me juge et que sa femme se dit que je suis une horrible jardinière. Et à voir leur tête lorsqu’ils passent devant ma maison en prenant leur petite marche, ce n’est pas juste une impression. La femme de monsieur C** doit se demander comment ça se fait que je n’ai pas encore lavé mes fenêtres à grande eau. Monsieur C**, lui, a demandé à mon mari pourquoi on ne repeignait pas notre garde en fer forgé tout rouillé. Il lui a même offert de lui prêter des outils. Nous sommes les parias de la rue. Et je suis bien tannée.

Cette année, je ne décevrai pas mes voisins. J’ai décidé d’appeler le père de mon mari pour qu’il prenne les choses en main. Depuis hier, il râtelle, il peint, il sème et il frotte. Cette année, je ferai partie de ces voisins qui jugent les autres parce que les feuilles mortes jonchent encore leur terrain au mois de mai. Oui, mon gazon sera tellement plus vert que chez le voisin. Dans tes dents monsieur C**.

 

 

 

 

Pour écrire à Geneviève Pettersen: genevieve.pettersen@rci.rogers.com

Pour réagir sur Twitter: @genpettersen

Geneviève Pettersen est l’auteure de La déesse des mouches à feu (Le Quartanier)

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