Je vous avais dit que je poursuivrais ma réflexion sur la représentation des couples au cinéma. Nous y voilà. Il est clair, comme le soulignait Aurélie Lanctôt sur ma page Facebook la semaine dernière, qu’il «faut faire la distinction entre la manière dont les grands écarts d’âge sont mis en scène au cinéma et la façon dont les liaisons «multi-âge» se vivent dans la réalité». Je ne saurais aussi bien dire. Dans la culture populaire, cette représentation du couple (où l’homme est beaucoup plus vieux que sa compagne) reproduit un stéréotype où la femme est clairement inférieure à son amoureux. Elle est plus jeune, moins expérimentée et l’homme fait figure de mentor. Dit plus crûment, l’homme a le gros bout du bâton.
Il faut faire attention, par contre, de ne pas trop projeter ce stéréotype dans la réalité. On a beaucoup dit qu’il était impossible qu’une sublime jeune femme de 17 ans s’intéresse à un homme dans la cinquantaine (c’est la trame du dernier film de Vincent Cassel, Un moment d’égarement). Après tout, «elle pourrait avoir qui elle veut», m’avez-vous dit et redit sur les médias sociaux. Je m’excuse, mais j’ai reçu beaucoup de courriels de jeunes femmes qui m’ont confié avoir toujours été attirées par les hommes plus vieux. Certains diront que cela relève du daddy issue le plus élémentaire. Permettez-moi de ne pas céder à cette interprétation facile et sans nuance du phénomène. Ça se peut qu’une relation entre deux partenaires affichant une grande différence d’âge soit parfaitement saine. Ça se peut aussi qu’une jeune femme soit amoureuse d’un homme plus vieux sans qu’elle en ait après son argent ou sa notoriété. Non, ce n’est pas le scénario qu’on voit le plus souvent au cinéma. Mais tout le monde le sait que dans la vie, ça ne se passe pas comme dans les films.
P.S Je ne peux passer sous silence un truc qui m’a vraiment dérangée en lisant tous les commentaires sous le billet que j’ai publié la semaine passée. Si je résume, je dirais que beaucoup de femmes sont persuadées que je suis naïve de croire que tous les hommes de 50 ans ne sauteraient pas (pardonnez le jeu de mot douteux) sur l’occasion de coucher avec une jeune femme de 17 ans. On m’a aussi dit que c’est parce que j’étais jeune que je donnais aux hommes le bénéfice du doute et que je changerais sans doute d’idée lorsque mon corps vieillirait et que mon mari se mettrait à regarder les petites jeunes. Peut-être. En tout cas, cet échange avec vous démontre clairement que l’idée selon laquelle les hommes pensent avec leur pénis a la couenne dure. Et je trouve ça triste. Très triste. Il me semble que ce préjugé devrait avoir fait son temps et qu’on devrait le reléguer aux oubliettes. Non?
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Geneviève Pettersen est l’auteure de La déesse des mouches à feu (Le Quartanier)