Société

Ni fille ni garçon – le documentaire

Le documentaire Ni fille ni garçon plonge dans l’intimité des familles de trois jeunes intersexués. À ne pas manquer, le 28 novembre à Télé-Québec.

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Sur la photo: Justin | Crédit: Avanti Ciné Vidéo

Naître ni tout à fait fille, ni tout à fait garçon, est-ce possible ? Oui.

J’avais écrit tout un reportage sur les enfants intersexués, appelés autrefois hermaphrodites, dans l’édition de Châtelaine de novembre 2014. Lauréat des Prix du magazine canadien, l’article avait fait pas mal jaser. Mais il y avait matière à aller plus loin. Et surtout, je voulais rejoindre un maximum de gens pour lever le tabou qui pèse sur l’intersexualité.

J’ai donc rouvert mes dossiers et fait appel à une réalisatrice de talent, Mireille Paris, pour faire un documentaire, Ni fille ni garçon.

Dans la tête de bien du monde, naître ni tout à fait fille, ni tout à fait garçon, ça relève du mythe. Et pourtant. Chaque année, environ un enfant sur 1500 naît avec une ambiguïté sexuelle – un pénis et un ovaire, un testicule manquant, un vagin à demi formé, des chromosomes XXY, XO… Mais aucun parent n’est préparé à cette éventualité. Et rares sont ceux qui osent en discuter ouvertement.

La difficulté était donc de trouver des familles qui accepteraient de témoigner à la caméra. C’est une chose de parler de l’intersexualité de son enfant dans les pages d’un magazine, c’en est une autre de dévoiler ce « secret » à l’écran.

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Sur la photo: la famille de Sophie | Crédit: Avanti Ciné Vidéo

Cinq parents ont répondu à l’appel dans le but de sortir de l’isolement et d’aider d’autres personnes qui vivent la même situation. Avec beaucoup d’ouverture et de générosité, ils nous font part de leurs craintes, de leur peine, mais aussi de leur joie et de leur amour envers leur enfant.

On les suit à la maison, mais aussi à l’hôpital où leur jeune est pris en charge. Les pratiques ont beaucoup évolué au fil des ans – et pour le mieux. Contrairement à une époque pas si lointaine, l’ambiguïté sexuelle n’est plus « corrigée » à la naissance dans le silence le plus complet. Aujourd’hui, les médecins attendent que l’identité de genre de l’enfant soit fixée (vers 4 ou 5 ans) avant de procéder à une opération d’assignation de sexe. Les parents sont consultés. Et idéalement, les enfants prennent part à la décision. Il arrive aussi qu’on les laisse grandir tels qu’ils sont si leur santé n’est pas en jeu.

Justin Hubert, 20 ans, n’a pas eu cette chance. Les médecins ont décidé à sa place et l’ont assigné fille quelques semaines après sa naissance. Mais Maude a toujours su au fond d’elle-même qu’elle était un garçon. Aujourd’hui Maude s’appelle Justin et s’apprête à subir une phalloplastie.

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Sur la photo: Janik Bastien Charlebois, UQÀM | Crédit: Félix Deschênes, Montréal Campus

La sociologue de l’UQÀM Janik Bastien Charlebois, elle-même intersexe, explique à quel point il est important de respecter l’intégrité des enfants et de créer un groupe de soutien pour les parents, aux prises avec toutes sortes de questionnements – comment expliquer à son enfant sa particularité ? Risque-t-il de s’identifier différemment de son « sexe d’élevage » ? Comment vivra-t-il son adolescence ?

Une chose est sûre, plus l’intersexualité sera connue et discutée sur la place publique, plus l’acceptation de la différence sera facilitée.

Ni fille ni garçon sera présenté à Télé-Québec le lundi 28 novembre à 21h (rediffusion le dimanche 4 décembre à 20 h)

 

Crédit vidéo: Avanti Ciné Vidéo

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