Entrevues

Quitter la Syrie: portrait de Nadine Alakrad

Nadine Alakrad, 25 ans, mariée, maman de Shadi, 5 ans, Hassan, 4 ans, et Mohammed Ward, 2 ans. Arrivée à Saint-Jérôme le 5 février 2016.

 

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Photo: Maude Chauvin

À peine sept kilomètres séparent Deraa de la Jordanie. Mais la route était si périlleuse, en cette année 2012, que son époux Ahmad, au volant de l’auto, a dû faire un détour de plus de 40 km à travers champs pour franchir la frontière.

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Le moment décisif

Les bombes pilonnaient la ville depuis une semaine. Le cauchemar de la guerre, lui, hantait ses habitants depuis un an. « Plusieurs de nos proches ont péri dans les combats, raconte Nadine. Il n’y avait plus d’eau ni d’électricité. Le peu de nourriture qu’il restait se gaspillait. On n’avait plus le choix de partir. » L’exil en Jordanie a duré trois ans et demi. Ahmad avait des petits boulots à droite et à gauche et Nadine s’occupait des enfants. Leur troisième fils y a vu le jour.

Le grand départ

Les Alakrad avaient manifesté leur désir de s’établir au Canada. Leur famille a été sélectionnée par l’État canadien. À leur arrivée à l’aéroport de Montréal, ils ont été conduits à un centre de bienvenue, aménagé dans un entrepôt fédéral tout près des pistes. On leur a fourni des bouteilles d’eau, des vêtements chauds et des couvertures. Puis ils ont été dirigés vers Saint-Jérôme, où les attendait l’équipe du Centre d’orientation et de formation pour favoriser les relations ethniques traditionnelles (COFFRET), qui veille à l’installation des immigrants dans les Laurentides.

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Photo: Maude Chauvin

L’intégration

La communauté jérômienne a été prompte à se mobiliser. Le COFFRET a noué des liens avec plusieurs organismes pour équiper les nouveaux arrivants. « Les gens nous aident sans rien demander en retour », dit Nadine avec gratitude. Elle s’exprime en arabe, mais parvient à saisir quelques mots de français. Comme pour la plupart des Syriennes, son niveau de scolarité est plus élevé que celui de son époux. Elle commencera bientôt la francisation. « Si je passe les cours et que je réussis à obtenir les équivalences pour mon baccalauréat, je poursuivrai mes études ou encore je chercherai du travail. Pour l’instant, tout est flou. »

Une cousine habite un étage plus bas – « un pur hasard », dit Nadine, ignorant que les autorités favorisent le regroupement des membres d’une même famille. Ensemble, elles vont au parc avec les enfants, écument les centres commerciaux, se promènent en ville. Ses parents lui manquent, de même que sa maison et son pays. « Heureusement, on est bien entourés. Avec le temps, les difficultés vont s’estomper… »

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La ville de Saint-Jérôme a accueilli 40 réfugiés syriens, soit 10 en parrainage privé et 30 pris en charge par l’État.

 

 

 

 

 

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