Il reste très précisément 7 jours d’école, 11 jours avant les grandes vacances. Ça fait deux ans que je n’inscris plus mes filles au camp de jour. Avant ça, elles en ont essayé plein : camp de danse, de plein air, d’art contemporain et de natation. Chaque fois, ç’a été la même affaire. Elles ont aimé ça au début puis, au bout d’une semaine ou deux, se sont mises à me demander pourquoi je ne les gardais pas à la maison avec moi puisque «je ne travaille pas». Pour mes filles, le travail à la maison n’en est pas un. Elles ont de la misère à comprendre que je ne passe pas mes journées à me prélasser dans mon divan en attendant leur retour. J’ai beau leur expliquer que mon travail c’est d’écrire, on dirait que ça ne leur rentre pas dans la tête.
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Ce n’est pas parce que mes filles m’ont eu à l’usure ou parce que je me sentais coupable que j’ai arrêté de les inscrire dans des camps de jour l’été. C’est parce que je les sentais fatiguées, épuisées et écoeurées. Arrivées au mois de juin, mes héritières n’en peuvent plus de la cohue, de l’horaire réglé au quart de tour et de la stimulation non stop. Elles ont affreusement besoin de vacances. Ne rien faire, perdre leur temps et s’ennuyer. Et c’est à cause de ça qu’on a pris une pause des vacances d’été surchargées.
Bien entendu, je suis privilégiée. J’ai la liberté de choisir où et quand je prends des vacances. Je ne suis pas obligée, comme beaucoup de gens, de puncher au bureau et je ne dispose pas que de deux semaines de vacances par année. Ironiquement, je vais tout de même bosser tout l’été. Mes chroniques doivent continuer à être livrées. Donc, pendant que mes filles seront en vacances, moi je ne le serai pas vraiment.
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C’est clair que ce serait beaucoup plus facile de les envoyer au camp de jour quelques semaines. Je pourrais travailler en paix sans me faire interrompre toutes les deux secondes parce que la plus petite veut un popsicle ou que la plus grande souhaite aller se baigner chez son amie. Mais j’ai fait le choix d’essayer de composer avec ça et de tenter de passer au travers de mes étés en compagnie de mes enfants.
Si je vous raconte tout ça, ce n’est pas pour culpabiliser les parents qui envoient leurs enfants au camp de jour par choix ou par obligation. Que non. Je vous parle de mon été à venir parce que j’ai la chienne. J’ai peur de passer deux mois avec mes filles. Pas une grosse peur là. Une petite peur de rien du tout dissimulée au travers du plaisir anticipé. J’ai peur de manquer de patience, de trouver le temps long, de ne pas savoir comment les divertir assez. Je vous l’ai dit assez souvent, je ne suis pas une GO. La perspective d’un été complet avec trois enfants m’angoisse donc légèrement. Vais-je manquer de patience ? Vais-je vouloir me défenestrer et m’enfuir à toutes jambes ? Probablement quelques fois. Mais une chose est certaine, mes filles vont relaxer et se refaire des forces pour la rentrée qui, on le sait, arrivera très vite. Moi, je relaxerai en septembre.
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Geneviève Pettersen est l’auteure de La déesse des mouches à feu (Le Quartanier)