Société

Nos femmes de l’année sur la scène internationale

Elles ont subi des outrages et relevé la tête, mené des batailles, vécu de grandes aventures. Elles sont fortes, braves, déterminées. Voici 13 femmes d’un peu partout dans le monde qui méritent toute notre admiration.

Pour savoir qui sont nos femmes de l’année au Québec, consultez notre magazine du mois d’avril 2006. Voyez des images de la séance de photos rassemblant ces 10 femmes en cliquant ici.



 

Mukhtar, la brave (Pakistan)
En juin 2002, un conseil de village pakistanais a décidé qu’elle devait payer la « faute » de son petit frère de 12 ans, accusé d’avoir parlé (et donc flirté?!) avec une femme de caste supérieure. Résultat : Mukthar Mai, 28 ans, a été violée par un groupe d’hommes en furie. Après avoir songé au suicide, cette paysanne illettrée a décidé de monter aux barricades. Elle s’est rendue jusqu’en cour suprême dans son pays, où « une femme vaut moins qu’une chèvre », pour demander réparation. Les 13 hommes mêlés à l’affaire ont finalement été arrêtés en juin dernier. Devenue l’icône du combat des femmes au Pakistan, l’auteure de Déshonorée (Oh! Éditions) fait figure de leader mondial dans la lutte contre la violence et les inégalités dont sont victimes les femmes dans les pays en voie de développement.



 

Rania, la survivante (Arabie Saoudite)
L’histoire de Rania Al-Baz a elle aussi fait le tour de la planète. Le 4 avril 2004, cette jolie présentatrice-vedette de la télé saoudienne a été battue et défigurée par son mari possessif et jaloux. Laissée pour morte devant un hôpital, elle a passé quatre jours dans le coma et subi 13 opérations avant de retrouver (plus ou moins) son visage. Décidée à se battre, elle a dénoncé publiquement son époux-agresseur, comme en témoigne son livre Défigurée (Éd. Michel Lafon), bientôt traduit dans 20 langues. La jeune mère de 30 ans est devenue dans le monde le symbole de l’affranchissement des femmes musulmanes.


 

Ayaan, l’insoumise (Pays-Bas)
Musulmane d’origine somalienne, elle a été excisée, mariée de force. Aujourd’hui députée libérale aux Pays-Bas, elle critique ouvertement l’islam, au péril de sa vie. Depuis la diffusion à l’été 2004 de Submission, film-pamphlet de Theo van Gogh sur l’islam et les femmes dont elle est scénariste, elle vit sous protection policière en raison de menaces de mort répétées de la part des islamistes. Mais pas question de se laisser museler. Ayaan Hirsi Ali, auteure du livre Insoumise, prépare Submission II. La suite du film honni, qui a valu à Theo van Gogh d’être abattu en pleine rue au nom de l’islam radical, devrait voir le jour cette année.


 

Cindy, la pacifiste (États-Unis)
Cette mère d’un soldat américain tué en Irak incarne la lutte antiguerre aux États-Unis. Elle s’est fait connaître en campant 26 jours l’été dernier devant le ranch de Bush au Texas. Depuis, Cindy Sheehan, qui réclame le retrait des troupes américaines d’Irak, a été arrêtée plusieurs fois pour ses coups d’éclats. Tandis qu’elle continue sa croisade partout sur la planète, l’activiste gère une fondation pour encourager les solutions pacifiques aux conflits dans le monde. Elle chapeaute aussi un prix de la paix qui porte le nom de son fils, Casey.


 

Florence, la rescapée (France)
La journaliste française qui a passé cinq mois en captivité en Irak a montré à sa libération, en juin dernier, qu’elle avait des nerfs d’acier et un sens de l’humour à toute épreuve. Elle avait alors multiplié les entrevues sans jamais perdre le sourire et en se permettant même de pousser quelques blagues. Florence Aubenas figure parmi les cinq personnalités françaises désignées « Héros européens » pour 2005 par le Time Magazine. À son retour de Bagdad, l’ex-otage éprise de justice a terminé comme si de rien n’était le livre qu’elle avait entrepris avant son enlèvement. La méprise (Éd. du Seuil) revient sur « l’affaire d’Outreau », sale affaire qui a valu la prison à des innocents pour pédophilie, dans un climat de psychose collective.


