Entrevues

Quitter la Syrie: portrait de Tamar Sarkis

Tamar Sarkis, 33 ans, mariée, maman d’Ayda, 9 ans, et Alek, 3 ans. Arrivée à Montréal le 24 juin 2015.

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Photo: Maude Chauvin

Avant la guerre, Tamar était réceptionniste dans un hôtel d’Alep. Quand les conflits ont embrasé la ville, elle a cessé de sortir. « Je restais enfermée avec les enfants de peur de recevoir des bombes sur la tête. Les gens partaient le matin sans savoir s’ils pourraient rentrer sains et saufs », relate la Syrienne d’origine arménienne, dans un très bon français. À deux reprises, des assaillants ont surgi dans son immeuble. Des coups de feu ont retenti. À contrecœur, sa famille a quitté son bel appartement perché au dernier étage pour loger chez les grands-parents, dans un quartier plus sécuritaire.

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Le moment décisif

La guerre faisait rage depuis trois ans quand Tamar et les siens ont tout laissé pour s’établir à Beyrouth, au Liban. En chemin, ils risquaient de tomber sur des ravisseurs. Après 23 heures de route – alors qu’il en faut normalement 7 –, ils sont parvenus à destination. Là, ils ont entrepris les démarches pour immigrer au Canada. Une cousine de Montréal a accepté de les parrainer, de concert avec l’organisme sans but lucratif Hay Doun, qui vient en aide aux personnes de la communauté arménienne. Grâce à son programme de parrainage collectif [temporairement suspendu], près de 400 réfugiés arméniens fuyant la guerre civile en Syrie ont été accueillis ici depuis deux ans. Selon cette formule, le « groupe parraineur » s’engage à leur apporter pendant un an son soutien – frais de logement, déplacements, nourriture, services de santé, recherche d’emploi…

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Photo: Maude Chauvin

Le grand départ

« Ma fille avait tellement hâte de partir qu’elle faisait des dessins de nous dans l’avion, avec le drapeau du Canada ! » s’exclame Tamar. Après plus d’un an de procédures, la famille a concrétisé le rêve de la petite Ayda. Son arrivée a coïncidé avec la fête nationale. « On a célébré dehors chez nos cousins, se remémore-t-elle. Il y a beaucoup de parcs et d’espace entre les maisons ici, je trouve. C’est joli ! »

L’intégration

Tamar et son mari n’ont pas perdu une minute pour apprendre le français. Ils ont entamé les cours à temps partiel au Centre d’appui aux communautés immigrantes (CACI). Elle les a poursuivis au Collège de Bois-de-Boulogne, puis au programme UQÀM-MIDI – francisation et intégration des immigrants. L’après-midi, elle travaille comme secrétaire dans un bureau d’avocat. Son patron, un Arménien, s’adresse à elle en français pour l’encourager. « Je l’en remercie », souffle-t-elle.

Sa fille Ayda le parle couramment. Son fils Alek s’exprime surtout en arménien. « Je suis vraiment heureuse ici, dit-elle tout sourire. Les enfants aussi. » Une bonne partie de sa famille habite dans le même immeuble qu’eux, pour son plus grand bonheur. «  Tout est possible quand on se montre positive ! » conclut-elle.

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La Ville de Montréal a accueilli 3 660 réfugiés syriens, soit 3 586 en parrainage privé et 74 pris en charge par l’État.

 

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