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Les parents et le doute: faut-il envoyer son enfant à la garderie avant 18 mois?

Qu’on choisisse d’envoyer son bébé en CPE ou en garderie ou pas, on se sent souvent coupable. Quelle que soit notre décision. Geneviève Pettersen en sait quelque chose.

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SÉRIE APPRIVOISER LE DOUTE- 3e BILLET

Quand on est parent, on doute constamment de nos méthodes. Dans ce troisième et dernier billet, notre chroniqueuse Geneviève Pettersen se penche sur un sujet qui la fait se chicaner avec d’autres parents sur Facebook : l’introduction de son enfant en garderie.

Bebes-Garderie

Photo: iStock

Même si je peux faire cent billets sur les doutes qui m’assaillent quotidiennement en tant que mère, on dirait que j’ai gardé LE sujet avec lequel je me bats sans arrêt dans ma tête pour la fin de cette série. Cette semaine, je vous confie donc mes sentiments plus qu’ambivalents par rapport à la garderie et, plus particulièrement, à l’idée d’envoyer mon bébé en CPE ou en milieu familial avant ses dix-huit mois.

Mon fils va avoir huit mois et, pendant que je tente par tous les moyens d’écrire ce texte, il se tortille sur le plancher pour attirer mon attention. Il chigne, crie, rechigne puis recrie pour que je le prenne et que je joue avec lui. Tout de suite là, je me dis que ma vie serait beaucoup plus simple s’il fréquentait une garderie quelques jours semaines. Puis je me ressaisis. Ma vie serait-elle vraiment plus simple? Bon, il est clair que j’aurais du temps pour travailler et que jongler avec mon horaire ne serait quasiment plus un casse-tête. Je pourrais aller à mes tournages en paix, prendre mon temps en revenant de la radio et écrire mon prochain roman aux plages horaires de mon choix au lieu d’attendre que mon héritier daigne s’endormir plus qu’une petite heure. Je sais par contre que je me sentirais affreusement coupable, que mon petit reviendrait de la garderie accompagné de trois cent douze microbes et que je devrais composer avec son adaptation à ce milieu. «Y’a rien là», vous pensez. Vous avez un peu raison. Qu’est-ce que ces petits désagréments comparativement à toute la liberté que je gagnerais ? Huit heures par jour, pour être bien précise.

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Je vous dis que j’en accomplirais des affaires en huit heures. Je viendrais à bout du lavage qui s’accumule dans la cave. Je plierais tout le linge au fur et à mesure. Je cuisinerais d’autres choses que des affaires dans une mijoteuse. J’irais prendre un café avec une amie. J’écrirais. Je lirais. J’écrirais encore. J’astiquerais mon plancher. Je m’inscrirais à un cours de yoga sans bébé. Je ferais plus de sport. Je promènerais le chien.

En même temps, je m’ennuierais à mourir. Je me demanderais ce que mon petit bébé fait dans le grand local où je l’ai laissé le matin. Je voudrais savoir si on le console à la minute où il a de la peine, s’il est laissé seul dans une couchette à l’heure du dodo, s’il mange bien, s’il est cajolé, s’il se demande où je suis, pourquoi je l’ai laissé là et si je reviendrai le soir venu. J’aurais peur de manquer ses premières fois aussi, et de passer à côté de beaucoup de choses. Oui, je serais libre, mais pas tout à fait. J’ai la certitude que je ne pourrais pas faire preuve du détachement nécessaire afin de retrouver la productivité que me promet une place en garderie.

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En même temps, je sais que mon fils s’en remettrait. Et moi aussi, sûrement. Des milliers d’enfants fréquentent un milieu de garde en bas âge et tout se déroule à merveille, même si le docteur Chicoine dit le contraire dans son livre Le bébé et l’eau du bain. Je suis pleinement consciente, aussi, que je suis très chanceuse de pouvoir faire le choix de garder mon petit avec moi. C’est un questionnement bien bourgeois que le mien. Ne le nions pas. Mais, même avec toute la volonté du monde, je n’arrive pas à faire taire le doute qui m’assaille lorsque je me mets à penser que oui, je pourrais confier mon fils à une éducatrice et travailler toute la journée, voire même prendre du temps pour moi. Faut croire que je devrai vivre comme ça encore quelques mois. Le cul entre deux chaises je veux dire. Et pas seulement rapport à la garderie.

Pour écrire à Geneviève Pettersen: genevieve.pettersen@rci.rogers.com
Pour réagir sur Twitter: @genpettersen
Geneviève Pettersen est l’auteure de La déesse des mouches à feu (Le Quartanier)

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