 

Clea, l’humanitaire (États-Unis)
Clea Koff n’écrit pas de polars – du moins pas encore. Mais comme sa célèbre consœur Kathy Reichs, cette anthropologue américaine d’origine tanzanienne fait parler les os. Redonner aux victimes de guerre et de génocide leur identité : c’est ce qui l’a conduite à fouiller pour le compte de l’ONU, au cours des dernières années, les charniers de l’ex-Yougoslavie et du Rwanda. Dans La Mémoire des os (Éd. Héloïse d’Ormesson), la jeune trentenaire témoigne de son engagement humanitaire : « En travaillant sur ces restes humains, nous participons au processus de guérison des survivants. »


 

Somaly, « l’emmerdeuse » (Cambodge)

« Toutes les nuits, encore maintenant, je rêve de serpents », écrit Somaly Mam dans Le silence de l’innocence (Éd. Anne Carrière). « On nous attachait et on nous mettait des serpents sur le corps, dans le dos », poursuit cette Cambodgienne de 34 ans qui a été esclave sexuelle et qui lutte maintenant contre la prostitution enfantine en Asie. Surnommée « l’emmerdeuse » dans son pays, elle aurait sauvé, en 10 ans, 3 000 fillettes prises dans les filets de la mafia et des proxénètes… malgré les menaces de mort dont elle est l’objet.


 

Ellen,
la Dame de fer (Liberia)
Incroyable mais vrai : pour la première fois dans l’histoire, une femme tient les rênes du pouvoir dans un pays d’Afrique. Ellen Johnson Sirleaf avait promis qu’elle se battrait « bec et ongles contre la corruption » : peu après son élection, la nouvelle présidente du Liberia, petit pays de trois millions d’habitants fondé en 1847 par des ex-esclaves américains et ruiné par 14 années de guerre civile, a licencié tous les employés du stratégique ministère des Finances. Cette ancienne économiste de la Banque mondiale, âgée de 67 ans, n’hésite pas à mettre son poing sur la table et assume sans broncher son surnom de « Dame de fer du Liberia ».


 

Angie,
la Dame de fer, bis (Allemagne)
Autre première, cette fois en Allemagne : une femme élue au poste de chancelier. Les priorités d’Angela Merkel : l’emploi et la famille. Son ambition avouée : faire en sorte que son pays redevienne le moteur puissant de l’Europe. On la surnomme « Angie » et on dit que cette fille de pasteur élevée derrière le rideau de fer a une poigne… de fer. Comme la fameuse Maggie (Margaret Thatcher) qui fut la première femme à diriger la Grande-Bretagne . Après une campagne sexiste, Angie a gagné de justesse ses élections contre le vieux routier Gerhard Schröder. La chrétienne-démocrate de 51 ans dirige un gouvernement de coalition avec les sociaux-démocrates de son rival. À suivre…


 

Michelle, l’anticonformiste (Chili)

« Qui aurait pensé, il y a 20, 10 ou 5 ans, que le Chili élirait un jour une femme ? » a demandé Michelle Bachelet à la foule le soir de son élection à la présidence de son pays, en janvier dernier. « Pédiatre, divorcée, socialiste, agnostique, tous les péchés réunis », ajoutait à la blague cette fille de général assassiné sous Pinochet, elle-même victime de torture pendant la dictature. La présidente a fait de la lutte contre la pauvreté et de l’égalité des femmes ses principaux chevaux de bataille.


 

Ellen, la solitaire (Angleterre)
71 jours, 14 heures, 18 minutes et 33 secondes. C’est le temps qu’il a fallu à la navigatrice britannique Ellen MacArthur pour établir un nouveau record du monde à la voile en solitaire. Sa première grande aventure en voilier date de 10 ans. Et voici qu’à 28 ans la championne, anoblie par la reine, « entre dans la légende des plus grands marins de la planète ».


 

Eileen, la commandante (États-Unis)

Après l’expérience fatale de Columbia en 2003, la navette Discovery s’est posée avec succès, en août dernier, à Cap Canaveral, en Floride. La commandante de la mission, Eileen Collins, a été en 1999 la première femme pilote d’une navette spatiale. Le premier geste qu’a fait, après 14 jours passés dans l’espace, celle qu’on considère comme l’âme de Discovery : embrasser ses deux enfants, comme promis.



 


Rosa, la pionnière (États-Unis)
Le 1 er décembre 1955, elle a refusé de céder sa place à un Blanc, dans un bus de l’Alabama. La pionnière de la lutte pour les droits des Noirs américains est morte le 24 octobre dernier, à l’âge de 92 ans. Merci Rosa Parks !

 

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