Quatre-vingt marraines à la rescousse des femmes en détresse.
Par Marie-Hélène Proulx | Photos par Amélie Frédérick
Les 80 maillons du Chaînon
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Karine Léveillé, diplômée en psychoéducation, ex-résidente du Chaînon
« Je n’aurais jamais cru me retrouver un jour dans la rue. Jamais. Il y a 10 ans, j’avais une blonde, un poste d’éducatrice à l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal, un appartement, une voiture. J’ai eu une enfance normale, j’ai été une ado tranquille. Même que ma mère trouvait que je ne sortais pas assez! Mais une peine d’amour conjuguée à différents incidents m’ont fait basculer dans la dépression, en 2007.
Je buvais tout le temps et je fumais du pot. Je faisais de si grandes colères que je me suis aliénée tout le monde : ma famille, mes amis, mes collègues. J’ai perdu mon travail, ce que je regrette encore amèrement. Bref, c’était la déchéance, la perte totale de contrôle.
J’ai épuisé toutes les ressources pour les personnes en détresse avant d’aboutir au Chaînon. C’est un endroit magique! Le personnel m’a donné beaucoup d’amour à un moment où je me sentais comme une loque humaine. C’est fou comme ça fait du bien, recevoir des sourires, une écoute patiente et du respect quand on est détruite. Peu à peu, l’espoir est revenu. J’ai trouvé un travail dans un écoquartier, je me suis raccrochée à la société. Ça a donné un break à ma mère, qui ne m’a jamais abandonnée… En mon nom et en son nom, je veux dire merci au Chaînon. Je suis sur une lancée, ma vie recommence. »