Entrevues

Wanda Bedard, une montréalaise qui mise tout sur l’éducation

Grâce à la fondation 60 millions de filles, des adolescentes de pays en développement peuvent enfin aller à l’école et apprendre un métier.

Elles s’appellent Miranda, Lucy ou Winnie et sont âgées de 10 à 18 ans. Elles ont perdu leurs parents, morts du sida. Les plus âgées travaillent 15 heures par jour pour tenter de subvenir aux besoins de leurs frères et sœurs.

Mais l’avenir de ces adolescentes de Lusaka, en Zambie, est moins sombre depuis qu’elles étudient à Umoyo, un centre de formation financé par l’organisme 60 millions de filles. Après une année d’études, elles auront appris un métier – cuisine ou couture – qui leur permettra de mieux soutenir leur famille.

En 2007, 60 millions de filles a ainsi assumé les droits de scolarité de 140 orphelines. La fondatrice de l’organisme croit fermement que l’éducation des filles est la clé du progrès dans les pays en développement. « Une année d’instruction diminue le taux de mortalité maternelle et infantile de 10 %, dit cette entrepreneure et mère de famille de Beaconsfield, en banlieue ouest de Montréal. C’est le meilleur investissement social qui soit ! »

Il y a 20 ans, jamais Wanda Bedard n’aurait imaginé qu’elle mettrait un jour sur pied des programmes communautaires en Afrique. En 1991, elle fondait plutôt une entreprise spécialisée… dans la fabrication de pièces de métal. Pourtant, déjà, à l’époque, elle s’intéresse de près au sort réservé aux femmes de certains pays. Un matin, elle apprend dans le journal qu’en Afghanistan un homme a vendu sa fillette de neuf ans pour 750 $ à un chef de guerre taliban. Une colère immense monte en elle. Sa fille aînée Vida lui demande : « Maman, qu’est-ce que tu vas faire ? »

C’est le déclic : Wanda entreprend des recherches sur Internet pour trouver une réponse à cette question. Ses démarches l’amènent à orchestrer des campagnes de financement pour l’Unicef en exigeant que l’argent soit investi dans l’éducation des filles. Mais les bureaux d’Unicef Canada déménagent à Toronto et l’organisme n’a plus les ressources nécessaires pour encadrer des bénévoles au Québec.

La frustration de Wanda Bedard se transforme encore une fois en moteur : en 2006, elle met au monde son propre organisme de collecte de fonds. Pourquoi ce nom ? Parce qu’il rappelle un triste constat : 60 millions de petites filles sur la planète ne vont pas à l’école.

Dès sa première année d’existence, la fondation atteint son ambitieux objectif : amasser 100 000 $. L’an dernier, les centaines de bénévoles de 60 millions de filles ont cette fois réussi à recueillir 200 000 $ pour des programmes basés au Kenya et en Afghanistan.

Le réseau ne cesse de s’agrandir. « Nous avons maintenant des bénévoles à Vancouver, Toronto et Québec », affirme Wanda. Tout ça à cause d’un coup de colère !

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