Entrevues

Quand l’enfant divorce

Ce phénomène qui cause d’immenses ravages.

Photo: Image source/Getty Images

« Papa est un ci »,  « Maman est une ça ». À force d’entendre de telles paroles de dénigrement, l’enfant peut en venir à détester un de ses parents. Un documentaire de Karina Marceau se penche sur ce phénomène qui cause d’immenses ravages.

Châtelaine : Parmi les parents « aliénants », on remarque que les trois quarts sont des femmes…
Karina Marceau : L’explication est mathématique. Les femmes obtiennent la garde dans les trois quarts des cas. Mais l’aliénation parentale n’est pas que le fait d’un parent qui manipule son enfant. On peut vite verser dans une vision simpliste – le parent aliénant est mauvais, le parent aliéné est bon. Non. Il y a seulement des gens qui souffrent. Est-ce plus féminin comme sentiment? N’oublions pas que ce sont les mères qui allaitent, qui souvent arrêtent de travailler et font plus de sacrifices pour la famille. Plusieurs m’ont dit sous le sceau de la confidentialité avoir l’impression que les enfants leur appartiennent davantage, surtout si la séparation a lieu en bas âge. Elles ressentent une injustice.

Ce phénomène est de plus en plus répandu. Pourquoi?
L’aliénation parentale existe depuis les débuts de l’histoire de l’humanité! Mais on l’a nommée pour la première fois au tournant des années 1980. Avant cette date, il n’y a aucune statistique. Les di­vorces se multiplient depuis les années 1970. Si, au départ, la garde était davantage octroyée à la mère, de plus en plus de jugements tendent vers une garde partagée. C’est là l’élément déclencheur chez certaines femmes.

Existe-t-il des « prédispositions » à devenir aliénant?
Une relation très fusionnelle avec les enfants, une blessure profonde – surtout dans le cas classique où l’homme part avec une femme plus jeune alors que maman reste à la maison –, une immaturité émotive, une distorsion cognitive – le parent en colère se met à repérer tous les indices laissant croire que l’autre est inadéquat.

La violence psychologique – dont l’aliénation parentale – constitue un motif d’intervention de la Direction de la protection de la jeunesse…
Depuis 2007, on peut la faire valoir en cour. Mais encore faut-il la comprendre. Même le milieu juridique s’y perd! Et puis, faut-il forcer un enfant à voir son parent s’il le hait? Les chercheurs y réfléchissent encore. Quant au parent aliéné, il doit trouver de l’aide pour ne pas sombrer. Imaginez : les êtres que vous aimez le plus au monde vous traitent de tous les noms. Reste la voie juridique, que tous n’ont pas les moyens de se payer. Je rêve que mon film devienne un outil de sensibilisation et soit donné à tous les parents qui se retrouvent en cour pour une garde d’enfant.

Dictature affective, le 3 décembre à 21 h à Télé-Québec.

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